Annoncée en grande pompe par les pouvoirs publics comme alternative en mesure de contenir la hausse spectaculaire des prix de la viande rouge pendant le ramadhan, les quantités de viande congelée, désossée et mises sous vide, importée de l’Inde ne sont toujours pas commercialisées, et ce, après quatre jours du début du mois sacré.
En effet, une virée au niveau d’un des multiples points de vente de la Latraco, l’une des huit filiales du groupe Sotracov (Société de transformation et de conditionnement de la viande, chargé de l’opération de l’importation) sis à Sidi Yahia (Alger), nous renseigne sur la situation.
Sur les lieux, point de longues files d’attente. Et pour cause, le seul agent que nous avons trouvé dans ce magasin spécialement aménagé pour la circonstance semble s’ennuyer à en mourir puisqu’il n’a reçu aucun client depuis l’ouverture de la boutique. «Comme vous pouvez le constater vous-mêmes, tout le matériel de découpe et les appareils de réfrigération sont prêts ; mais la chose qui manque dans ce magasin c’est bien la viande», constate impuissant notre interlocuteur.
Interrogé sur la date éventuelle où la viande indienne qu’ils devraient commercialiser serait disponible, le commerçant a estimé que les clients pourront venir l’acquérir (après-demain) au plus tard. Afin d’avoir davantage d’éclaircissements sur le retard accusé dans le lancement de l’opération de vente de ce produit carné, une date qui a pourtant été initialement annoncée pour le 8 du mois en cours, par le président du directoire du groupe Sotracov, Djahid Zefzef, nous avons contacté hier par téléphone la responsable de l’Audit et assurant l’intérim au service commercial de la Latraco de Bir Touta, Mme Mansouri Razika.
Elle a confirmé que la viande importée par son établissement et destinée à la vente se trouve actuellement au niveau des entrepôts et qu’il est possible qu’elle sera dans les points de vente demain (aujourd’hui, Ndlr). La responsable a ajouté que les résultats qu’ils attendent de l’Institut Pasteur ne sont pas encore en leur possession. Estimant que la mise sur le marché des premières quantités de viande est imminente,
Mme Mansouri a révélé que leurs responsables leur ont même demandé de laisser allumés leurs portables, car l’opération peut être lancée d’un moment à un autre.
Cherchant à avoir de plus amples informations sur les motivations de ce retard, nous avons tenté de prendre attache avec M. Zefzef. Ce dernier nous a répondu qu’il est extrêmement occupé pour le moment et ne pourra répondre pour l’heure à nos questions.
Ces histoires de report ne sont en tout cas pas en faveur de la société importatrice, car après la polémique qui a tourné autour de cette viande et les doutes qui ont plané sur sa qualité ainsi que la question de savoir s’il s’agit d’une viande halal ou non, le risque d’une réticence de la part des consommateurs n’est pas à écarter. Car à ce moment-là les consommateurs chercheraient à savoir ce qui a motivé l’Institut Pasteur à ne pas remettre les résultats à l’entreprise concernée.
Pour rappel, les responsables de la Sotracov avaient déclaré que les premiers lots arrivés au port d’Alger ont reçu l’aval de l’Institut. Dans ce cas, qu’est-ce qui bloque la commercialisation de cette viande ? s’interrogent encore les consommateurs algériens.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que la viande bovine congelée, importée et commercialisée par des privés existe bel et bien sur les marchés. Par contre, cette viande qui est cédée à 550 dinars ne provient pas de l’Inde mais plutôt du Brésil, d’Argentine et d’autres pays d’Europe tels que l’Allemagne, l’Italie ou encore la France.
Par Hafid Mesbah