Si le droit au logement est un acquis irréversible chez nous, il est question de le concrétiser, de l’arracher et de faire face à la bureaucratie, au favoritisme et autres pratiques de «piston» et de «bras longs.
C’était en tout cas la règle qui était de mise depuis toujours et les pauvres qui avaient un besoin pressant et urgent d’un logement étaient souvent ignorés lors des opérations de distribution. Impuissants, ils s’étaient souvent contentés de recours «pour la forme» pour les calmer et les laisser espérer …
que la prochaine fois, ils seront parmi les bénéficiaires. Néanmoins, depuis les dernières émeutes sanglantes du début de l’année et les mesures prises par les pouvoirs publics dans différents domaines de la vie politique et sociale du pays, les populations se montrent plus attentives et décidées à arracher ce droit d’avoir un toit décent.
Ainsi, les dernières opérations d’attribution de logements, accélérées sur instruction du chef de l’Etat, ont connu des oppositions farouches de la part des citoyens, qui ont mis à nu les pratiques de passe-droits des élus, des responsables et autres membres des nombreuses et étranges commissions. Des citoyens n’ont pas hésité à travers de nombreuses communes et daïras du pays à sortir dans la rue contester de vive voix, «l’injustice» relevée dans les listes concoctées par les soi-disant commissions neutres.
A Alger, Oran, Annaba, Constantine, Jijel, Bordj Bou Arréridj, Béchar, Adrar et Bouira, des scènes de violence ont eu lieu. Des jeunes surchauffés ont procédé au saccage et à la fermeture des axes routiers même les plus importants.
La wilaya de Béjaïa a été durant deux jours coupée de la capitale au niveau de Raffour, dans la wilaya de Bouira, où la population s’est élevée contre l’attribution des logements à des non nécessiteux. Dans la daïra d’Hussein-Dey, des non bénéficiaires ont crié au scandale et exigé la révision de la liste puisque une famille de sept personnes vivant dans une seule pièce en était exclue.
Alger-Centre, une exception… pourquoi ?
Au milieu de cette effervescence «nationale», la commune d’Alger-Centre a été pratiquement la seule à être épargnée par la contestation de la rue. Ses élus, en fins communicateurs et bons stratèges, ont su comment gérer dans la transparence la plus totale ce dossier pourtant épineux pour plusieurs autres communes. En impliquant dans cette entreprise les comités de quartiers, ces responsables ont vu juste car les comités ont participé à tout le processus depuis l’étude des demandes jusqu’à l’affichage de la liste finale.
La commission ad hoc composée des vice-présidents d’APC a été élargie aux représentants des 28 comités de quartiers de la commune, selon le vice-président chargé du social. Cette initiative relève de «la gestion participative» des affaires de la population.
Ainsi les listes passées au peigne fin par ces comités, les plus au parfum des choses de la cité, ont été presque «approuvées» par la population qui a déposé tout de même près de 500 recours et dénoncé dix autres cas de bénéficiaires propriétaires de biens immobiliers dans d’autres wilayas et inscrits au nom des membres de leurs familles pour ne pas figurer sur le fichier national du logement. Néanmoins, cette expérience démontre l’impact de la communication et de l’implication des citoyens dans la gestion de ses problèmes.
Ainsi, il est urgent que les pouvoirs publics songent à faire participer le citoyen dans les décisions le concernant directement et ne pas le solliciter uniquement lors des élections. L’exemple de l’APC d’Alger-Centre est le plus édifiant et doit être pris comme exemple. C’est en ce sens que le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, avait souligné qu’il ne s’agit pas de construire des logements, mais aussi de bien les distribuer à qui de droit et équitablement.
«Je pense qu’il faudrait envisager une nouvelle politique de distribution confiée à une commission nationale représentée à l’échelle locale», avait-il dit récemment, suggérant que «les autorités doivent changer la méthode de distribution». Dans l’examen des recours en cours, les commissions ad hoc doivent s’inspirer de la «méthode» d’Alger-Centre pour plus d’équité et de transparence dans ces dossiers… des plus épineux.
Par M. Zemmour