Meriem Mehdi, sujet de préoccupation pour Louh
Une conférence de presse a été animée hier par l’ambassadeur de la République d’Iran en Algérie, M. Hossein Abdi Ibiana, en sa résidence à Alger.
Plus qu’un exposé sur les événements qui agitent son pays, ce fut encore une fois l’occasion d’un réquisitoire au franc-parler contre le complot des ennemis de l’Iran.
«350 millions de dollars pour déstabiliser l’Iran»
L’ambassadeur annonce d’emblée l’objectif de sa conférence de presse : «Remédier à l’intox véhiculée par de mauvaises sources qui diffusent sciemment de fausses informations sur la situation en Iran.» «Ils (les ennemis de l’Iran, NDLR) m’obligent à vous dire la réalité moi-même sur la République d’Iran», a-t-il ajouté. S’ensuit alors un résumé sur les tentatives de déstabilisation orchestrée par les ennemis de l’Iran depuis la révolution islamique qui a porté au pouvoir l’ayatollah Khomeiny en 1979.
L’orateur fait d’abord remarquer que, depuis trente ans, il y a eu au moins trente élections, soit une moyenne d’une consultation par an entre présidentielles, législatives, municipales ou conseils de la révolution, «des rendez-vous électoraux qui se sont toujours déroulés dans la sérénité, confirmant la démocratie dans notre pays».
Le ton grave du diplomate cède alors la place à l’habituelle ironie mêlée à de la défiance quand les officiels iraniens évoquent leurs adversaires politiques sur la scène internationale : «Mais pourquoi cette fois-ci de tels événements postélectoraux ? Vous connaissez notre position sur le droit d’accès à l’énergie nucléaire (…) Voilà pourquoi nos ennemis jurés tels Israël, les Etats-Unis et certains pays occidentaux veulent déstabiliser notre pays. Un budget de 350 millions de dollars a été voté au Sénat américain pour financer la subversion qui a commencé au lendemain de nos présidentielles.» Une critique de la politique du complot américain qui fera dire à l’ambassadeur iranien qu’El-Qaïda, le réseau terroriste, est à 100 % américain.
Il a été actionné pour faire chanter les gouvernements des pays en proie au terrorisme. L’audacieux ambassadeur ne se gêne pas d’illustrer son propos en évoquant l’attentat contre le palais du Gouvernement dans notre pays, au printemps de l’année 2007 : «Des Américains l’ont annoncé la veille dans des discussions radio interceptées par vos services de sécurité.»
«Moussavi manipulé, piégé et isolé»
L’ambassadeur a reconnu que le mouvement de rue avait engagé des centaines de milliers d’Iraniens mais qui se sont démarqués par la suite du «groupe manifestement proaméricain». «Moussavi a d’abord tenté de remettre en question les résultats du scrutin, alors que les électeurs étaient encore aux urnes pour finalement reconnaître la victoire du président et verser dans d’autres revendications».
Hossein Abdi Ibiana développe alors la thèse du mercenariat à la solde des Américains qui auraient piégé l’opposant iranien en allant jusqu’à assassiner un membre de sa famille pour l’obliger à continuer sa mission subversive. «C’est ce qui a éloigné les citoyens iraniens sincères de Moussavi qui s’est retrouvé isolé avec un groupe radical armé qui a osé se dresser contre l’islam et les valeurs de notre République islamique.
Les provocations contre le pèlerinage de l’Achoura ont été la goutte qui a fait déborder le vase. Le peuple y a répondu massivement trois jours plus tard à savoir le 30 décembre, lors d’une manifestation à l’ampleur jamais égalée depuis l’avènement de la République islamique. Des slogans antisionistes et antiaméricains ont été scandés pour désavouer ce groupe assujetti à l’ennemi auteur des troubles le jour sacré de l’Achoura où même les chrétiens d’Iran préparent un repas en hommage au martyr l’imam Hussein (…).
Moussavi est maintenant isolé et il est libre de ses mouvements. Nous le protégeons cependant d’un assassinat que ces terroristes pourraient commettre pour l’imputer aux autorités. C’est l’unité de notre peuple qui déjoue depuis trente ans les complots ourdis par les Américains.»
«Ils doivent nous fournir de l’uranium enrichi»
Revenant sur le dossier nucléaire, devenu une vraie obsession dans le camp occidental radicalement opposé au programme atomique iranien, l’ambassadeur déplore cet acharnement de la part de pays qui «détiennent tous l’arme nucléaire comme l’Etat sioniste qui menace la région avec ses 400 têtes nucléaires et qui n’a jamais accepté les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique».
Le diplomate rappelle que son pays est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire et collabore étroitement avec l’AIEA. A ce propos, il fait remarquer que c’est désormais l’Iran qui lance un ultimatum fixant un délai d’un mois pour la fourniture d’uranium par cette agence.
Une demande en vertu du règlement onusien qui prévoit l’approvisionnement en combustible enrichi par l’agence internationale pour les membres du TNP en rupture de stocks. La centrale nucléaire à vocation scientifique de Téhéran a d’abord été alimentée en minerai fissible par les Etats-Unis, à l’époque de leur allié, le shah Mohammed Réza Pahlavi, puis par les Argentins depuis la révolution, mais se retrouve actuellement dans le besoin urgent de matière première dans un pays où la médecine nucléaire est l’une des plus performantes au monde.
«Si dans un mois ils ne se sont pas décidés à nous livrer cet uranium enrichi, nous le produirons nous-mêmes. Nous maîtrisons la technologie pour cela», a-t-il déclaré. Enfin, sur un autre chapitre plus pacifique, l’ambassadeur s’est félicité de la qualité des relations entre l’Algérie et son pays, espérant leur renforcement, notamment dans le cadre de la commission mixte.
Nordine Mzalla