Rien de nouveau à Marrakech. L’enquête se poursuit sur place alors que la police scientifique marocaine examine toutes les pistes n’en rejetant, ni n’en privilégiant aucune.
L’attentat de jeudi contre un café du coeur touristique de la ville de Marrakech, qui a fait 16 morts et 25 blessés, n’est toujours pas revendiqué. Les autorités marocaines ont cependant mentionné un procédé qui fait penser, selon elles, aux émules d’Al Qaîda.
L’attaque de jeudi est la plus meurtrière au Maroc depuis les attentats islamistes de mai 2003 à Casablanca qui avaient fait 33 victimes, ainsi que les 12 kamikazes. Selon un haut responsable de la sécurité chérifienne, il n’y a pas eu d’arrestation, mais les déclarations de deux touristes néerlandais ont permis d’établir le portrait-robot d’un suspect. Il s’agirait d’un Arabe, jeune, bien rasé et aux cheveux longs qui a été vu au café Argana, quelques minutes avant l’attentat.
Le gouvernement marocain a donc mentionné un procédé qui rappelle la signature d’Al Qaîda et a assuré que «l’hypothèse du kamikaze», avancée dans un premier temps, était désormais «exclue». Citant la répression qui s’est abattue sur des groupes islamistes après les attentats de Casablanca en 2003, Human Rights Watch rappelle avoir dénoncé par le passé «de nombreuses violations des droits humains des suspects de terrorisme au Maroc». Dans ce contexte, cette organisation non gouvernementale américaine a appelé les autorités de Rabat à ne pas commettre «d’abus graves» sur les éventuels suspects et à ne pas «bloquer» les réformes démocratiques engagées récemment. Le roi a toutefois demandé aux ministères concernés de «respecter les principes de l’État de droit et à préserver la paix et la sécurité», souligne HRW.
«Tout en poursuivant les responsables, les autorités marocaines devraient respecter à la lettre les ordres du roi d’engager ces poursuites conformément à la loi, et ne pas commettre de graves abus contre les suspects, comme ceux perpétrés lors d’opérations antiterroristes du pays par le passé», ajoute le communiqué. Le roi Mohammed VI du Maroc s’est, aussi rendu samedi à Marrakech. Au milieu d’un strict dispositif sécuritaire et sous les saluts de centaines d’habitants, le roi a fait une halte de quelques minutes sur la place Jamâa El-Fna, où s’est produite cette attaque. Mohammed VI est allé constater les dégâts dans le café, d’où les touristes aimaient admirer la place Jamâa El-Fna, puis s’est brièvement entretenu avec des agents de la police technique et scientifique marocaine, qui continuaient samedi à recueillir des indices.
Des couronnes et des bouquets de fleurs y ont été déposés samedi matin, en hommage aux victimes de l’explosion de cette bombe commandée à distance. Le souverain marocain est ensuite allé à l’hôpital Ibn-Tofail, où se trouvent selon l’agence marocaine Map sept blessés, deux Marocains et cinq Français, ainsi qu’à l’hôpital militaire, où deux Néerlandais, deux Français et un Marocain reçoivent des soins. Selon une source diplomatique française, deux blessés français ont été rapatriés dans leur pays.
A la surprise générale, l’attentat n’a pas découragé les touristes, qui sont une source de revenus essentielle pour ce pays de l’Afrique du Nord de 32 millions d’habitants, épargné jusqu’ici par les violences qui secouent la région depuis le début de l’année. «Il y a eu quelques annulations, mais peu jusqu’à présent, rien de dramatique. Ça se compte par dizaines», a assuré à l’AFP le ministre du Tourisme, Yassir Zénagui. «C’est très loin de ce qu’on aurait pu craindre», a-t-il ajouté, se disant même «surpris». Dès jeudi, le roi, qui fait face à des demandes de réformes depuis le début de l’année, avait ordonné une enquête rapide et transparente.
Nardjes FLICI