Au 8e jour de la protestation,La tension persiste à Laghouat

Au 8e jour de la protestation,La tension persiste à Laghouat

S’il est vrai qu’elle a sensiblement baissé, la tension reste néanmoins de mise au chef-lieu de wilaya de Laghouat, au 8e jour d’une contestation qui aura frappé, c’est ce que plus d’un observateur aura relevé, par le sens élevé de responsabilité des manifestants.

Ces derniers, des jeunes pour l’écrasante majorité, ont déployé beaucoup d’efforts pour conférer à leur mouvement un caractère pacifique et ce, affirment-ils, pour contrecarrer les campagnes de dénigrement orchestrées par des milieux loin d’échapper à leur vigilance. Et les preuves de leur bonne foi, ces jeunes en donnent quotidiennement en veillant à ce qu’aucun dérapage, de quelque nature que ce soit, ne se produise. Avant-hier, comme au plus fort des échauffourées avec les forces de sécurité déployées en nombre, notamment aux abords du siège de la Wilaya, épicentre de la contestation, aucun dégât matériel n’a été enregistré et les jeunes, une fois la nuit tombée, s’astreignent à la mission de nettoyer leurs bastions, et ce, jusqu’à une heure tardive. Hier encore, ils ont été les auteurs d’un autre acte de civisme qui les honore. Un policier en civil qui était parmi la foule amassée comme de coutume devant le siège de la grande poste, non loin de celui de la Wilaya, a été remis à ses supérieurs et son arme restituée après qu’il eut, il est vrai, maille à partir avec des jeunes en colère, qui l’ont malmené. Ceci au moment où la trentaine de jeunes interpellés la veille ont été relâchés au bout de longs et âpres conciliabules. Selon Yacine Zaïd, membre de la section locale de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), les jeunes ne comptent pas se laisser aller aussi facilement et céder aux promesses des autorités locales. Ils veulent ni plus ni moins l’annulation pure et simple des fameuses listes de pré-bénéficiaires de logements à l’origine de cette protestation. Pour nombre d’entre eux, témoigne encore notre interlocuteur, «il faut battre le fer quand il est chaud et tout relâchement de notre part, sera mis à profit par les pouvoirs publics qui nous ont habitués à ce genre de scénarios usés».

M. K.

Le RCD condamne

La réaction musclée des forces de l’ordre, dépêchées en nombre, avant-hier, à Laghouat, procédant à des arrestations massives, a fait réagir le RCD. Pour le parti de Saïd Sadi, le seul, soit dit en passant, à rompre le silence de la classe politique, préoccupée par d’autres considérations, cette réaction démontre, une fois de plus, «l’incapacité du pouvoir à prendre des mesures adéquates devant des événements prévisibles». Ce qui, relèvet-il, dans une déclaration rendue publique hier, est un exemple d’un «fonctionnement autiste de l’Etat». Selon le RCD, cette colère ajoutée à celles qui secouent périodiquement d’autres régions du pays comme Ouargla, le M’zab, Hassi Messaoud, appelle une nouvelle vision de l’administration territoriale. «La multiplication et la sophistication des moyens de répression mobilisés» sont, de l’avis du parti, un aveu d’échec. «Les masses colossales englouties dans cette stratégie auraient largement suffi à loger les citoyens de Laghouat et ceux de nombreuses autres régions de l’Algérie, note encore le RCD qui estime que l’écoute et la concentration devant les revendications citoyennes sont des missions élémentaires».

M. K.