La vie reprend ses droits à Tizi Ouzou. Les gens ont repris leurs habitudes et vaquent à leurs tâches quotidiennes. Au lendemain du terrible attentat qui a ciblé la 1re Sûreté urbaine, située en plein centre de la ville des Genêts, on reprend son souffle et on panse les plaies.
Les 34 personnes blessées lors de l’attentat kamikaze de ce dimanche noir, 11 policiers et 23 civils, ont presque tous quitté l’hôpital avant-hier en fin de journée. Seul un jeune homme de 29 ans, propriétaire d’un kiosque situé non loin du lieu de l’attentat, est toujours en observation au niveau du CHU.
Il a été victime de brûlures au second degré et son état est jugé critique, après que son local eût été littéralement soufflé par l’explosion. Hier matin, les discussions des habitants de la capitale du Djurdjura tournaient essentiellement autour de l’attentat. Plusieurs questions reviennent sans cesse sur toutes lèvres.
Comment une camionnette bourrée d’explosifs a pu s’introduire en plein cœur de la ville, en dépit des mesures de sécurité draconiennes mises en place ces derniers mois par les services de sécurité. Toute la ville de Tizi Ouzou est ceinturée par des barrages de contrôle.
Le centre-ville de Tizi Ouzou a été libéré enfin à la circulation dimanche soir, par contre, les barricades érigées au niveau des artères mitoyennes aux structures sécuritaires demeurent toujours en place. Les services de sécurité ont redoublé de vigilance.
Ils sont omniprésents aux quatre coins de la ville et procèdent à des contrôles d’identité. Sur les lieux de l’attentat, au carrefour du bâtiment Djurdjura, durant toute la nuit de dimanche à samedi, des ouvriers communaux ont procédé au nettoyage des lieux et à la réparation des dégâts matériels engendrés. Le mur du commissariat, qui s’est effondré, a été reconstruit le jour-même.
D’après certaines sources, la camionnette que le kamikaze a fait exploser a été subtilisée à un particulier quelques heures seulement avant l’attentat dans la région de Ouadhias, au sud de la ville de Tizi Ouzou. Les mêmes sources ajoutent que le propriétaire du véhicule utilisé par le kamikaze a été pris en otage et libéré qu’une fois le forfait accompli.
Des observateurs de la scène sécuritaire estiment que cet attentat, et eu égard au mode opératoire utilisé par les terroristes, serait l’œuvre du groupe d’el Kechkache qui était derrière un attentat similaire qui avait ciblé, vers la fin de mois de juillet de l’année dernière, la brigade de la gendarmerie de Béni Douala.
Ce groupe, qui écume le massif de Takhoukht et Berkamouche ainsi que toute la région sud de la wilaya serait inféodé à la terrible katibat El Arkam qui est derrière tous les attentats kamikazes enregistrés ces derniers mois.
Les riverains réclament une prise en charge
Les appartements et magasins des riverains endommagés par la déflagration demeurent tels quels. Certains habitants des bâtiments Bleu, Djurdjura et du quartier les Genêts n’ont pas caché leur colère. Ils réclament une prise en charge après ce qui vient de se produire comme ils déplorent aussi leur marginalisation.
«Ce n’est pas normal. Personne n’est venu s’enquérir de notre situation. Nos maisons sont sérieusement endommagées et aucun responsable local n’a daigné bouger le petit doigt pour nous aider en ce mois sacré. C’est inadmissible», fulmine un habitant du quartier les Genêts. «Ma cuisine est endommagée.
Heureusement que des voisins m’ont pris en charge et m’ont invité au f’tour, mais pour combien de jours ? Nous n’avons pas les moyens financiers pour réparer les dégâts», nous dira une habitante du bâtiment Bleu, tenant par la main ses deux enfants qui n’arrêtaient pas de pleurer, visiblement désemparés et éreintés à la fois.
«Mes enfants n’ont pas fermé l’œil de la nuit», ajoute-t-elle. Les comités de quartier comptent s’organiser pour réclamer leur droit à l’indemnisation.
A. I.