Les «cambistes» expliquent cette hausse par l’approche des vacances où la demande sera forte, mais surtout par le fait que l’ouverture des bureaux de change est un pétard mouillé…
L’euro poursuit sa flambée sur le marché parallèle de la devise. Après une relative baisse ces dernières semaines, depuis quelques jours il remonte en flèche. Il vient même de redépasser la barre fatidique des 180 dinars pour un euro, à la bourse du square Port Saïd et ses annexes. Cela alors qu’il avait connu une chute phénoménale il y a à peine un mois redescendant même jusqu’à 165 dinars pour un euro. Chose que l’on n’avait pas vu depuis des années. Il avait ainsi retrouvé un seuil plus ou moins tolérable pour les petits acheteurs qui se sont précipités pour «profiter» de la bonne affaire.
Cette forte demande l’avait fait remonter jusqu’à 170 DA. Mais selon les «traders» du Square ce n’est pas cela qui a provoqué cette nouvelle flambée. «Il faut d’abord comprendre pourquoi il avait baissé, pour comprendre cette remontée», nous explique l’un d’eux comme un vrai spécialiste des marchés boursiers… «L’annonce de l’ouverture des bureaux de change par la Banque d’Algérie nous a contraints à revoir nos plans. On pensait qu’il allait vraiment vendre de la devise au prix de la Banque surtout qu’au même moment le ministre des Finances a annoncé une augmentation de l’allocation voyage. On devait de ce fait vendre le maximum pour ne pas perdre de l’argent», explique t-il. «Mais au finale quand ils ont ouvert, on a vu que ces bureaux de change n’étaient pas de la poudre aux yeux. Ils ne font qu’acheter de la devise à un prix beaucoup plus bas que le nôtre», ajoute-t-il. «Au final, au lieu de nous combattre, ils n’ont fait que nous renforcer…», avoue-t-il tout sourire pour montrer l’impuissance des autorités face à leur diktat. Celui que nous appellerons Farid, ne travaille pas au square, mais à son propre bureau de change clandestin dans un quartier de la capitale. Il le couvre avec une autre activité.
Lui aussi partage le même avis sur le pétard mouillé des bureaux de change. Mais il soutient que ce n’est pas la seule raison. «En cette période qui précède les grandes vacances, on connaît tout le temps des remontées des prix du fait que la demande augmente», témoigne t-il. «Certains s’offrent des vacances au mois de mai alors que d’autres achètent leurs devises à l’avance dans l’espoir de les payer moins chères que pendant la période du rush estival. Ce qui je précise n’est pas toujours le cas, du fait de la rentrée importante de devises avec la venue de nos émigrés», poursuit-il avant de donner selon lui la raison principale de cette importante augmentation. «Nos fournisseurs avait du mal à trouver de la devise avec les nouvelles règles de pré-domiciliation bancaire décidées par la Banque d’Algérie qui ont réduit conséquemment les montants des devises transférées illégalement à l’étranger», souligne Farid. «Il faut ajouter à cela les contrôles stricts dans nos frontières et au niveau des frontières européennes qui empêchent la devise de revenir au pays. Le marché s’est retrouvé par là perturbé. L’offre a baissé, ce qui a enchaîné une chute des prix», atteste-t-il. «Là, tout est rentré dans l’ordre.
Ils ont trouvé d’autres moyens de s’approvisionner», fait-il savoir en refusant de divulguer ces fameux moyens. «Moi-même je ne le sais pas. J’en achète chez mon fournisseurs mais sans savoir d’où cela vient. J’ai juste la garantie que ce sont de vrais billets», rapporte-t-il en précisant que même s’il en connaissait la provenance, il n’allait pas nous le dire!
Nos agents de change confirment donc l’impuissance de l’Etat face à leur marché clandestin mais bien organisé. Ils continuent de défier la Banque d’Algérie et le ministère des Finances dont les mesures pour «combattre» le square et ses annexes ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan! Le square reste la vraie bourse d’Alger…