Au moins 15 wilayas sont touchées,Les émeutes «électriques»

Au moins 15 wilayas sont touchées,Les émeutes «électriques»

Exaspérés par les coupures répétitives du courant électrique, les citoyens ont investi les rues

Exaspérés par les coupures récurrentes de courant électrique, les citoyens sont sortis dans les rues dans au moins 15 wilayas du pays.

La suffocation n’est plus supportable. Ce n’est ni l’huile, ni le sucre. Ce n’est pas non plus la démocratie ou la liberté d’expression qui font parler d’elles. A présent, en ces jours de grande chaleur, c’est l’électricité qui enflamme les esprits et fait sortir les citoyens dans les rues.

Exaspérés par les coupures répétitives du courant électrique, les citoyens ont investi les rues dans au moins 15 wilayas du pays où des émeutes et des mouvements de protestation sont signalés. Il s’agit de Biskra, Batna, M’Sila, Sétif, El Tarf, Bouira, Béjaïa, Blida, Bordj Bou Arréridj, Adrar, Oum El Bouaghi, Mila, Guelma, Jijel et El Oued.

Les plus violents ont été enregistrés dans la wilaya de Biskra où les citoyens se sont affrontés aux forces de l’ordre jusqu’à une heure tardive de la nuit de samedi à dimanche.

Ces émeutes se sont soldées par l’arrestation de 15 manifestants et ont fait plusieurs blessés parmi les policiers et les émeutiers.

Dans les autres wilayas, les protestataires ont procédé à la fermeture des routes, des APC et des sièges des sociétés de distribution de Sonelgaz. La fréquence et l’ampleur des coupures étaient telles que les citoyens se sont révoltés dénonçant ce fait accompli.

Et au rythme où vont les choses, c’est toute l’Algérie qui risque d’être embrasée, à plus forte raison que toutes les wilayas connaissent des perturbations dans l’alimentation en électricité. Dans les wilayas où les citoyens n’ont pas encore exprimé leur colère, le mécontentement est général. «Entre deux coupures, il y a une autre coupure», commente un citoyen dans un village en Kabylie pour montrer l’ampleur de ce phénomène qui revient chaque été.

Comme si les causes de la colère ne manquaient pas, les coupures répétitives du courant électrique viennent s’ajouter au calvaire quotidien des Algériens dû, selon les régions, au manque d’eau potable, à la dégradation de l’état des routes et du manque de transport public, l’absence du gaz de ville, des infrastructures de base…etc.

Les responsables qui se vantent, chaque fois, d’un taux de couverture de plus de 95% des foyers en électricité doivent se rendre à cette évidence: la réussite ne se mesure pas uniquement en termes de quantité mais aussi en termes de qualité. Or, la qualité des prestations laisse à désirer. Et ce n’est certainement pas la Sonelgaz qui apportera la preuve du contraire.

Mais dans la République des chiffres, cela n’inquiète pas outre mesure quand l’intérêt particulier passe avant l’intérêt général et national.

Si le Cinquantenaire de l’Indépendance a été marqué par un événement quelconque, c’est bien par les coupures d’électricité sous les couleurs desquelles l’Algérie a entamé ses 50 ans d’indépendance.

Fait aggravant, ces perturbations se produisent alors que le Parlement est en congé prolongé et que le gouvernement peine à se former et fonctionne depuis plus de deux mois avec sept ministres intérimaires.

Les élus locaux et autres responsables sont, pour une partie, occupés par les préparatifs de leur candidature aux prochaines élections locales.

Ce qui met la Sonelgaz dans une situation peu enviable. Alors, quid de ces coupures répétitives? Déficit de production ou acte délibéré pour enflammer la rue et mettre le pays sur une poudrière?

Certains pensent déjà que ces coupures sont planifiées et programmées pour embraser le pays et reproduire le scénario des émeutes généralisées de l’huile et de sucre du mois de janvier 2011. D’autres estiment, par contre, que le problème réside dans le déficit en production et la surconsommation pendant cette saison qui pousse la Sonelgaz à procéder aux délestages. Dans l’un, comme dans l’autre cas, la société de distribution de l’électricité aurait été bien avisée de communiquer en éclairant les citoyens sur le pourquoi de cette situation, que la canicule seule peut ne pas expliquer.

A quand donc le règlement définitif de ce problème?