Attentat de Berlin : avis de recherche européen émis contre un suspect tunisien

Attentat de Berlin : avis de recherche européen émis contre un suspect tunisien

Le ministre de l’intérieur allemand a souligné le fait que le suspect en question n’était « pas forcément l’auteur de l’attentat ». Douze personnes sont mortes, et quarante-huit ont été blessées.

La police allemande était engagée, mercredi 21 décembre, dans une chasse à l’homme pour retrouver l’auteur de l’attentat de Berlin revendiqué dans le pays par le groupe Etat islamique (EI). Survenu lundi soir dans un lieu très touristique de Berlin, cet attentat a fait 12 morts, selon le dernier bilan. Six morts sont allemands, selon la police, alors que les identifications des autres victimes se poursuivent. Parmi les 48 blessés, 14 étaient mardi soir entre la vie et la mort, selon le ministère de l’intérieur.

  • Un Tunisien de 24 ans recherché

Avis de recherche lancé contre l’homme suspecté d’être en lien avec l’attentat de Berlin.

Le ministre de l’intérieur allemand a confirmé en début d’après-midi qu’un nouveau suspect était recherché, après des informations en ce sens de plusieurs médias. « Un avis de recherche a été émis à minuit pour l’Allemagne, mais aussi pour l’espace Schengen, c’est-à-dire en Europe », a précisé Thomas de Maizière, soulignant le fait que le suspect en question n’était « pas forcément l’auteur de l’attentat ».

Il s’agit d’un Tunisien de 24 ans, Anis Amri. Ce dernier utilise au moins six pseudos, mentionnés sur l’avis de recherche. Le document précise que cet « individu [est] très dangereux et susceptible d’être armé ». Le parquet offre une récompense de 100 000 euros pour toute information pouvant conduire à son arrestation.

Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’intérieur (SPD) de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Ralph Jäger, a donné plusieurs détails sur son parcours. Il a indiqué que « le suspect a été très mobile en Allemagne ces derniers mois ». Il serait arrivé en Allemagne en juin 2015 et aurait maintes fois changé de lieu de résidence : il aurait séjourné dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, puis à Berlin depuis le mois de février.

Un homme longtemps présenté comme suspect par les autorités – un demandeur d’asile pakistanais interpellé peu après les faits – a été relâché mardi soir et mis hors de cause.

  • La Tunisie accusée d’avoir retardé l’expulsion du suspect

Le suspect avait vu sa demande d’asile rejetée en juin 2016, mais n’avait pas été expulsé d’Allemagne, car il ne disposait pas de papiers tunisiens en règle. Par conséquent, ce ressortissant tunisien a pu se présenter sous plusieurs identités.

« La procédure d’établissement d’un document tenant lieu de passeport » tunisien, pour permettre son retour dans son pays, a été engagée en août, « mais la Tunisie a disputé le fait que cette personne soit l’un de ses ressortissants, et les documents nécessaires n’ont pendant longtemps pas été établis », a-t-il poursuivi. Finalement, et « par coïncidence », ce document de voyage émis par la Tunisie est « arrivé aujourd’hui » mercredi en Allemagne, selon le ministre. Berlin a à maintes reprises accusé la Tunisie, comme d’autres Etats du Maghreb, de freiner les procédures d’expulsion d’Allemagne de ses ressortissants.

  • Le suspect soupçonné de préparer un attentat

« Ses liens avec les milieux islamistes sont confirmés », a indiqué Ralph Jäger. Le jeune homme était en effet soupçonné, avant l’attaque de Berlin, de préparer un attentat et avait été signalé en novembre au centre allemand de lutte contre le terrorisme.

« La police judiciaire de Rhénanie-du-Nord-Westphalie avait initié une enquête auprès du parquet fédéral allemand (compétent en matière de terrorisme) en raison de suspicions sur la préparation d’un acte criminel grave représentant un danger pour l’Etat », a précisé le ministre.

  • L’enquête se poursuit

Plus tôt dans la journée, le ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, s’était voulu rassurant face à une population inquiète. Il a affirmé que la police n’avait pas les « mains vides » dans cette enquête. La police a expliqué examiner plus de 500 indices, parmi lesquels des traces ADN retrouvées dans le camion, des images de vidéosurveillance et des témoignages divers.

  • Les mesures de sécurité renforcées

Le ministère de l’intérieur a demandé aux forces de l’ordre le renforcement des « contrôles à la frontière franco-allemande » et de la sécurité des « sites de grande fréquentation », après l’attentat de Berlin. Un débat s’est engagé dans le pays sur la nécessité de protéger les places publiques par des bornes en béton ou d’autoriser l’armée à patrouiller, comme cela se fait dans d’autres pays.

  • Offensive des populistes à l’égard d’Angela Merkel

Parallèlement, la pression politique s’est encore accrue sur la chancelière allemande, Angela Merkel, qui concentre depuis des mois les critiques pour sa politique migratoire jugée trop généreuse. Les populistes de droite ont renouvelé leur offensive contre la chancelière, l’accusant, à moins d’un an des législatives, d’avoir mis le pays en danger avec sa politique d’accueil généreuse des réfugiés. Ils ont prévu de manifester en fin de journée devant la chancellerie allemande.