Au lendemain de la visite de Hillary clinton à Alger,Retour sur des secrets de coulisses

Au lendemain de la visite de Hillary clinton à Alger,Retour sur des secrets de coulisses

Malgré le passage de la mégatempête Sandy, les grands titres de la presse américaine n’ont pas passé sous silence la visite de Mme Clinton à Alger.

Des bribes d’informations, des secrets de coulisse ont été livrés par des sources diplomatiques à même d’éclairer les lecteurs sur les dessous d’une visite très matinale et de longue durée: la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, arrivée avant-hier à Alger, a eu treize heures de discussions avec les hauts responsables algériens. Les médias ont focalisé sur le fait que l’Amérique voulait arracher un O.K. d’Alger pour une intervention militaire.

C’est une analyse réductrice selon une source diplomatique. «En fait, les Américains voulaient comprendre les raisons de l’empressement de la France à vouloir mener une attaque militaire au Mali», note cette source. Il fallait donc se renseigner de plus près et la source dans ce cas précis ne peut être que l’Algérie. C’est elle qui a l’expérience dans la lutte contre le terrorisme, une puissance militaire régionale, des services de renseignements à l’expertise avérée et une parfaite connaissance du problème targui pour avoir participé au règlement du conflit à plusieurs reprises.

C’est dire que le problème est très complexe du point de vue anthropologique, tribal et social. Au terme de cette visite de Mme Clinton, considérée comme «une victoire diplomatique par les autorités algériennes», l’Amérique prendra désormais ses distances avec l’expertise parfois biaisée de l’Elysée sur le Mali en particulier et le Sahel en général.

Les Américains ont admis qu’il y a la donne terroriste guidée par Aqmi et les narcotrafiquants pilotés par le Mujao. Ce à quoi la France est réfractaire. «Ayant le Mnla comme poulain dans la région, la France exclut toute éventuelle participation d’Ansar Eddine aux discussions. Elle ne lui donne même pas le temps de se démarquer alors que cette organisation est sur le point de le faire» rapporte notre source.

En plus d’avoir accepté l’existence du narcoterrorisme, les Américains ont convenu de travailler avec l’Algérie dans le cadre bilatéral et à l’ONU, ainsi que d’intégrer la donne touarègue dans les discussions. On est donc loin des analyses selon lesquelles la secrétaire d’Etat américaine est venue mettre la pression sur Alger pour qu’elle cautionne une intervention militaire. Cela même si la démarche appuyée par la France se décline depuis des mois.

En témoignent les récentes visites du ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, par ailleurs représentant du médiateur de la Cédéao dans la crise du Mali, de l’ex-patron d’Africom, Carter Ham, des ministres français de l’Intérieur, Manuel Valls, et des Affaires étrangères, Laurent Fabius… Tous ces visiteurs ont été unanimes à dire que l’Algérie est «incontournable» dans cette crise malienne «si on pense que l’ont peut arracher à l’Algérie une position contre son gré, c’est méconnaître la détermination de ce pays», déclare la même source diplomatique. Malgré le passage de la mégatempête Sandy qui a touché plus de 50 millions de personnes, les grande titres de la presse américaine n’ont pas passé sous silence la visite de Hillary Clinton à Alger.

«L’intervention militaire exigerait la participation de l’Algérie, un pays stable épargné par les tumultes des révoltes arabes et qui a des services de renseignements aguerris et la meilleure armée dans la région», a rapporté le Washington Post dans son édition d’hier. «Le soutien de l’Algérie est nécessaire car c’est elle qui a mené une guerre brutale contre le terrorisme, qui a la plus forte armée dans la région et des services de renseignements actifs», a relevé pour sa part le New York Times.

«Bien qu’Alger ne soit pas en mesure d’interdire une intervention militaire par d’autres pays, il serait diplomatiquement risqué pour les Etats africains soutenus par les Occidentaux d’intervenir au Mali sans son consentement, d’autant plus que le conflit pourrait s’éterniser durant plusieurs mois», avertit pour sa part le Chicago Tribune.