La grève des trois jours des spécialistes travaillant dans les hôpitaux publics se poursuit toujours en l’absence d’une réelle prise en charge du contentieux existant entre leur syndicat représentatif et le ministère de la Santé.
Si le premier jour un taux de participation national de 76% a été enregistré, la journée d’hier a vu une implication un peu plus importante des blouses blanches un peu partout sur le territoire national, selon le syndicat. L’implication des praticiens a atteint les 80%, selon Mohamed Yousfi, le président du SNPSSP, le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique.
Ainsi, le taux de participation reste variable au niveau des wilayas du pays avec près de 100% à Tiaret et Bouira, 80% à Mostaganem, Tlemcen, Annaba et Tizi Ouzou, 60% à Oran et 70% respectivement à Ouargla, Ghardaïa et El-Oued, selon le SNPSSP. Un deuxième jour qui montre, si besoin est, la détermination des praticiens à faire entendre leurs voix et sauver la santé publique, «un secteur qui meurt dans l’indifférence générale ».
Quant à une réaction officielle de la tutelle, notre interlocuteur estime qu’elle ne diffère pas de la batterie habituelle des réponses ministérielles avec le recours abusif à la justice, les retraits sur salaires et la désinformation. « Un arsenal répressif mis en place pour casser la grève », expliquera le Dr Yousfi pour qui le recours à la grève reste un droit syndical. En l’absence d’un geste de bonne volonté du ministre, les hôpitaux seront encore paralysés aujourd’hui en attendant le 1er avril date-ultimatum pour une grève illimitée décidée par le SNPSSP.
Concernant l’évocation de porter l’affaire qui l’oppose au département de Ould Abbès devant les instances internationales, le président du syndicat dira que la procédure est lancée et que les plaintes vont être déposées dans les prochains jours au niveau de l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Bureau international du travail (BIT) pour violation par le ministère de la Santé des droits fondamentaux du syndicalisme. Le Dr Yousfi n’aura pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude du ministre de la Santé qui refuse le dialogue en reniant les engagements déjà pris tout en méprisant les élites nationales.
« La santé n’est pas une priorité de l’Etat si on compare son secteur avec celui de l’éducation », constate-t-il. Un parallèle qu’il veut pour souligner toute la déliquescence de la santé publique qui souffre toujours d’un dysfonctionnement dans la gestion de l’argent et des ressources humaines, sinon comment expliquer, ajoute notre interlocuteur, qu’en trente ans, l’Algérie n’a pas connu des pénuries dans le médicament et le consommable comme l’année passée alors que sur 8000 spécialistes recensés dans la fonction publique, seuls 400 ont moins de 20 d’exercice, pour dire la fuite de l’élite médicale nationale.
A propos du 1er avril, il dira qu’en absence d’autres alternatives, ils n’auront que le choix d’entrer dans une grève générale ouverte pour défendre la santé publique. « On ne nous laisse pas d’autres solutions, on ne défend pas nos intérêts personnels, on a un contrat moral qu’on doit respecter et c’est le citoyen lambda qui se fait soigner dans les hôpitaux publics et non la majorité des responsables qui vont, eux, à Genève ou Paris ».
Quant à la plate-forme revendicative du SNPSSP, elle comporte l’amendement du statut particulier, la suppression de la discrimination en matière d’imposition de l’IRG, des primes et indemnités versées par le secteur de la santé aux praticiens spécialistes hospitalo- universitaires (10%) et aux praticiens spécialistes de santé publique (35%) et la révision du régime indemnitaire suivant les projets arrêtés conjointement par le ministère de la Santé et le SNPSSP, entre autres points.
Moncef Wafi