Au lendemain de la qualification des Verts en phase finale de la CAN-2019: Belmadi peut lancer son grand chantier

Au lendemain de la qualification des Verts en phase finale de la CAN-2019: Belmadi peut lancer son grand chantier

«Il ne faut pas se leurrer. C’est une bonne victoire et une qualification méritoire. Mais, il nous reste du travail à accomplir». La sentence est de Djamel Belmadi qui, à l’issue de l’éclatant succès des Algériens à Lomé face au Togo, semblait déjà tourné vers l’avenir. Celui qu’il espère «doré» pour les Verts à commencer par le tournoi final de Cameroun-2019.

L’Algérie honorera sa dix-huitième présence en phase finale d’une CAN dont le lieu de déroulement officiel devrait être confirmé le 30 novembre prochain par la CAF qui tranchera les résolutions que lui présenteront ses différentes équipes d’inspection missionnées dernièrement au Cameroun. Une qualification qui a mis du temps à se dessiner mais qui a la particularité d’avoir été conquise le jour où les Algériens se remémoraient l’épopée d’Omdourman. Un souvenir que les protégés de Belmadi ont vaillamment honoré en arrachant un succès à Lomé, le premier après 29 mois loin de leurs bases. C’est vrai que les Eperviers de ce 18 novembre n’étaient pas cet adversaire que l’Algérie doit redouter mais il faut bien se rappeler pire : des équipes encore moins huppées ont, par la force des choses, fini par donner du tournis aux Algériens. Rappelons-nous des «gifles» reçues face au Cap Vert à Alger, la Zambie à Lusaka puis Constantine, l’Iran et l’Arabie Saoudite.

Un «drame national» qui a provoqué une profonde colère du peuple du football et a poussé les décideurs, pas que la FAF, à «liquider» cinq sélectionneurs en l’espace de deux ans et demi. L’avènement de Djamel Belmadi a généré un espoir certain au sein de la population footballistique nationale qui voyait en l’ex-driver d’Al-Duhail le profil idéal pour dompter la malédiction et redonner aux Verts l’envie de reconquérir les stades du continent, à l’aide d’un groupe affecté mais qui avait les qualités pour se redéployer. Belmadi a fixé, dès son intronisation, les règles. Celui qui pense qu’il est indispensable à la sélection doit le prouver. «C’est les meilleurs sinon rien… Par rapport au championnat d’Algérie, je vois bien que la question taraude certains. Arrêtez l’hypocrisie tous autant que vous êtes ! Vous savez que dans ce championnat là, il y a des problèmes…. Je compte voir les joueurs locaux mais pas forcément ceux que vous citez… Les résultats parleront (…) On a dans les clubs algériens des joueurs qui ont des qualités mais qui ne sont pas prêts pour le niveau international. Vous le savez, vous le voyez. On va essayer de les faire progresser», assurait le natif de Champigny-sur-Marne à l’occasion de sa première conférence de presse. Depuis, malgré quelques couacs, son projet avance. Et avance assez bien.

Locaux-émigrés n’est plus son affaire

Le jeune technicien qui a appris le métier à la bonne école, avait compris que les clivages entretenus autour de la sélection ont fait mal à cette dernière. Comme celui relatif à la place qu’ont les émigrés et les joueurs du crû dans ses plans à venir. Certain qu’il ne pouvait faire pire, encore moins à «patiner» sur cette question qui rendait la vie dure aux sélectionneurs qui se sont succédé à la barre technique des Verts, Belmadi a fait le serment d’accorder la chance à tout le monde. En ayant le courage de dire aux uns et aux autres qu’il ne fera pas de concession quand le rendement sur le terrain n’est pas conforme au statut du footballeur de rang international. C’est comme ça qu’il a dû chambouler ses effectifs lors des quatre regroupements qui précédaient les sorties officielles de l’EN. Avec au finish une radicalisation de ses options lors du dernier stage auquel il fera l’impasse sur sept éléments titulaires lors du match perdu à Cotonou face au Bénin, en l’occurrence Bentaleb, Guedioura, Belfodil et Ghezzal (non convoqués), Mandi (suspendu), Brahimi et Farès (blessés).

Une défaite qui a fait mal au néo-sélectionneur. Ses propos en fin de partie face aux Ecureuils trahissaient mal sa pensée. «Des internationaux doivent mieux jouer et exploiter les situations. Il y a du déchet technique, il y a un manque de clairvoyance, des joueurs libres mal servis. On exploite mal les failles de l’adversaire. Les défaites, je les prends pour moi. D’un match à un autre en trois jours, on change de joueurs, c’est normal. Il faut faire tourner. Vous dites, on ne change pas une équipe qui gagne, moi je change, je n’ai pas de problème», affirmait-il ce soir là. Depuis son discours, il n’a pas changé d’un iota. A Lomé, il a mis à exécution ses «menaces». Et a promis, malgré le large succès devant le Togo, d’autres bouleversements au sein de l’équipe lors des prochaines échéances. D’une voix cassée, Belmadi a d’abord mis en avant ses choix offensifs. «Le choix offensif est assumé, on a annoncé être venus pour gagner et on l’a fait». Il évoquera ensuite son chantier pour la prochaine étape : «Il s’agit pour moi de voir l’équipe progresser de match en match, évidemment le fait de se qualifier nous amène à préparer le match de la Gambie avec un peu plus de confiance et de sécurité. On va essayer de confirmer le bon résultat décroché à l’extérieur, à progresser», dira-t-il notamment.

Mettre l’Afrique à ses pieds !

Un gros chantier qui repose sur un projet technique ambitieux. «Ma philosophie consiste à permettre à mon équipe de contrôler le jeu et d’éviter de subir le match. Là où je suis passé, on avait jusqu’à 65% de possession. En procédant de cette manière, nous avons plus de chances de gagner que de perdre la rencontre. J’ai envie de voir Brahimi, Mahrez, Ounas… avec un ballon en permanence, je ne veux pas voir un Mahrez courir derrière la balle pour la récupérer. Je veux composer une équipe capable de briser l’organisation adverse, mais tout ça nécessite du temps, tout en ayant l’équilibre, autrement dit une bonne assise défensive», laissait-il entendre lors de son premier point de presse. Belmadi qui avouait qu’il n’a pas peur des challenges avait fait alors de la CAN-2019 un objectif capital. «Il faut d’abord se qualifier pour la CAN-2019 avant de parler d’objectifs. Je vais dire à mes joueurs qu’on va gagner la Coupe d’Afrique, peut être que vous allez me prendre pour un fou. Moi, je ne m’interdis rien, je crois au travail de tous les jours, au dépassement. Je crois aux Islandais qui font des choses que personne n’attendait», disait-il au lendemain de son installation, en août dernier.

Le billet pour Cameroun (ou Maroc)-2019 en poche, Belmadi a encore des défis à relever avant d’aller conquérir l’Afrique. Peut-être pas l’été prochain. Sa volonté, et celle de ses troupes, ses ambitions et les moyens que la FAF mettra à sa disposition sont suffisants pour donner du crédit à son projet.

M. B.