Finalement et contre toute attente, la gigantesque polémique et crise qui ébranle en ce moment le plus haute instance footballistique au monde, en l’occurrence la FIFA, continue de faire des ravages autour d’elle. La dernière sortie de son président Sepp Blatter, qui vient de jeter l’éponge cinq jours seulement après sa réélection, a provoqué un énorme vacarme autour de la FIFA, laissant place à des scandales politico-judiciaires sans précédent. Des conséquences de cette démission risque d’être fatales pour certaines parties, tandis que d’autre ne peuvent que s’en réjouir de voir le règne de Sepp Blatter enfin tomber.
En effet, si les fédérations européennes ont salué le départ de Blatter qui n’a cessé d’essuyer les critiques à son égard de part sa gestion et sa politique, les grands perdants ne seront autres que les fédérations africaines, à leur tête le président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, qui est considéré comme étant le premier allier du président suisse.
Mais avant d’évoquer les lourdes conséquences qui s’apprête à s’abattre sur Issa Hayatou et sa constitution, on reviendra d’abord sur ce revirement qui en témoigne ainsi que profond malaise que traverse la FIFA actuellement. Eclaboussé par les scandales de corruption, suivi par une série d’arrestations des hauts responsables de la FIFA ainsi que les membres du bureau exécutif, Sepp Blatter a été lui aussi traîné dans la boue et fût rattrapé par ses scandales avant de se voir forcé de déposer sa démission.
Ainsi, en ce qui concerne le patron suisse, même si a décidé de se retirer après son élection pour un 5e mandat, le président de la FIFA fait l’objet d’une enquête de la justice américaine dans le cadre du scandale de corruption qui secoue l’instance mondiale du football, ont révélé des médias américains, quelques heures après l’annonce de sa démission. Le New York Times a affirmé que Blatter « a tenté depuis des jours de prendre ses distances vis-à-vis du scandale, mais que les autorités espèrent obtenir la coopération de certains des responsables de la FIFA inculpés pour corruption pour resserrer l’étau autour de lui ». Quant au quotidien new-yorkais ainsi qu’ABC News, il ont fait état d’une enquête du FBI visant directement Blatter en citant des responsables anonymes des forces de l’ordre ainsi que des sources proches du dossier. Ainsi, Selon ABC News, Sepp Blatter se trouve dans le collimateur du FBI et de procureurs américains pour les faits de corruptions et de pots-de-vin qui ont mené aux arrestations mercredi dernier. Enfin, selon des sources juridiques des Etats-Unis, ils avancent une thèse qui vise 14 responsables de la FIFA et du marketing sportif dans un dossier comptabilisant 150 millions de dollars de malversations. Enfin, il est évident que la mise en cause directe de son bras droit, Jérôme Valcke, N°2 de l’instance, a précipité la démission de Blatter. Pour revenir à Issa Hayatou, il presque évident que les plus malheureux après la démission de Sepp Blatter sont les Africains qui ont perdu leur grand allié à la FIFA. De part sa relation proche avec Blatter, Issa Hayatou a toujours montré son soutien au président de la FIFA en assurant même celui de la majorité des fédérations africaines de football. Un soutien de poids qui a pesé lors des dernières élections de la FIFA, mais qui finalement n’aura rien servi. Ainsi, face à la menace et l’acharnement des européens et des Américains ont gagné une bataille, il est quasi certain que le règne d’Issa Hayatouà la CAF et son positionnement au niveau de la FIFA seront très certainement fragilisé, surtout si Platini, qui ne semble pas le porter dans son cœur, décide de se présenter lors des prochaines élections. Par ailleurs, dès l’annonce du départ précipité de Blatter, Issa Hayatou a fait part de sa surprise après l’annonce de la démission de son cher ami en rétorquant : « J’ai été surpris. Personne ne pouvait imaginer qu’il allait démissionner trois-quatre jours après le congrès ». Interrogé sur sa possible candidature à la succession de Sepp Blatter, Hayatou l’a clairement dit : « Non. J’ai été candidat en 2002, je n’ai pas été élu. Mon âge ne me permet plus de briguer ce poste, J’ai 69 ans, Blatter a 10 ans de plus que moi. Je ne peux pas me permettre d’être candidat. » Une déclaration jugée très prudente et qui reflète la pression exercée sur ses épaule dans son palais à Garoua. Afin de se tenir loin des secousses à Zurich, Issa Hayatou a fixé certaines limites hier en précisant que : « Dire qu’elle (FIFA) est intacte est un peu faux. Car, quand on vient à 6h du matin arrêter 10 d’entre vous, qui étaient dans leurs chambres, en train de dormir, avec tout le tapage médiatique connu par la suite, on ne peut pas dire que la FIFA n’est pas ébranlée. Mais elle est unie… » D’autre part, le patron de l’instance africaine a affirmé qu’il n’a jamais été inquiété et encore moins entendu par la police suisse : « Inutile de vous dire que depuis le mercredi 27 mai, quand il y a eu irruption de la police helvétique dans notre hôtel, je n’ai jamais été inquiété par qui que ce soit. Ni par les autorités politiques, ni par les autorités judiciaires, ni par la police helvétique. J’ai mené à bon port le programme que j’avais en partant d’ici et je suis en train de le respecter. Personne ne m’a rien dit, ni contacté pour des interrogatoires. Mais à ma grande surprise, j’ai appris que j’étais interdit de sortir du territoire suisse parce que la police est venue me chercher et m’a entendu pendant neuf heures. Personne ne m’a entendu » a t-il poursuivi. Enfin, il n’est pas à écarter qu’un nouveau séisme pourrait frapper même la CAF si des dossiers lourdes venaient à tomber entre les mains de la justice américaine, surtout en ce qui concerne les soupçons qui entourent l’attribution de Coupes d’Afrique des natations. De quoi tenir tout le monde sur ses gardes !
Rami Idir.