Au lendemain de l’élimination de l’EN au premier tour de la Can-2013,La face cachée de la déroute

Au lendemain de l’élimination de l’EN au premier tour de la Can-2013,La face cachée de la déroute

L’Algérie ne franchira pas le premier tour de la CAN-2013. Comme en 1986 (en Egypte), en 1992 (Sénégal), en 1998 (Burkina Faso), et en 2002 (Mali), les Verts se contenteront de suivre la suite de la compétition derrière le petit écran ou sur le net.

Pour une sélection qui donnait de l’espoir à ses fidèles fans et de l’ambition à ceux qui la gèrent et la chérissent, une telle déconfiture fait mal. Tellement mal que les mots fusent pour signifier un désenchantement, une démobilisation. S’il est vrai que cette équipe, prise en main depuis voilà dix-huit mois par le Bosnien Vahid Halilhodzic, n’avait rien d’un foudre de guerre, en dépit de sa qualification plutôt facile à ce tournoi d’Afsud- 2013 mais aussi à un classement Fifa des plus éloquents depuis son lancement en 1993. Cette nouvelle déroute des Algériens dans une compétition majeure est pour le moins attendue. De nombreux effets négatifs présageaient l’élimination des camarades de Feghouli, durant ce premier tour de la CAN-2013.

Une épreuve que le sélectionneur algérien a préparée dans la souffrance, lui qui n’a pu bénéficier de cadres capables, et à eux seuls, de sonner la révolte au sein d’une composante rajeunie depuis le départ à la retraite des Yahia, Ziani, Matmour et les blessures qu’ont connues les Bougherra, Yebda et autre Ghezzal. Oui, les Verts s’étaient fixé des objectifs pour cette Coupe d’Afrique. C’était quand même osé de demander à des joueurs, tels Feghouli, Slimani, Soudani, Guedioura, d’aller chercher le sacre suprême devant des géants du continent. Malgré leur talent et leur envie de se surpasser, leurs qualités intrinsèques étaient trahies par leur «petite» expérience. Sur les 23 joueurs emmenés par Coach Vahid à Rustenburg, quatre seulement avaient fait la campagne de 2010 (Bouazza, Halliche, Bezzaz et Lemouchia).

Encore que ces deux derniers n’avaient pas survécu durant le rendez-vous angolais, le premier s’étant gravement blessé face au Mali, tandis que le second fut rayé des effectifs à la veille du premier match contre le Malawi. Autant dire que l’Algérie, absente l’année dernière au Gabon et en Guinée-équatoriale se devait de jouer la modestie, sans tambour ni trompette. Sans fanfare, en fait. Car, c’est un peu à cause des fanfaronnades étalées sur les médias hexagonaux que l’Algérie a perdu sa bataille. Halilhodzic, qui se plaisait à reproduire le schéma du complot en chargeant la presse algérienne d’être responsable du tropplein de pression qui enveloppe la vie de la sélection, n’était-il pas aussi responsable quand il est allé «tempêter» fort dans les colonnes des journaux français en annonçant que «son» équipe ira en Afrique du Sud pour triompher et pour le Mondial-2014 pour atteindre au moins le dernier carré. Cette projection avait suscité un sentiment d’ébahissement chez la population footballistique algérienne et même un peu partout dans le monde.

Certainement obnubilé par la «réussite» de ses poulains en éliminatoires de la CAN, Vahid Halilhodzic a créé lui-même la bulle qui aura étouffa ses joueurs. Parmi lesquels certains se sont vus à l’occasion de ce tournoi africain, «trop beaux» pour oser de nouveaux sacrifices. Et là, il faut bien souligner les nombreuses déceptions individuelles durant les deux premiers matches de ce tour chez l’EN. Kadir, qui devait constituer cet élément détonateur qui apporterait les solutions idoines au milieu et en attaque, et malheureusement blessé lors du match amical face aux Bafana- Bafana, a visiblement pris peur pour ses tibias et fut pour le moins transparent contre les Tunisiens, puis les Togolais.

Limites individuelles, responsabilité collective

Et des cas semblables à Kadir, Halilhodzic a eu à en gérer plusieurs. Mesbah, également perturbé par son transfert, aura complètement raté sa CAN. Arrivé au stage de l’EN avec un volume compétitif famélique, le «milanais» a constitué cet autre maillon faible de l’équipe. Moins bon défensivement que d’habitude, l’enfant de Didouche-Mourad n’a pu apporter le soutien offensif voulu. Sa forme physique n’était pas le seul manque qu’on peut lui reprocher tant techniquement, l’ancien gaucher de Lecce a paru loin de son niveau. Ce qui nous amène à nous interroger sur les critères arrêtés par Halilhodzic dans ses choix du groupe des «23» mais également le Onze rentrant. En deux sorties, le technicien bosnien a consommé 17 joueurs (M’Bolhi, Mostefa, Cadamuro, Mesbah, Belkalem, Medjani, Halliche, Lacen, Lemouchia, Guedioura, Kadir, Feghouli, Slimani, Soudani, Bezzaz, Bouazza, Aoudia). Les six autres éléments parmi lesquels deux gardiens (Si-Mohamed et Doukha) n’ont pas été sollicités lors des deux premières sorties. Des joueurs comme Ghoulam et Boudebouz ont dû certainement larmoyer devant le sort que leur a réservé Halilhodzic. Ce dernier a trouvé des difficultés à aligner un onze de base, mais également à activer son banc au bon moment. En effet, sur les six changements effectués en cours des deux matches, l’entraîneur des Verts a opéré son premier remplacement à la 65’ (Bezzaz contre le Togo) et la 74’ (Soudani face à la Tunisie). Le Bosnien, qui a déclaré avoir pris des risques offensifs lors de ces rencontres, feigne-t-il oublier que ces changements étaient équitablement répartis sur deux des trois compartiments (Soudani, Aoudia, par deux fois, et Bezzaz en attaque, Lemouchia, Bouazza au milieu). La présence effective sur le terrain d’un des quatre éléments entrés en cours de jeu ne dépasse pas les 25 minutes (Bezzaz). Cela ne peut avoir qu’une explication : Halilhodzic, qui comptait emmener avec lui en Afrique du Sud des joueurs (Yebda et Bougherra, notamment), a fini par comprendre que le groupe qu’il a sous la main est limité, d’où la révision à la baisse de ses objectifs. Ceci, au moment où le premier responsable de la FAF, Mohamed Raouraoua, intervenait dans le débat concernant les objectifs, en assurant lors de son point de presse tenu à Sidi Moussa que «l’EN doit rééditer au moins la performance de 2010».

M. B.