Au fil du temps – Boufarik ,La Zlabia de toutes les colères

Au fil du temps – Boufarik ,La Zlabia de toutes les colères

arton8559-cf8ea.jpgBonne ou de mauvaise qualité, la Zlabia de Boufarik reste toujours la pâtisserie la plus consommée en ce mois sacré. Alors on vient de partout à la recherche de ce produit Intermédiaire entre un gâteau et une confiserie. Conséquence : une trentaine de fabricants se font désormais concurrence.

Fini le temps où la famille Aksil régnait en maître sur la fabrication de cette spécialité. A Boufarik pas une rue sans son vendeur de Zlabia. Et à la fin du Ramadhan les deux tiers baisseront leurs rideaux ou changeront d’activité commerciale. C’est à partir de 8h du matin, que les fabricants commencent à livrer leurs produits aux revendeurs venus des autres wilayas du centre. Camionnettes, fourgons ou même voitures stationnent devant les magasins et attendent la livraison.

Les étals sont installés carrément sur les trottoirs. Parfois des odeurs désagréables s’échappent des eaux stagnantes sur la chaussée. A l’intérieur des magasins, des adolescents s’affairent devant des réchauds au milieu d’une chaleur étouffante. Un des jeunes est spécialiste de l’entonnoir, trois autres s’occupent de la friture et deux autres s’affairent uniquement à tremper la Zlabia dans une bassine pleine de sirop. « Nous sommes huit personnes qui travaillons en alternance. Ces jeunes ont appris le métier après l’avoir exercé pendant une saison. Celui qui s’occupe de l’entonnoir est le maestro de l’équipe. Il a cette main magique qui fait que la Zlabia à la même forme et le même calibrage », explique Malik le patron du magasin. Ce dernier vend cette pâtisserie tout au long de l’année au prix de 180 DA le kg. Paradoxalement, la concurrence n’a pas incité les fabricants à afficher un prix moindre. « La disponibilité de l’huile et de la semoule a poussé les gens à fabriquer la Zlabia tout au long de l’année. Avant c’était difficile de le faire à cause de l’indisponibilité de la matière première sur le marché », explique encore Malik.

C’est dans les principales rues, Alili et Si Benyoucef, connus par leurs platanes centenaires que se sont installés plusieurs fabricants. Il faut dire qu’a partir de l’après-midi, les nerfs sont mis à rude épreuve. A une circulation routière anarchique à la limite de l’ingérable s’ajoutent les files d’attente des hommes aux ventres creux. Conséquence, des dizaines de rixes par jour. « Nous avons un énorme déficit en matière d’éducation. Je comprends que les gens, soient pressés de prendre la route pour arriver à l’heure du f’tour, mais cela ne donne pas le droit de griller la file d’attente. Nous avons atteint le summum de l’égoïsme et de l’irrespect », souligne Malik. Deux heures avant le f’tour, la situation se complique davantage devant les commerces de Zlabia.

Ainsi certains automobilistes ne se gênent pas pour paralyser la circulation afin d’acheter un kilo de la fameuse friandise. Et plus l’heure du f’tour approche, plus les gens deviennent violents. Les agresseurs et pickpockets profitent de ce moment pour agir en toute quiétude. Souvent les visiteurs de la ville de Boufarik rentrent chez eux déçus. S’ils ne sont pas victimes de vols, d’agressions ils sont sommés par des jeunes, s’autoproclamant gardiens de parkings, de payer un service qu’ils n’ont pas demandé.

Mokhtar Kedada