Les débats autour du rôle et du devenir de la société civile se poursuit pour la deuxième journée consécutive au Palais des nations et ce, dans un foisonnement de critiques, d’avis contradictoires et de propositions.
Répartis en cinq ateliers à thématiques distinctes, l’atelier numéro 4 dédié à la «jeunesse» est sans doute celui qui a attiré le plus de monde et qui a suscité le plus d’intérêt non seulement de la part des jeunes, mais aussi des moins jeunes. La raison qui explique cet engouement remonte, selon les participants, à la genèse même de l’organisation des Etats Généraux, à savoir les perturbations qui ont secoué le pays au début du mois de janvier, menées principalement par des jeunes qui voyaient que pratiquement tous les canaux de communication étaient verrouillés.
Prenant la parole, Samir Baghiri, président à la fois de la fédération algérienne et de l’union arabe des jeunes scientifiques a soutenu la thèse que les jeunes ne sont pas écoutés et que le dialogue est quasi inexistant entre cette frange de la société et les pouvoirs politiques. Abondant dans ce sens, Baghiri a fait remarquer que même au sein de l’atelier 4, les premiers concernés ne sont pas assez présents. «Tout en saluant l’initiative du Cnes, je dirai qu’il reste encore des catégories qui ne sont pas représentées. Car j’aurai souhaité qu’un groupe d’une dizaine de harraga soit présent parmi nous afin de nous décrire les raisons qui ont poussé des jeunes diplômés de l’université algérienne à tenter la traversée». Outre les harraga qui constituent les grands absents aux yeux de Baghiri, la participation des présidents d’APC «aurait été d’un grand apport, puisque la commune est au fait des problèmes de toute la société et que le point de départ des protestations est souvent la commune». Le statut des associations a constitué également le point focal des interventions des congressistes. Car de l’avis des intervenants, les textes réglementaires régissant le monde associatif qui date des débuts des années 1990 doit être impérativement revus et corrigés. «Quelles soient fédérations, unions ou associations de quartier. Quelles soient à caractère culturel, scientifique, syndical ou patronal, tout le mouvement associatif est mis dans le même sac», est-il relevé à l’unanimité. Le financement des associations est également abordé lors des débats. A ce sujet, les participants sont convenus pour que les pouvoirs publics aident les projets proposés par les associations et non les associations en tant que telles. Quelques pas plus loin, les invités du Conseil national économique et social discutent la question de la gouvernance et de la démocratie participative. Invités également aux assises, le collectif «Libérez Mohamed Gharbi» a vivement critiqué le dispositif Ansej. Pour lui, «l’Ansej est un génocide économique», a-t-il martelé. Et d’ajouter qu’«on ne peut pas passer du statut de chômeur à celui d’entrepreneur, du jour au lendemain». La solution pour ce collectif composé de jeunes est de relancer l’activité économique qui permettra à son tour de créer des emplois. Parlant au nom du syndicat des médecins spécialistes (SNPSSP), Mohamed Yousfi, a déploré que la tutelle ne respecte pas les lois de la République, dont le droit à la grève. Continuant dans cette logique, le docteur Yousfi n’a pas omis de rappeler le droit des syndicats autonomes à prendre part aux bipartites. «Il n’est pas normal que l’UGTA parle en notre nom alors que personne ne l’a mandaté pour le faire», a-t-il précisé. Les divergences dans les idées se sont poursuivies tout au long de la journée d’hier en attendant de sortir avec des recommandations qui seront portées au président de la République.
Par Hafid Mesbah