Avec une seconde mise au point de Rafik Abdelmoumen à propos de son nom de famille El Khalifa et non Khalifa, la parlote, la parlote, la parlote…
Pour les non-initiés dans le domaine judiciaire, un procès en criminelle où les débats sont balisés par l’arrêt de renvoi rédigé par la chambre d’accusation, l’unique organe dont dépend le juge d’instruction, n’est par une chaude et vaine discussion dans une terrasse de café autour de la formation d’un onze d’une équipe de foot. Non! c’est plus que cela.
Et toujours en direction des non-initiés, un procès, c’est rigide. Il y a les lois en vigueur. Il y a des P.V. d’audition, ceux de témoins à charge et à décharge etc…
Le procès d’El Khalifa fait partie de cet avant -propos. La justice est une et jamais plus! Elle ne craint rien, ni personne. Elle demeure, qu’on le veuille ou non, l’ultime branche à laquelle s’accroche le citoyen…
Durant les journées du mercredi et jeudi, Rafik Abdelmoumen El Khalifa (c’est lui qui a demandé à Antar le président du tribunal de Blida de respecter l’orthographe de son patronyme honoré à Oued Souf) a parlé. Il a beaucoup parlé sans satisfaire la curiosité des gens qui veulent en savoir plus i-e avancer de ceux qui sont tapis derrière lui avant et pendant la création de l’ «Empire El Khalifa». Quitte à faire comme Antar, le juge et El Khalifa qui n’ont fait que se répéter depuis le mercredi dernier, nous allons nous aussi prendre le même chemin pour vous répéter notre conviction que l’accusé ne va rien reconnaître «ni l’escroquerie, ni l’association de malfaiteurs, ni le vol qualifié, ni le faux, ni l’usage de faux en écritures bancaires et en officiel, ni abus de confiance, ni détournement de fonds, et encore moins banqueroute organisée». Les sept chefs d’accusation ont vu l’accusé-détenu promettre un sort autre que celui prévu par le ministère public et le moment de passer à l’action à la barre a été choisi par la…loi et les us de la criminelle. «La confrontation avec ceux qui ont accablé Rafik en 2007, alors absent des débats menés par l’admirable Fatiha Brahimi (actuellement à la Cour suprême), la défunte Rahma bent Ahmed et Youssef Boukhorsa, conseiller à la cour d’Alger attendant au mieux une retraite…Le seul qui a connu une autre consécration a été Mohammed Abdelli promu procureur général à Djelfa, avant de revenir à Blida qu’il quittera pour l’ex-Cirta où il est très bien…
Rendre justice
Pour revenir à la journée du dimanche, verra-t-on et entendra-t-on Rafik Abdelmoumen El Khalifa faire endosser des crimes, des délits, des infractions et des bévues à ses anciens collaborateurs et autres secrétaires? Il l’a bien fait mercredi dernier en mettant tous les «bêtises» à ses anciens chefs d’agences. Ce qui avait fait réagir Menaouar Antar, le juge qui a jusque-là associé Zahia Messeguem et Laïd Boukhobza ses conseillers ainsi que les deux jurés franchement assidus avec un appréciable taux d’écoute: «Comment pouvez-vous mettre tout sur le dos des collaborateurs que vous aviez soigneusement choisis? C’est flou ça.» «Allons donc, quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage!» répond sans détour ni balbutiements Rafik qui nous doit une revanche ce matin ou plutôt hier dimanche pour nos chers lecteurs ceux qui ont toujours cru aux «écrits» de L’Expression qui refuse de faire dans le «faux «sensationnel» et les faux scoops boiteux car il ne s’agit pas d’une comédie. Rendre justice, c’est sérieux. Et reprendre notre justice, c’est plus sérieux. Nous n’anticiperons jamais sur une quelconque décision car, encore une fois, nos magistrats tout comme nos services de sécurité, nos enseignants, nos cadres, nos écoliers collégiens, lycéens et universitaires sont nos enfants. Et que cela soit lu et compris: notre canard ne roule que pour ses fidèles lecteurs, uniquement et accessoirement pour les lecteurs occasionnels. Il relate ce qui se dit à la barre et dans toute l’aire de la salle d’audience. Durant les nombreuses et courtes suspensions d’audience, nous récoltons les avis censés et les news d’à côté. Rappelons aussi que jeudi après-midi Rafik s’est amusé à relever les déclarations contradictoires de ceux qui ont déposé dans «sa banque» des dinars et de ceux qui n’ont pas déposé. «(Il cite le cas du responsable de Sonatrach ayant subi des pressions mais ayant tout aussi refusé).» A un moment donné, il a même donné un (autre) véritable cours de banque à propos des délais qui sont selon lui légaux car il y a des millions d’opérations juteuses en tout état de cause. 9h05 du matin, ce dimanche, les gens sont moins motivés pour se presser au portillon. Les arrivées dans la salle d’audience ne sont plus faites sous le stress des anges,gardiens eux-mêmes stressés par d’étranges instructions de leurs chefs. C’est à croire que le «cri de détresse» de Louh le ministre à propos de la primuté du parquet sur la P.J. n’a pas encore été saisi des deux côtés. En aparté, un officier de police siffle: «Moi, j’ai reçu une instructions très tôt ce matin par à…8h30!» Passons. L’essentiel est que l’ordre règne et ce, grâce à la vigilance du quatuor Laadjine Aît Chaâlal – Zaïm et Abdenour Gassi qui se font plutôt discrets…
Les journalistes ne sont pas dispersés. Ils ont été installés derrière les avocats en robe noire et seulement… Maître Abdelghani Nouas a laissé sa moitié Maître Hadjer Nouas Bouamra pour une affaire du foncier et il en profite pour assister aux débats juste de quoi informer le papa Maître Redouane Nouas retenu à Koléa où le pénal est roi.
Depuis le pupitre, Menouar Antar, le président, suit une énième question de Maître Lezzar qui était heureux à 9h15 de revoir Rafik revenir à la barre, reposé et prêt à répondre à toutes ses questions.
Ahmed Meziane Mouloud est invité par le juge d’être présent en sa qualité d’inculpé. libre assisté de Maîre Toufik absent ce matin à la barre: «Je vais l’informer ce soir» On repasse à Rafik Abdelmoumen El Khalifa qui va d’abord suivre la question du juge: «Au moment de la création de Khalifa Banque, y-avait-il une autorisation? L’accusé dit qu’il y a eu des étapes de délivrance de documents: en juillet 1998 et septembre 1988. Il fallait d’abord établir l’acte, verser le 5ème du crédit pour établir l’autorisation et l’agrément. Question: comment en avril 1998, aviez-vous fait pour établir le registre du commerce.
-«Ecoutez, je ne pouvais pas en avril ouvrir la banque mais pour courir et chercher des locaux de toute nature, car il y a deux agréments. Le premier vaut une année à défaut il est retiré. Le second agrément lui, donne le signal de la vie de la banque.»
Maître Merouane Medjhouda, le second conseil de Rafik pose sa première question du dimanche. Il sera très bref et clair. L’accusé donne des explications rassurantes pour lui et la suite du procès. Il donne un nombre en millards de centimes. Antar vérifie: centimes ou dinars? Abdelmoumene précise 7 milliards de centimes par jour comme entrées. Il s’agit d’une société d’aviation. Ensuite Maître Madjhouda va sur le droit de Rafik de s’occuper des entrées d’autres sociétés du groupe El Khalifa.
La villa du Paradou
Le juge: «Attention, les bénéfices d’El Khalifa n’ont rien à voir avec ceux du groupe El Khalifa.»
L’accusé comprend la question et répond par un tir nourri de mots bien choisis histoire d’en finir avec cette question qui n’a visiblement pas inquiété Rafik. Maître Lezzar rappelle qu’il y a 66 questions et donc faire vite et précis. Micro en main, l’avocat pose une question de plus de cent mots résumée ainsi: «Est-ce que l’accusé peut nous entretenir autour de l’acte d’hypothèque?»
– Concernant l’aire de la villa du Paradou, c’est 150 m² avec des pièces spacieuses…)» Le juge l’interrompt car Maître Lezzar a lancé 475 m² ce qui fera réagir Antar: «Nous parlons de l’acte original.»
Puis un vif échange a lieu entre Zerguerras, le procureur général et Rafik lequel qui avait pourtant expliqué le deuxième jour le pourquoi de: «El Khalifa.»
Le parquetier considère que cette appellation des pays du Golfe arabique relève d’une escroquerie. Antar tourne la page et revient au sujet étalé par les avocats, mais Zerguerras persiste et revient au «El» pris sur le dos de la famille de Qatar: El Khalifa et le P.G. de préciser: «Les citoyens croyaient avoir affaire avec une banque…non algérienne. Antar interdit les commentaires. Cela dure depuis trente minutes. Une pure perte de temps et le procès aurait gagné en avançant. Amor Rahal l’accusé est appelé à la barre. On lui offre une chaise vu son âge (86 ans) Nédromi d’origine et résidant au Paradou Hydra (Alger), il est aimablement invité à élever la voix pour répondre dans le micro aux questions du juge. Le vieillard explique de suite que son acte est tout à fait légal: «J’ai rédigé l’acte au vu des documents présentés et en présence des témoins exigés par la loi.»
Antar va loin: «Vous n’aviez pas exigé tous les documents avant de rédiger l’acte authentique, dont le cinquième exigé par la loi.» En comptant bien et en nombre d’heures approximativement, El Khalifa a parlé en tout près de 27 heures sans toutefois baisser les bras, le ton, l’énergie et le désir de ne pas se laisser faire par ce Antar visiblement motivé en vue de le faire chuter avant de… El Khalifa, nous vous l’assurons, tient bon: oui, oui, oui!
Au passage, il met K.-O. tous ses ex-collaborateurs qui l’ont dénigré croyant ne plus le revoir rôder dans les parages. Mais c’était méconnaître l’enfant d’Enasria l’ami d’enfance de Meziane Ighil, l’accusé qui a dû subir les foudres de la prise de corps, inconfortablement assis dans le box mais en gardant la tête d’un coach qui voit son équipe être menée à la marque en première mi-temps. Et Méziane est un camarade d’enfance de Rafik le footballeur.
Rahal se dfend très bien surtout que Antar a été «relax» avec lui en lui rappelant qu’il avait été entendu d’abord en qualité de.. témoins, en homme de droit. Ce qui est reproché au vieux notaire, c’est d’avoir remis l’acte avec un dossier incomplet.
Après une demi-heure de tourner en rond, Antar lève l’audience à 10h42 pour revenir à 11h12. L’accusé Rahal revient traînant sa jambe droite, remet sa grosse paire de lunettes et demande à reprendre la parole pour expliquer que le mot «libéré», «cela signifie que toute le monde était présent le jour de l’acte et le montant de 125 millions de centimes a été ramené collectivement. Le reste sera versé en cinq ans.» Et là, honnêtement, nous constatons que cette tranche de procès relève de la section «commerciale» et non «pénale» Puis le notaire détenu ne s’arrêtera plus dans les explictions longues, frastidieuses avec l’insuportable jargon des chiffres. Rahal est résistant en tout…
Antar lui, rappelera qu’entre 2004 et 2006, le juge d’instruction de Chéraga l’avait entendu sept fois! Il lit les passages enfonçants, rédigés par le juge d’instruction: «Et c’est vous qui aviez répondu aux questions sans que vous ayez protesté à l’époque!» dit le magistrat. Les nombreux temps morts nés à la barre ne sont pas dus seulement par l’âge de l’accusé. Le juge est visiblement agacé par les fuites en avant du vieux notaire, mais ne le montre pas. «Ce qui est sûr il il n’y a eu que 85 millards de centimes versés pas 125!» ajoute Antar que Zahia Messegueme pousse vers d’autres questions claires. Le juge avait presque repris une remarque du jeudi à propos des anomalies enregistrées au cours de dix inspections de la Banque d’Algérie et la réforme académique de Rafik selon laquelle il avait certifié que toutes les banques connaissent des problèmes à une période donnée de leur courte existence. «Sauf que la loi, et pas mal de gens l’ignorent, M.le président, permet de faire une demande de secours en vue de redresser cette fâcheuse situation.»
Maître Houari Abdelghani s’installe entre Maître Feddag et Maître Chabi Benouret qui salue de loin son ami, Maître Mohamed Djediat, venu de Boufarik pour l’audience d’à côté: le foncier – dossier renvoyé…
L’échange à la barre dure encore. Et à 11h42, Antar n’est pas parvenu à sortir de l’enlisement de Rahal dans son jargon le plus sombre du droit…
Antar s’accroche et veut enfin coincer ce rude accusé qui mord à pleines dents dans un breakfast saignant. Entre-temps, Rahal, dans ses réponses souvent longues, a mis hors de cause El Khalifa Rafik Abdelmoumen. Maîtres Nasredine Lezzar et Merouane Medjhouda sont heureux comme des bébés: leur client est hors de cause et c’est un accusé détenu qui le fait. Il faut vite revenir à toutes les déclarations depuis le matin et il est 15h40, et le notaire qu’on avait à un moment de sa vie, présenté comme atteint d’une maladie incurable et donc, devait bénéficier de la liberté provisoire, étaient cadencées et mille fois répétées. Mille fois, Antar a posé la même question et mille fois, Rahal a répondu: «J’ai fait du boulot correct. J’ai une secrétaire au-dessus de tout soupçon. Mes employés aussi. Je ne remets la clé où le cachet est gardé à personne. Tout se fait, s’écrit en ma présence et c’est moi seul qui signe tout et seul», a-t-il martelé, la voix rauque et les cordes usées. Même Zerguerras a buté contre un morceau de rail de la gare de chemin de fer de Beni Mered (Blida). L’assistante est impressionnée. Antar n’est nullement touché par les réponses qu’il n’attendait certainement pas depuis le début du procès que ce prestigieux magistrat du centre du pays avait décidé de mener au pas de charge sans aucune concession, ni haine, ni peur, ni crainte…
El Khalifa a été entendu et tout dit. Le dernier entendu, Issiridir Mourad, est le troisième entendu de la journée, et aujourd’hui, il finira sa déposition.