Le nombre de décès dans l’attentat terroriste perpétré vendredi dernier contre le mess extérieur de l’Académie militaire interarmes de Cherchell s’élève désormais à dix-huit chouhada, dont deux civils, indique hier un nouveau bilan du ministère de la Défense nationale. Vingt personnes ont été blessées et ont quitté l’hôpital après y avoir reçu les soins nécessaires.
Cependant, six autres personnes ont été maintenues sous contrôle médical, dont l’une est dans « un état très grave », précise-t-on de même source. Le ministère de la Défense nationale estime que ce crime terroriste « démontre une nouvelle fois que les groupuscules terroristes tentent à travers cet acte abject d’atteindre des objectifs médiatiques afin de desserrer l’étau qui leur est imposé sur le terrain par les forces combinées de sécurité qui ont réalisé des résultats remarquables, notamment durant les dernières semaines ». Le Haut Commandement de l’Armée nationale populaire, « tout en s’inclinant à la mémoire des chouhada ayant péri dans cet acte ignoble », a réitéré sa « détermination à mettre hors d’état de nuire ces bandes criminelles et assurer la paix et la quiétude dans l’ensemble du pays ».
Au lendemain de l’attentat perpétré contre son Académie militaire Cherchell retrouve sa quiétude
A moins de 24 heures de l’explosion qui a ébranlé la quiétude de la ville de Cherchell, la vie a retrouvé son cours normal. En effet, boulangeries, salons de coiffure, superettes et cybercafés, étaient, hier, bondés, comme nous l’avons constaté de visu.

Néanmoins, la frayeur causée la veille était encore au centre de toutes les discussions. Les Cherchellois n’en reviennen toujours pas que leur cité ait pu être prise pour cible, durant ce mois de Ramadhan et surtout la veille de la nuit du Destin. Une nuit censée être consacrée à la prière et à la dévotion.
Et c’est encore sous le choc que les jeunes rencontrés sur le boulevard principal nous ont expliqué avoir entendu dans la soirée du vendredi, à moins de dix minutes de la rupture du jeûne, une sourde explosion. «Comme Cherchell est réputée pour sa tranquillité, on a cru que cette explosion était due au gaz», témoigne une jeune fille, à peine la trentaine, rencontrée, hier, à quelques encablures de l’Académie militaire. Aussi, cette explosion n’a pas inquiété outre mesure les citoyens de Cherchell, même ceux qui habitent près de l’Académie. «C’est en fait la seconde, survenue dix minutes après la première, qui a provoqué une onde de choc terrifiante parmi les habitants», précise une autre jeune fille, avant d’ajouter : «Quand on a compris d’où ça venait, personne n’a pu manger et tous les hommes de la ville se sont dirigés vers l’Académie.»
Aussi, en l’espace de quelques minutes seulement, la ville n’est plus que cris, pleures et sirènes hurlantes… on ne savait plus quoi faire», fait savoir Abdelwalid, nouveau bachelier qui s’apprête à rejoindre la mosquée El-Rahmane, à une centaine de mètres du lieu de l’attentat. Lui emboîtant le pas, Boubekeur, un longiligne barbu, qui prépare à rouvrir sa salle de sport après un mois d’arrêt, affirme qu’au moment de la deuxième explosion, la frayeur s’est vite installée dans tous les domiciles.
Cependant, et grâce à l’intervention immédiate des différents services de sécurité, «on a vite repris notre calme. Des policiers et gendarmes nous ont expliqué que leur présence n’avait d’autre but que de nous protéger», raconte Salima, femme au foyer, venue faire ses courses accompagnée de ses deux petits enfants.
Loin de céder à la panique, les Cherchellois ont repris le cours de leur vie. Toutes les boutiques et commerces étaient ouverts hier, et les mères de famille se pressaient sur la place du marché pour faire leurs achats de l’Aïd, qui sera célébrée dans quelques jours. «Qu’est-ce que vous voulez, la vie reprend ses droits ; en plus on se sent en sécurité avec tous les services qui ont été déployés depuis hier», signale ce père de famille venu compléter les achats de l’Aïd pour ses enfants.
Pour les autres habitants rencontrés sur le boulevard principal, la résignation est de mise : «Il ne faut pas qu’on éternise cette explosion. Elle fait partie du passé ; espérons que les commanditaires qui y ont participé, de près ou de loin, paieront le sang et les larmes coulés.» Il est 13 heures, légèrement passées. On se retrouve à la placette de Cherchell, habitants de tous âges s’y retrouvent. A chacun ses préoccupations. On entend parler des prix des vêtements d’enfants à quelques jours de l’Aïd, du football national et européen… mais aussi de la prière des tarawih.
Il n’y a que deux sexagénaires qui discutent, de nouveau, de l’attentat suicide de vendredi. S’il y a une chose sur laquelle ils s’accordent, c’est que «ces sanguinaires seront, tôt au tard, arrêtés. En plus, ils seront punis par notre Créateur pour tout le mal qu’ils font aux citoyens impuissants». C’est l’avis de tous nos interlocuteurs : l’Etat arrivera à venir au bout de ce mal.
Fouad Irnatene
Les partis politiques condamnent
Plusieurs partis politiques ont condamné avec vigueur l’acte terroriste « lâche » perpétré vendredi contre le mess extérieur des officiers de l’Académie militaire interarmes de Cherchell.
RND : «Combattre les ennemis de la stabilité»
Dans une déclaration, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), M. Miloud Chorfi, s’est indigné avec « force » contre cet acte terroriste odieux qui a visé des éléments de l’Armée nationale populaire faisant plusieurs morts et blessés. Le RND a présenté ses sincères condoléances aux familles des victimes, « priant Dieu le Tout-Puissant de leur accorder sa Miséricorde et d’assister les leurs tout en souhaitant une prompte guérison aux blessés ». Le parti qui a fait part de sa douleur à l’égard de cet acte commis au moment où l’Algérie célébrait Leilat al Qadr a souligné son soutien « permanent » aux forces de sécurité tous corps confondus, « pour venir à bout du terrorisme barbare et veiller à la protection des citoyens et de leurs biens ». Il a réitéré son appel à « plus de vigilance et à la mobilisation continue pour combattre les ennemis de la stabilité », réitérant sa position « ferme » en faveur de la démarche du Président de la République visant l’ancrage des valeurs de la réconciliation nationale plébiscitée par le peuple algérien. Cette réconciliation « ne saura être entamée par de tels actes criminels voués à la disparition », a-t-il ajouté.
MSP : «Attentat odieux»
De son côté, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a condamné cet « attentat odieux perpétré par une bande de criminels et de terroristes en ce mois béni », soulignant que ce dernier « s’ajoute aux autres tentatives avortées par les forces de sécurité épargnant au pays de véritable massacres grâce à leur vigilance ». Le MSP appelle, dans un communiqué, « à davantage de vigilance et de mobilisation afin de mettre fin aux résidus de la criminalité et du terrorisme dans notre pays ».
FLN : « Redoubler de vigilance »
Le parti du Front de libération nationale (FLN) s’est indigné, à travers le responsable de l’information, M. Aïssa Kassa, devant cet acte terroriste qui a visé le mess extérieur d’officiers de l’Académie militaire interarmes de Cherchell, insistant sur la nécessité de la « mobilisation de toutes les catégories de la société pour faire face à ce phénomène étranger à la société algérienne ». M. Aïssa a estimé impératif pour les forces vives du pays de « se mobiliser et de redoubler de vigilance pour créer un bouclier fort devant ces actes à travers lesquels les auteurs tentent d’atteindre des objectifs médiatiques ».
PT : «Une plus grande mobilisation»
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a affirmé, dans son intervention lors des travaux de l’université d’été de son parti, la nécessité d’une « plus grande mobilisation » pour lutter contre le terrorisme.