L’aéroport de Bruxelles, frappé par des attentats-suicides meurtriers le 22 mars dernier ne disposait pas de plan de crise en cas d’attaque terroriste et la communication entre services de secours a été « un échec global », a révélé un rapport d’enquête publié jeudi par la télévision publique RTBF.
La gestion de la situation et la communication entre services de secours dans les premières heures après les attentats est durement épinglée par la Commission d’enquête parlementaire belge, dans ce premier rapport encore confidentiel.
« Le 22 mars, on a assisté à un échec global de la communication », écrivent les rapporteurs de la Commission d’enquête, en prenant l’exemple du réseau radio Astrid de la police et des secours, saturé au point qu’un quart (23%) des 34.000 tentatives de communication ont échoué ce jour-là.
Le rapport préconise aussi de revoir en profondeur le fonctionnement du centre de crise, et regrette la congestion du réseau de téléphonie mobile, « totalement saturé ».
« Dans la pratique, les services de secours ont souvent dû recourir à des solutions créatives », pointe-t-il, alors que selon les médias, les ambulanciers et pompiers ont parfois utilisé des applications comme WhatsApp pour se coordonner.
Et contrairement à ce qui était prévu pour le métro, « les plans spécifiques de l’aéroport ont été conçus principalement pour faire face à une catastrophe » de type « crash d’avion », qui est « d’un point de vue statistique le risque le plus accru », selon la Commission d’enquête.
« Ces plans ne comprennent pas de volet spécifiquement consacré au terrorisme » et cet aspect n’était pas prévu dans les exercices du personnel de secours à Bruxelles-Zaventem, regrette-t-elle.
La Commission d’enquête insiste pour que le plan de crise de l’aéroport soit « actualisé d’urgence » afin de prendre en compte des catastrophes non aériennes, arrivant dans les parties accessibles au public.
« Il s’est également avéré, lors de l’attentat, qu’il n’y avait qu’un seul chien spécialisé dans la recherche de bombes et d’explosifs présent dans l’aéroport », relève encore la Commission d’enquête, qui rappelle qu’une troisième bombe déposée dans le hall des départs n’avait pas explosé.
L’exploitant du métro de Bruxelles, la Stib, avait en revanche élaboré un plan d’urgence après les attentats à la gare d’Atocha à Madrid (2004) et dans le métro de Londres (2005).
Comme prévu, un centre de commandement en cas de crise a immédiatement pris la direction des opérations après l’attentat dans le station de Maelbeek, dans le quartier européen. Reconnaissant que les plans de crise pour les sites sensibles en Belgique, souvent vieux de plus de dix ans, étaient obsolètes, les autorités ont adopté début mai d’un arrêté prévoyant l’élaboration d’un « plan d’urgence national relatif à l’approche d’une prise d’otage ou d’un attentat terroriste ».
La Commission d’enquête du Parlement belge s’est pour l’instant penchée sur l’organisation des secours et la gestion de crise, volet au sujet duquel elle rendra public son rapport final avant le 21 juillet.
Elle abordera à partir de septembre le fonctionnement des services de police et de renseignement, accusés de défaillances dans le suivi des kamikazes, dont certains ont également joué un rôle clé dans les attentats de Paris et d’autres étaient des membres connus du milieu criminel bruxellois.(Aps)