Attentats kamikazes et attaques terroristes meurtrières: La Kabylie vit un de ses étés les plus chauds

Attentats kamikazes et attaques terroristes meurtrières: La Kabylie vit un de ses étés les plus chauds

La wilaya de Tizi Ouzou et son chef-lieu sont devenus une véritable poudrière cette saison et même bien avant. Attentats kamikazes et attaques terroristes meurtrières sont au menu de cette région où règne une vive tension. Durant ce mois sacré de Ramadhan, la Kabylie n’a pas été épargnée et a vécu un de ses étés les plus chauds.

La mi-Ramadhan semble être choisie par la horde des terroristes pour frapper une fois de plus la région. La vigilance des services de sécurité a certes déjoué plusieurs opérations terroristes mais ne peut être complète sans l’implication totale des citoyens. Ces derniers revendiquent à leur tour de meilleures conditions de vie. Ils sont d’ailleurs sortis dans la rue crier leur colère contre la pénurie d’eau, les coupures électriques…

Trois personnes tuées et deux autres blessées

L’enlèvement du fils d’un émigré au village El Bir par un groupe terroriste, commune de Maâtkas, 20 km au sud de Tizi Ouzou, jeudi vers minuit, a tourné au drame. L’intervention des villageois pour libérer l’otage a poussé les terroristes à exécuter l’otage, tuer deux villageois et blesser deux autres.

Il était environ 23h lorsqu’un groupe terroriste, composé de quatre éléments et armé de kalachnikov, s’est présenté devant le domicile d’un émigré du village El Bir pour enelever son fils, Issoune Brahim, âgé de 24 ans et chômeur de son état. Les ravisseurs ont réclamé immédiatement une rançon de 200 millions de centimes contre la libération de l’otage qui a été retenu dans un champ d’oliviers, à une encablure du domicile familiale.

Le père de l’otage avait juste le temps de poser ses valises puisqu’il venait de rentrer de France quatre heures avant l’enlèvement de son fils.

La nouvelle du kidnapping a fait en quelques minutes seulement le tour du village. Les villageois ont été alertés par le déclenchement d’une sirène, nous raconta un cousin de la victime.

Une trentaine de villageois, armés de fusils de chasse sont intervenus de force pour libérer Brahim. «J’ai entendu Brahim crier à haute voix et demander aux villageois de ne pas tirer», témoigne l’un des intervenant, mais les habitants d’El Bir ont refusé de céder au chantage des terroristes. Un accrochage et un violent échange de tirs a été déclenché entre les villageois et les terroristes.

Ces derniers ont exécuté l’otage qui a rendu l’âme sur place. Les terroristes ont touché mortellement l’un des villageois qui n’est autre que le cousin de l’otage, Issoune Karim, âgé de 28 ans. «Karim a été touché à la tête par une balle tirée par les terroristes», nous déclara un villageois qui nous montra le sang de la victime sur terre, à 5 mètres de l’endroit où l’otage a été exécuté. Les terroristes ont réussi à repousser les villageois. «Nous étions à court de munitions», regretta un villageois sur un ton emprunt de tristesse.

La troisième victime, Slifi Rabah, un père de famille âgé de 42 ans a été tué devant le domicile de l’émigré. «C’est un ancien membre de groupe de légitime de défense (GLD) dans notre village durant les années 1990, il est aussi le beau-frère de l’émigré père de l’otage exécuté. Il est venu en catastrophe pour prêter main forte aux villageois», précise un villageois.

Deux autres habitants du village ont été légèrement blessés au cours de l’accrochage. Les terroristes ont réussi à prendre la fuite à la faveur de la nuit. «L’âge des terroristes ne dépasse pas la trentaine. Ils sont très jeunes», témoigna un villageois. «Allah ghaleb, c’est le destin, nous sommes des civils et nous n’avons rien fait, c’est injuste !», nous déclara le père de l’otage devant son domicile qui essayait de retenir ses larmes, hier après-midi.

Et d’ajouter : «Il y a certainement une connivence de quelques personnes au village avec les terroristes, sinon comment les terroristes sont au courant de ma présence au village quatre heures seulement après mon arrivée à l’aéroport ?» Quelques villageois réclament une enquête approfondie. L’atmosphère était tendue hier au village El Bir. La tristesse et la consternation se lisaient sur leurs visages. El Bir est un petit village qui englobe en son sein environ 1000 habitants.

Il est perché sur une superbe colline et entouré de champs de figuiers et oliviers et qui domine l’ensemble de la commune de Maâtkas. Les trois domiciles des victimes grouillaient de monde.

Des centaines d’habitants de la région n’ont cessé de converger durant toute la journée vers le village El Bir, en dépit d’une chaleur suffoquante. Les victimes seront enterrées cet après-midi au cimetière du village. Les villageois préparaient les funérailles. La présence de groupe de terroristes qui a perpétré l’attentat d’hier à Maâtkas a été signalé depuis plus d’un mois déjà dans la région.

«Le groupe déambulait, notamment la nuit, d’un village à un autre», témoigna un habitant de la région. Mardi dernier, ce même groupe a fait une incursion dans le village voisin, Ighil Aouen. «Un villageois d’Ighil Aouène à qui ils ont demandé de la nourriture a tiré avec son fusil de chasse sur ce groupe terroriste», nous dira un habitant de ce village

Il y a de cela quatre mois seulement, ce même groupe, dirigé par un certain émir appelé «le Manchot», à cause de l’amputation de sa main gauche, a subtilisé une somme d’argent de 80 millions de centimes à un autre villageois d’Ighil Aouène.

Vaste opération de ratissage à Béni Aïssi

D’importants contingents de l’ANP ont été déployés dans les maquis de Béni Aïssi, dans la région de Béni Douala, à une quinzaine de kilomètres au sud-est de Tizi Ouzou. Depuis l’après-midi de jeudi dernier, soit au lendemain de l’attentat au lieu-dit Thala Bounane, le véhicule du chef de la sûreté de daïra,

attentat qui s’est soldé par la mort d’un policier et d’un civil, soit encore au lendemain de l’accrochage qui avait opposé les services de sécurité à un groupe dont ferait partie El Khechkache, émir de la seriat de Takhoukht, toujours à Béni Aïssi, les forces combinées ont lancé une vaste opération de ratissage dans cette zone soupçonnée d’abriter d’importantes caches terroristes qui, en égard à des informations obtenues de source très au fait de la chose sécuritaire, cette zone abriterait même des ateliers de confection de bombes et de bourrage de véhicules kamikazes.

L’opération de ratissage qui s’étend du village Imerzi, en passant par Ighil Bouzrou jusqu’à Taberkoukt et du côté est jusqu’à Ihesnawen, et à laquelle prennent part des forces spéciales des parachutistes, se poursuivait hier et aucune information n’a filtrée à ce propos.

Eu égard aux moyens humains et matériels déployées, tout porte à croire que les forces combinées sont décidées à nettoyer ces maquis des groupes terroristes qui semblent en avoir fait une sorte de quartier général (QG).

Les mêmes sources indiquent qu’il est fort probable que le véhicule lancé sur la 1re sûreté de la ville de Tizi Ouzou dimanche, attentat kamikaze mené par un certain Anas Abou al-Nadher, selon un communiqué d’Aqmi repris par un site américain de surveillance, soit bourrée dans cette région d’autant qu’El Kehckhache, natif de la région, est le cerveau de l’attaque kamikaze qui a ciblé le 3 août 2008 le siège des renseignements généraux à Tizi Ouzou.

Explosion d’une bombe artisanale à Azeffoun

Un officier de l’ANP a été légèrement blessé, jeudi vers 12 heures, lors de l’explosion d’une bombe de fabrication artisanale et de faible intensité à Azeffoun, à 60 km au nord de la wilaya de Tizi Ouzou. Selon une source locale, la bombe, actionnée probablement à distance, a explosé au passage du véhicule de l’officier à la sortie sud-est de la ville d’Azeffoun, au lieu-dit Aït Maâlam.

Le militaire, dont les jours ne sont pas en danger, a été transféré vers l’hôpital de la ville, ajoute notre source. Au mois de mai, pour rappel, une bombe de fabrication artisanale a explosé au même endroit lors du passage d’une voiture de la marine nationale sans causer de dégâts. En juillet, une bombe artisanale a explosé à l’entrée ouest de la ville d’Azeffoun au passage d’un fourgon de la police, à quelques encablures du barrage fixe de la police.

Cinq policiers avaient été blessés. La multiplication des attentats terroristes, même s’ils n’engendrent pas de dégâts importants, inquiète sérieusement les habitants de la région.

Aqmi revendique l’attentat suicide de dimanche dernier

L’attentat kamikaze qui a ciblé dimanche le commissariat au centre-ville de Tizi Ouzou a été revendiqué par Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), jeudi dernier dans un communiqué, selon le site électronique du Centre américain de surveillance des sites islamiste (SITE).

«Anas Abou al-Nadher s’est lancé dimanche 14 août à bord de sa voiture piégée contre le commissariat de police de Tizi Ouzou», signale Aqmi. Les revendicateurs de l’attentat n’ont pas donné l’identité exacte du kamikaze. Ils ont appelé à l’occasion leurs partisans au soutien des activités terroristes pour ce mois de Ramadhan, une période considérée comme propice pour le djihad par les membres d’Aqmi.

L’attentat suicide de dimanche dernier, qui a ciblé un commissariat de police en plein cœur de la ville des Genêts, a fait 34 blessés légers, 11 policiers et 23 civils, dont 4 ressortissants chinois. Une seule victime est toujours en observation médicale à l’hôpital de Douéra. Le kamikaze était à bord d’une camionnette Toyota Hylux qui a été subtilisée à un particulier dans la région des Ouadhias, quelques heures avant l’attentat.

Selon une source sécuritaire, l’émir terroriste El Khachkhache, qui écume depuis 1992 les maquis de la région de Béni Douala, serait probablement derrière cette attaque. Il a échappé miraculeusement mercredi dernier aux services de sécurité dans un accrochage au centre-ville d’Ath Aïssi, à 15 km au sud-est de la ville de Tizi Ouzou.

Depuis l’attentat contre le commissariat de police, les services de sécurité de la wilaya de Tizi Ouzou sont sur le qui-vive.

Des citoyens réclament une prise en charge suite à l’attentat kamikaze

Les habitants de la cité 48 Logements de la ville de Tizi Ouzou réclament une prise en charge des autorités locales. Ils étaient des dizaines à sortir dans la rue, jeudi, pour fermer la route au niveau du boulevard Lamali Ahmed, où se trouve le commissariat de police ciblé le 14 août dernier par un attentat kamikaze ayant fait 33 blessés, parmi les policiers et les civils. Cette action, selon les protestataires, est une façon de dénoncer «le mépris des responsables 4 jours après l’attentat». Il se trouve en effet que ces habitations ont été gravement touchées par la forte explosion, causant d’énormes dégâts, notamment en matériels électroménagers, portes et fenêtres, etc.

Ainsi, les riverains déplorent le fait qu’aucun responsable n’a daigné se présenter pour rassurer les habitants et apporter au moins un soutien psychologique aux familles. «Dans les pays qui se respectent, et dans de telles situations, les familles sont immédiatement prises en charge», dénonce un citoyen, qui ajoute que seuls les responsables de la DAS, ainsi que les éléments de la police scientifique se sont déplacés sur les lieux pour constater les dégâts et établir leurs rapports.

La colère des habitants a duré toute la journée, au moment où des policiers mobilisés au niveau du rond-point, place des martyrs du printemps noir, se contentaient d’expliquer aux automobilistes que la route était bloquée et leur donner ordre de faire demi-tour. Dans un communiqué rendu public, les habitants ont dénoncé «l’absence totale d’une prise en charge réelle de leurs problèmes après cet attentat».

En plus de la prise en charge des familles sinistrées, «une expertise des habitations, l’établissement d’une fiche technique des travaux, ainsi que la désignation d’entreprises qualifiées et compétentes dans les plus brefs délais» figurent parmi leurs revendications. En outre, il y a lieu de signaler qu’il n’y a pas que les habitations qui ont été touchées.

Des magasins ont aussi subi d’énormes dégâts. Certains propriétaires de commerces n’ont pas tardé à entamer les travaux de réaménagement avec leurs propres moyens, «faute d’intervention des autorités locales», expliquent-ils. Selon des sources proches de l’Office de promotion et de gestion immobilière (Opgi), ce dernier serait déjà chargé en collaboration avec les autorités locales compétentes d’étudier tous les dossiers des sinistrés, établir et estimer l’ampleur des dégâts, avant d’entamer les travaux de réhabilitation dans les prochains jours.

A. I., B. B. et A. M