Pour la énième fois, les familles habitant l’école des sourds-muets de Mohammadia occupent la rue. Elles ne semblent pas prêtes à quitter leur domicile malgré l’ultimatum des autorités locales.
Hier, elles sont de nouveau descendues dans la rue (l’autoroute longeant le projet de la Grande Mosquée d’Alger) pour faire entendre leur voix. Ils étaient une vingtaine de personnes représentant les familles concernées, brandissant une banderole, à investir la route. Cette situation a provoqué un ralentissement immense de la circulation routière. Cette nouvelle montée au créneau des familles résidant au niveau de l’école des sourds-muets de Mohammadia intervient au lendemain du coup d’envoi des travaux pour la réalisation de la Grande Mosquée d’Alger. «Tout ce que nous savons, c’est que nous sommes sommés de quitter nos domiciles demain matin (aujourd’hui, ndlr). Nous n’avons rien reçu d’officiel de la part des responsables locaux, de la daïra chargée de ce dossier d’expropriation. Ni convocation ni information sur ce qui nous attend une fois partis», nous dira l’un d’eux. «Il faut savoir que toutes les familles souffrent de la même situation et des mêmes problèmes », a-t-il ajouté. Les familles exigent désormais plus d’éclaircissements de la part des services de la daïra. «On ne connaît pas réellement la liste des bénéficiaires. Il n’y a pas eu de transparence dans la gestion de ce dossier. On ne dispose même pas d’un délai de recours et aussi, il n’existe aucun barème s’agissant des indemnités, rien n’a été fixé dans ce sens à ce jour», a-t-il martelé. Alors qu’il est question que les familles expropriées soient toutes relogées dans des appartements F3 et F4, un des représentants des familles nous fera savoir que la daïra mettra à leur disposition 30 chalets, chose qu’ils trouvent inacceptable, pour des familles qui ont vécu pendant des années dans des appartements. «On a appris que la daïra vient de mettre à la disposition des familles des chalets et je ne crois pas que nous allons accepter», dira-t-il avant d’assurer qu’ils ne sont pas près de quitter leur domicile et sont tous prêts à résister. «Dans cette situation de flou, on ne quittera pas nos maisons, sauf si cela se fait dans la transparence et dans de bonnes conditions. On résistera et cela risque de dégénérer. S’ils persistent à nous déloger sans garanties, il y aura des dérapages», a-t-il conclu. Et d’ajouter : «C’est notre droit de disposer d’un toit convenable. Nous ne demandons que nos droits et on refuse qu’on soit expulsés de nos demeures sans contrepartie raisonnable.» Les familles concernées qui ont décidé d’user de toutes les voies légales pour faire entendre leurs voix comptent écrire au premier magistrat du pays «pour mettre fin à une situation qui porte atteinte à la dignité du citoyen algérien».
A. B.