Attentats de Jakarta : Le gouvernement accuse l’islamiste Noordin Top

Attentats de Jakarta : Le gouvernement accuse l’islamiste Noordin Top

Au lendemain du double attentat suicide, qui a visé vendredi à Jakarta les hôtels Marriott et Ritz-Carlton, l’Indonésie porte ses soupçons sur l’islamiste radical Noordin Top.

«Le modus operandi des attentats suicides, qui ont huit morts et cinquante blessés , sont clairement liés» au groupe de l’islamiste radical, a indiqué samedi un responsable de l’anti-terrorisme.

De plus, les bombes sont «identiques» à des engins explosifs découverts il y a quelques jours par la police dans une maison qui aurait servi de cachette à Noordin Top à Cilacap, à l’ouest de l’île de Java)

Cet ancien comptable de nationalité malaisienne est considéré comme «l’homme le plus recherché d’Indonésie».

Il est soupçonné d’être l’un des principaux organisateurs des attentats meurtriers perpétrés par la Jemaah Islamiyah (JI) au début de la décennie, notamment à Bali en 2002 (202 morts) et déjà à l’hôtel Marriott de Jakarta en 2003 (12 morts).

Mais certains experts estiment que Top agit désormais indépendamment, «en dissidence de la JI».

Les attentats de vendredi «démontrent» que l’homme, toujours introuvable, est actif et que «la priorité doit être de l’arrêter», a soulignée le chef des services anti-terrorisme au ministère indonésien de la Sécurité.

«Tant que ce responsable ne sera pas attrapé, tous les efforts pour anticiper des attaques)seront vains»,

Au moins quatre étrangers, deux Australiens, un néo-Zélandais et un Singapourien, ont été tués dans les attentats de vendredi.

Parmi la cinquantaine de blessés, figurent 18 étrangers, notamment des Australiens et des Néerlandais.

Il n’y a pas de Français parmi les victimes, a annoncé le Quai d’Orsay.

Certains d’entre eux sont des hommes d’affaires basés en Indonésie qui participaient à un petit-déjeuner séminaire consacré au secteur minier et énergétique du pays.

Le kamikaze a actionné sa bombe en entrant dans la salle de restaurant où ils étaient réunis.

La première explosion s’est produite peu avant 8 heures (3 heures en France métropolitaine) dans un café situé au sous-sol de l’hôtel Marriott, provoquant la mort de sept des huit victimes.

La seconde a dévasté, deux minutes plus tard, un restaurant du Ritz Carlton, alors que des clients y prenaient le petit déjeuner.

«Tout d’un coup, le plafond est tombé et on a entendu un bruit énorme», a indiqué Cho In Sang, un Sud-coréen de 50 ans.

Le chef de la police nationale a confirmé l’hypothèse d’attaques suicide «sur la base des informations obtenues sur les lieux».

Le terroriste présumé ayant perpétré l’attentat au Marriott s’est fait passer pour un invité à l’entrée de l’établissement avant de faire exploser sa bombe dans un café au rez-de-chaussée.

Attentat en 2003 au Mariott

Le président Susilo Bambang Yudhoyono, qui s’est rendu sur les lieux, a dénoncé un «acte terroriste» et une «attaque cruelle et inhumaine».

Ce double attentat «ébranle la situation sécuritaire du pays», a-t-il ajouté.

Les responsables de ces actes «n’ont pas d’humanité et aucune considération pour les dommages faits à notre pays avec cet acte de terrorisme qui va avoir un fort impact sur notre économie, le commerce, le tourisme et notre image dans le monde», a estimé le président.

La capitale indonésienne n’avait pas été visée par des attentats depuis celui du 9 septembre 2004 qui avait provoqué la mort de 10 personnes devant l’ambassade d’Australie.

Un an plus tôt, le 5 août 2003, l’hôtel Marriott avait déjà été victime d’un attentat, qui avait tué 12 personnes.

Cette série d’attentats avait été attribué à la Jemaah Islamiyah (ou «Communauté islamique»), un réseau terroriste soupçonné de liens avec al-Qaida et ayant pour objectif la création d’un Etat islamique en Asie du Sud-est.

C’est ce mouvement qui avait également revendiqué les attentats qui, le 12 octobre 2002, avaient visé deux boîtes de nuit de Bali et fait 202 morts, dont de nombreux touristes.

Ces explosions interviennent deux jours avant l’arrivée des joueurs du célèbre club de football anglais de Manchester United, qui devaient séjourner au Ritz Carlton avant une rencontre prévue lundi soir contre une sélection de joueurs indonésiens.

L’étape indonésienne a été annulée par le club. Elles surviennent aussi une semaine après la tenue de l’élection présidentielle qui a vu, selon des résultats encore partiels, la réélection de Susilo Bambang Yudhoyono pour cinq ans.

La présidence suédoise de l’UE a condamné ce double attentat et dit sa solidarité avec le gouvernement et le peuple indonésiens.

La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a qualifié des «actes de violence insensés».

«Ces attaques illustrent la brutalité des extrémistes et nous rappellent que la menace du terrorisme est très rélle», a-t-elle dit.