Cruel. Le match Algérie-Tunisie ne restera pas dans les annales tant son niveau technique a été jugé parmi les plus faibles durant la première journée de ce premier rendez-vous de la 29e phase finale de la CAN de football.
Un match insipide, sans attrait mais qui aura laissé des regrets, beaucoup même, au sein de la délégation algérienne mais également parmi les observateurs avertis qui semblaient sidérés par la prestation des Verts, ce mardi soir au Royal Bafokeng Stadium.
Un match à oublier ? Forcément, non. Le public algérien a tellement oublié, pardonné et passé l’éponge sur ces humiliations sportives que cette nouvelle claque des footballeurs chichement gavés ne peut passer inaperçue. Voilà un tournoi, ce match face à la Tunisie en particulier, pour lequel beaucoup de moyens ont été consentis par la fédération et ses sponsors. Même le président de la République apportait son «soutien et ses encouragements » à une sélection qui n’aura, tout compte fait, que trop déçu. Ses supporters, ses responsables et ceux qui croyaient que l’Algérie du football tient sa meilleure équipe depuis 1990, année du premier et ultime sacre continental. La déception était grande parmi les centaines de fans qui ont tenu à faire le long déplacement en Afrique du Sud. Moins facile de dévisager certains capés de Halilhodzic au sifflet final de M. Bakary Gassama. Il est clair que si certains éléments ayant participé à cette sortie ratée tenaient un discours rassurant, s’appuyant sur l’exploit réussi en Angola par l’équipe de Saâdane malgré son 3-0 récolté lors du premier match du groupe face au Malawi, d’autres, mis sur le banc ou qui n’entrent pas dans les choix du Bosnien, semblaient rire sous cape.
Des choix et des questions
A froid et avec un certain recul, à qui doit-on attribuer cette mauvaise performance des Verts contre la Tunisie ? Aux choix de l’entraîneur, aussi bien de la composante que de la stratégie adoptée, aux joueurs qui n’ont pas respecté un partie ou l’intégralité des consignes, à un adversaire qui en parlait moins mais en voulait plus ou bien, à M. Pas de chance ? Peut-être tous ces facteurs ? La sortie de mardi soir contre la Tunisie rappelle tristement le non-match fourni par l’EN, lors du Mondial-2010 face à la Slovénie. Ce jour, les joueurs de Saâdane monopolisaient le cuir mais ne parvenaient que très rarement à approcher la zone de Handanovic, le portier slovène. Et comme face aux Aigles de Carthage, les Verts concéderont la défaite suite à une faute de relance, suivie d’un mauvais placement dans le marquage sur Msakni lequel n’avait qu’à se libérer le chemin et enchaîner par une frappe décroisée sur laquelle M’Bolhi ne pouvait rien, car (comme l’était Chaouchi face à la réalisation slovène à Polokwane) trop près de sa ligne de but. Mais avant d’arriver à cet exploit qui a fait plier les poulains de Halilhodzic, les Algériens étaient-ils en mesure d’éviter un tel scénario, la catastrophe ?
Fautes individuelles, faillite collective
De l’avis de ceux qui ont fait du jeu à onze leur métier et leur passion, l’Algérie de Vahid Halilhodzic n’avait que peu de chance de sortir victorieuse de ce derby maghrébin. En présentant sur la pelouse du Royal Bafokeng un Onze en manque de compétitions (les Tunisiens sont allés disputer quatre matches à Abu Dhabi alors que les Algériens se contentaient d’une trentaine d’heures d’entraînement de deux heures de compétition face à l’Afrique du Sud en proie au doute et les Platinum Stars en vacances), Coach Vahid courait à sa perte et à celle de son équipe. Dans la zone arrière, le Bosnien a misé sur trois éléments (M’Bolhi, Mesbah et Cadamuro) en «panne» depuis plusieurs mois alors que le duo formant la charnière centrale (Medjani et Belkalem) est à sa troisième association en matches officiels. Dans le compartiment de récupération, les choix de Halilhodzic n’étaient pas exempts de reproches. Lacen, hors de forme, Mostefa visiblement perdu dans un rôle de premier récupérateur, c’est Guedioura qui devait colmater les insuffisances en se déployant dans le travail recupératoire au détriment de la mission d’apporter le soutien à Feghouli dans la zone de construction. Usé physiquement, le médian de Nottingham Forest dut céder sa place à Lemouchia, l’homme par qui l’erreur fatale (marquage de Msakni, Ndlr) est arrivée. Fallait-il, là-aussi, compter sur un joueur qui n’a pas mis les pieds sur le terrain, en club, depuis voilà quatre mois ? L’incorporation du milieu du Club Africain à ce moment du match était-elle la mieux indiquée ? Ce serait, en cas de réponse affirmative de la part de Halilhodzic, admettre que l’Algérie n’ambitionnait que le nul face aux Aigles de Carthage. Devant ce dysfonctionnement stratégique, il était clair que la partie se jouerait sur un (mauvais) détail. Une faute individuelle de marquage (Lemouchia) combinée à un mauvais placement du bloc défensif (placé à l’entrée des 18 mètres de M’Bolhi) et le (mauvais) tour est joué.
M. B.