Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes ont tenu hier, au siège de la Ligue arabe au Caire, une réunion pour discuter du développement de la crise en Libye, au moment où plusieurs pays soutiennent la proposition d’une zone d’exclusion aérienne.
En cette 26e journée de l’insurrection libyenne contre le colonel Kaddafi, les forces loyales au régime libyen continuent de maintenir la pression sur les insurgés dans l’est de la Libye, alors que la Ligue arabe devait se réunir dans l’après-midi au Caire en réunion extraordinaire au cours de laquelle l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne sera particulièrement discuté.
De ce fait, les ministres des Affaires étrangères des pays arabes ont tenu hier, au siège de la Ligue arabe au Caire, une réunion pour discuter du développement de la crise en Libye, au moment où plusieurs pays soutiennent la proposition d’une zone d’exclusion aérienne. Rappelons que les ministres des Affaires étrangères des pays arabes ont exprimé, lors d’une précédente réunion, leur refus quant à une intervention étrangère en Libye. Cette rencontre intervient au moment où les confrontations armées s’accentuent entre les forces loyales au régime de Kaddafi et les insurgés qui ont dominé sur de larges régions du pays depuis le déclenchement de la révolution libyenne le 17 février dernier.
Les insurgés repoussés de Ras Lanouf
Un officier des forces rebelles, se confiant à l’agence Reuters, indiquera que dans la ville de Ras Lanouf les forces armées pro Kaddafi ont dominé le port de Sedrah ainsi que les quartiers de la ville, forçant les insurgés à se rétracter après d’intenses bombardements qui ont contraint ces derniers à se replier à 20 km de Ras Lanouf, port pétrolier du golfe de Syrte où se trouvait jusqu’ici la ligne de front. Des bombardements qui, selon la chaîne quatarie Al Jazeera, feront 6 morts et 50 blessés dans les rangs des insurgés. D’ailleurs, les bombardements qui ont touché Ras Lanouf ont bloqué la progression des insurgés partis de Benghazi à la conquête des villes côtières jusqu’à Tripoli.
Le régime libyen continue sa progression vers l’Est, bombardant les positions rebelles, tandis que la communauté internationale affiche son rapprochement avec l’opposition qui a perdu deux villes ces derniers jours. Malgré ses victoires sur le terrain, le régime de Kaddafi reste chaque jour un peu plus isolé, notamment sur la scène internationale. S’agissant des dirigeants européens, ils ont renforcé leur pression sur le dirigeant libyen en reconnaissant le Conseil national de transition de l’opposition (CNT), basé à Benghazi, comme interlocuteur «légitime».
Désormais, la France veut un mandat de l’ONU
Le chef de la diplomatie française, à la vue de la stratégie arrêtée par l’Elysée au sujet de la crise libyenne, dira que la France défend une position «très claire» quant à la nécessité d’un mandat de l’ONU comme préalable à toute opération militaire en Libye. Pour ce faire, Alain Juppé soulignera la nécessité d’«un soutien du monde arabe et des pays arabes». Aussi, appellera-t-il à «une rencontre entre la Ligue arabe, l’Union africaine et l’UE» afin de «concrétiser cette idée».
Obama joue la carte de la prudence
En dépit des appels à des actions plus vigoureuses contre le pouvoir de Kaddafi, le président Barack Obama garde la tête froide et joue la carte de la prudence quant à toute intervention militaire en Libye. Il dira à ce sujet, lors d’une conférence de presse tenue vendredi, vouloir s’«assurer que toutes les décisions que je prends et qui impliquent la puissance militaire américaine soient bien réfléchies et prises en étroite consultation avec le Secrétaire à la Défense Robert Gates, et le chef d’état-major des armées, Mike Mullen, et toutes les personnes concernées».
Ainsi, à ceux qui lui reprochent de réagir insuffisamment face aux troubles qui secouent la Libye, Obama se défendra en affirmant avoir pris plusieurs mesures qui sont en train de «resserrer lentement l’étau autour de Kaddafi et de l’isoler».
Obama citera alors le gel des avoirs du gouvernement libyen qui se chiffrent à 32 milliards de dollars. Le président américain soulignera que cette sanction est la mesure «la plus importante dans l’histoire jamais opérée par les Etats-Unis», rappelant dans ce contexte les sanctions prises par le Conseil de sécurité de l’ONU, notamment celles concernant l’embargo sur les armes et l’interdiction de voyager. Par ailleurs, le chef de la Maison-Blanche indiquera que cette pression sur le colonel Kaddafi se poursuivra, soulignant que «les options qui sont sur la table n’ont pas été toutes prises». Concernant l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne sur la Libye, Obama dira que cette proposition demeurait un «choix possible», indiquant que l’OTAN se réunira pour l’examiner. Dans cette perspective, le locataire de la Maison-Blanche ajoutera que des discussions ont été menées avec les pays arabes et l’Union africaine pour «évaluer leur soutien à une telle action».
Pour résoudre le conflit, l’UA charge cinq présidents africains
L’Union africaine a chargé cinq chefs d’Etat africains en vue «d’animer un comité de haut niveau de l’UA pour contribuer à trouver une issue au conflit en Libye», a annoncé hier l’UA. Il s’agit des présidents de Mauritanie, du Congo, du Mali, d’Afrique du Sud et de l’Ouganda.
La Chine appelle à l’application de la résolution du Conseil de sécurité
La Chine a appelé hier la communauté internationale à l’application de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye, selon une source diplomatique rapportée par l’APS. De ce fait, la Chine soulignera l’urgence «de mettre en œuvre la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies» afin d’«éviter davantage de pertes humaines et de permettre aux parties concernées en Libye de résoudre la crise actuelle par des moyens pacifiques».
La FAO se dit inquiète
L’impact du conflit en Libye sur la sécurité alimentaire du pays et de ses voisins est une source d’inquiétude pour l’organisation onusienne sur la sécurité alimentaire, en raison de la dépendance de la région aux importations céréalières, a indiqué avant-hier l’agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Mission humanitaire
Au 26e jour de l’insurrection contre Mouammar Kaddafi, une mission humanitaire des Nations unies s’est rendue hier en Libye pour «évaluer les besoins humanitaires». «Cette mission doit visiter les hôpitaux et se faire une idée de nos stocks de produits alimentaires et de médicaments».
Par Lynda N. Bourebrab