Au Brésil, la Fifa fait la loi pendant le Mondial

Au Brésil, la Fifa fait la loi pendant le Mondial

LE SCAN SPORT – Pour la Coupe du monde, le Brésil a adapté sa loi pour satisfaire les exigences et les intérêts de la Fifa et des sponsors officiels de la compétition.

Alors que la vingtième édition de la Coupe du monde de football va enfin débuter jeudi 12 juin, des mesures exceptionnelles vont entrer en vigueur sur le territoire brésilien. Des textes législatifs introduits par le gouvernement de Dilma Rousseff sous pression de la Fédération internationale de football, la Fifa, et qui sont notamment à l’origine des nombreuses contestations sociales.

Une loi spéciale a ainsi été créée en mars 2012 juste pour la durée de la compétition. Il s’agit de la «Lei Geral da Copa», autrement dit la «loi générale de la Coupe», qui prévoit notamment des jours fériés pour les villes hôtes lors des matchs de la sélection du Brésil et des exceptions dans le droit du travail.

Des zones commerciales exclusives

Grâce à ce texte, la Fifa a décroché le droit de vendre des billets sans tenir compte du demi-tarif pratiqué pour les étudiants et les retraités. Mais surtout, l’instance mondiale du football a obtenu l’autorisation de vendre de l’alcool dans les stades brésiliens afin de satisfaire le partenaire officiel Anheuser-Busch, fabricant de la bière Budweiser. Cette interdiction datait de 2003 et servait à endiguer la violence dans les enceintes sportives.

En outre, une zone commerciale exclusive est déployée dans un rayon de 2 kilomètres autour des stades. Impossible pour les boutiques situées dans ces périmètres de commercialiser des produits autres que ceux des partenaires officiels. Les vendeurs ambulants seront pour leur part tout simplement bannis. Exit donc la libre concurrence.

Exonérations fiscales

En cas d’infraction à ces mesures ou en cas d’atteinte à l’image de la Fifa et de ses sponsors, ce qui est devenu un crime fédéral, le Brésil a décidé de faire comme l’Afrique du Sud en 2010 et de créer des tribunaux d’exception. Pourtant contraires à la Constitution brésilienne de 1988, puisque la justice n’est plus la même pour tous les citoyens, ils permettront de distribuer des sanctions en un temps record.

Grâce à la Lei Geral da Copa, la Fifa, qui bénéficie aussi d’exonérations fiscales au même titre que ses sponsors, a donc tout mis en place pour préserver ses intérêts financiers et ceux de ses sponsors. Pour Romario, l’ancien footballeur auriverde, vainqueur de la Coupe du monde 1994 et reconverti en tant que député fédéral, le constat est sans appel: la Fifa est devenue «la vraie présidente du Brésil».