Attentat Karachi : Des suspects auraient financés Balladur

Attentat Karachi : Des suspects auraient financés Balladur

Deux intermédiaires, qui sont intervenus dans la vente de sous-marins au Pakistan, ont participé au financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, selon les informations de Mediapart, jeudi 2 juillet.

Le site publie une enquête s’appuyant sur des notes de la Direction générale des services extérieurs (DGSE), sur un rapport secret d’un ancien agent de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Claude Thévenet, et sur le témoignage de l’ancien directeur financier de la Direction des constructions navales (DCN), Gérard-Philippe Menayas.

Ces intermédiaires, les libanais Abdulrahman El-Assir et Ziad Takieddine, se trouvent désormais au cœur de l’instruction dans l’enquête sur l’attentat de Karachi.

Arrêt des « rétro-commissions »

Le 8 mai 2002, un attentat fait 14 morts dans cette ville du sud du Pakistan, dont 11 ingénieurs français travaillant pour la DCN.

Ecartant la piste d’Al-Qaïda, la justice estime désormais que le mobile de l’attentat serait lié à un règlement de comptes entre la France et le Pakistan, provoqué par l’arrêt de versements de commissions, prévues le cadre de la vente de sous-marins Agosta.

La vente des sous-marins de la DCN au Pakistan avait été conclue en septembre 1994 par le gouvernement d’Edouard Balladur pour un montant de 850 millions d’euros.

Le versement de commissions a été suspendu par Jacques Chirac après son élection en 1995.

Le nouveau président « aurait été persuadé qu’une partie des fonds versés par l’Etat français avaient été destinés à financer en retour Edouard Balladur, son rival dans la course présidentielle, via les fameuses ‘rétro-commissions’ », écrit Madiapart.

Rapport des services secrets

Dans un rapport daté du 11 septembre 2002 et rédigé dans le cadre de sa mission « Nautilus », l’ex-agent secret Claude Thévenet affirme : « En France, le réseau El-Assir a eu pour principale fonction d’assurer le financement de la campagne d’Edouard Balladur (c’est Renaud Donnedieu de Vabres qui a présenté Abdul Raham El-Assir à Emmanuel Aris) « .

Le rapport mentionne aussi « une fiche de la DGSE portant le chiffre 1 en sous impression et rédigée à la même période (ce marquage signifie que la fiche était seulement destinée au directeur général du service).

Celle-ci porte sur les relations financières développées entre El-Assir et Balladur. » Il ne lui a pas été possible de prendre connaissance du document.

L’ex directeur financier de la DCN, Gérard-Philippe Menayas, « a confirmé devant la justice la proximité du réseau El-Assir avec l’ancien chef du gouvernement français », ajoute Médiapart.

« L’existence d’une telle documentation des services secrets français sur les activités d’Abdulrahman El-Assir et de ses liens étroits avec l’ancien premier ministre français ont été confirmés à Mediapart par plusieurs sources, dont un ancien membre de la DGSE », poursuit le site.

Balladur dément

Le directeur de campagne d’Edouard Balladur s’appelait Nicolas Sarkozy, qui était aussi ministre du budget. A ce titre, il a donné son feu vert à la création d’une société, Heine, qui pourrait avoir servi au versement des commissions.

Dimanche 28 juin, Edouard Balladur a rejeté tout financement politique. « Les comptes de ma campagne ont été établis, déposés, contrôlés et validés par l’organe compétent à cet effet », a-t-il déclaré.

Pour sa part, Nicolas Sarkozy avait qualifié de « grotesque » tout lien entre l’attentat de Karachi et la vente des sous-marins.