Au CPP : L’ombre Boudiaf, la répression et le ‘juste’ vote des peuples

Au CPP : L’ombre Boudiaf, la répression et le ‘juste’ vote des peuples

L’ombre Boudiaf, la répression et le ‘juste’ vote des peuples. Telle a été la principale problematique du Café presse politique (CPP) de Radio M, du mercredi 30 juin (enregistré en soirée en raison du Ramadan), qui tente toujours d’y voir plus clair dans la violente lutte des clans pour la succession. Brexit oblige, en seconde partie, le CPP s’est demandé si « les peuples peuvent mal voter ? » en se penchant sur le cas algérien.

En cette date d’anniversaire de l’assassinat de Boudiaf, le CPP ne pouvait commencer sans dire un mot sur le sujet. « Du point de vue de la justice, c’est un dossier clos, pas sûr que le pouvoir va prendre le risque de le relancer », a commenté Saïd Djaafer en réaction aux récentes déclarations du fils de l’ancien président, Nacer Boudiaf, demandant la réouverture du dossier.

« D’un point de vue politique, le fils de Boudiaf qui pointe le général Toufik, est une manière d’acculer un clan dans une perspective d’échéance politique » a de son côté souligné Abed Charef, journaliste politique, qui a continué son analyse de la lutte des clans par une interprétation des déclarations du général Nezzar ».

« Je me demandais autour de qui était entrain de se réorganiser le pouvoir depuis le départ du général Toufik à la tête des services secrets » a développé le journaliste. « Si c’est Gaid Salah comme le dit Nezzar, beaucoup de choses s’expliquent, et c’est un scénario qu’il faut envisager de façon assez sérieuse ».

Climat de tension

« Rendons au général Benhadid d’avoir déclaré que le candidat à la succession est le frère du président, Saïd Bouteflika, et le contre candidat est Gaid Salah » a poursuivi Ihsane El Kadi, directeur de l’agence Interface Médias, éditrice du site électronique Maghreb Emergent, en soulignant au passage la dégradation du climat politique marqué par plus de brutalité avec la redistribution des cartes.

« Le pouvoir a perdu la certitude qu’il peut aller jusqu’en 2019, alors il utilise la répression pour empêcher toute contre solution » a enchaîné Saïd Djaafer. « L’argent est en train de se réduire donc on sort le bâton avec force et on frappe sur le groupe le plus faible pour envoyer un message de violence », a-t-il développé en jugeant « totalement aberrant » la décision de jeter en prison les responsables de KBC et la cadre du ministère de la communication.

Ihsane El Kadi s’est pour sa part indigné de l’attitude du ministère de la communication, Azzedine Mihoubi, qui a « lâché » un cadre de son ministère. « Où est entrain de nous mener cette trajectoire de pression ? » s’est-il demandé. « Peut-être qu’on veut nous faire peur à tous, notamment aux journalistes ».

Référendum et voix des peuples

Actualité du Brexit oblige, le CPP a consacré sa seconde partie à une question éminemment démocratique : « Est-ce que les peuples peuvent mal voter ? »

« Les gens peuvent voter contre leur intérêt, faut-il les punir pour autant ? » a répondu Saïd Djaafer en soulignant que souvent le peuple se trompe mais dans un système démocratique avec des institutions qui fonctionnent, les erreurs sont corrigées quelques années après.

« EN 1992, est-ce que l’on aurait pu voter FFS au lieu du FIS ? », a interrogé la présentatrice Souhila Benali soucieuse de recentrer le débat sur l’Algérie.

« Mal voté, c’est faire le point dix ans après et se rendre compte que le vote n’a pas fait avancé les choses », a commenté Ihsane El Kadi. « De ce point de vue là, le fait d’avoir voté pour le FIS a précipité un conflit et avec le recul, on peut dire que c’était un mauvais vote », a-t-il poursuivi. « Mais, il existe pleins de mécanismes permettant qu’un mauvais vote populaire, du point de vue de l’histoire, puisse être corrigé par des institutions équilibrées ».

En somme, instaurer une démocratie, a rebondi Souhila Benali. Une idée partagée par l’ensemble des participants sur laquelle a conclu Abed Charef : « Aujourd’hui pour l’Algérie l’enjeu n’est pas d’avoir un bon vote à la prochaine élection, c’est exclu, mais de se demander est-ce que le pays est en train de construire les institutions qui vont dans 5 ou 10 ans permettre d’organiser un vote neutre et transparent ».