Teguentourine se trouve près de la frontière avec la Libye
Cette attaque repose de manière cruciale la sécurisation des sites pétroliers et gaziers algériens.
L’attaque perpétrée hier matin, contre une base pétrolière à Tinguentourin, dans la région de In Aménas près de la frontière libyenne, intervient dans un contexte de guerre au sens propre du mot. Elle a eu lieu au moment où au nord du Mali, les forces aériennes françaises sont en opération, cela d’une part, d’autre part, elle coïncide avec l’attaque terrestre. Au-delà du bilan, de l’impact médiatique recherché – obtenu – et des implications sécuritaires, cette attaque rappelle certaines vérités. Il faut se rendre à l’évidence que la sécurisation des très vastes territoires désertiques algériens est quasi impossible. Avec 7800 km de frontières à sécuriser, il faut dire que même l’armée chinoise trouverait des difficultés dans cette immense tâche. Cependant, cela n’empêche pas de la fermeté de la part des services de sécurité algériens. Intervenant samedi dernier lors de la rencontre tripartite à Ghadamès (Libye) avec les chefs du gouvernement tunisien et libyen, respectivement MM.Hamadi Jebali et Ali Zidane, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a affirmé qu’«en cas d’atteinte à notre sécurité, nous sommes appelés à être fermes». Il a rappelé que «la position de l’Algérie est connue concernant la situation au Sahel. Nous avons soutenu au maximum le dialogue et continuerons à le faire, mais en cas d’atteinte à la sécurité et l’utilisation d’autres moyens, nous sommes appelés à être fermes». De même qu’il a souligné que la crise malienne aura «un impact direct» (sur la région), mettant en garde contre la circulation des armes. A ce gisement d’armes libyennes, les terroristes d’Aqmi bénéficient d’un avantage certain sur les vastes territoires du Sud. Il connaissent le moindre recoin, la moindre cache et la moindre grotte pouvant les prémunir contre d’éventuels bombardements. Ces sites, ces caches ont été d’ailleurs utilisés par les éléments de l’ANP durant la guerre de Libération pour transférer des armées du Fezzan libyen vers les territoires algériens.
Cette faculté de maîtrise d’un terrain hostile, leur donne une terrible capacité de nuisance. Des observateurs se demandent déjà si les autorités algériennes ne changeraient pas de position quant à la guerre contre les terroristes au nord du Mali. On se pose la question si l’armée algériennes n’allait pas attaquer certaines positions terroristes connues et identifiées à sa frontière avec le Mali. L’autre vérité qui se dégage est la double interprétation que revêt cette attaque. Au plan interne, c’est le deuxième poumon énergétique algérien qui a été attaqué. In Aménas est le plus grand bassin gazier du pays et l’un des plus importants, dans le monde. Au plan international, ce sont des étrangers qui ont été tués et pris en otages. Si les terroristes recherchaient d’abord un impact médiatique, il faut dire que l’objectif a été très largement atteint par cette attaque. La troisième vérité est que désormais, la guerre que mène François Hollande trouve toute sa justification et sa raison d’être. Explication: l’Algérie, un pays qui jouit d’une grande expérience dans la lutte contre le terrorisme, doté d’une armée aguerrie et de moyens de lutte conséquents subit une pareille attaque sur un site stratégique. Qu’en sera-t-il du pauvre Mali dont l’armée est sous-équipée, inexpérimentée et mal formée face à des terroristes armés jusqu’aux dents. Ces derniers ne feraient qu’une bouchée de l’armée malienne pour aller installer un émirat islamiste à Bamako.
Une autre vérité à prendre en considération, est que cela renseigne sur la tâche qui attend les forces françaises dans un conflit qui risque de durer plus longtemps que prévu.
Enfin, la dernière vérité à retenir et pas des moindres, est que cette attaque repose de manière, cruciale la question de la sécurisation des sites pétroliers algériens.
Le débat est aussi vieux que la découverte du pétrole en Algérie. Il a refait surface durant la tragédie nationale quand l’Etat algérien avait imposé, au début des années 1990, un laissez-passer pour rentrer dans la ville de Hassi Messaoud, il a été reposé en mars 2012 lors de l’attaque kamikaze commise par le Mujao dans la wilaya de Tamanrasset, reposé une troisième fois, en juin dernier, lors de l’attentat contre le siège de la gendarmerie à Ouargla et l’attaque d’hier vient nous rappeler que l’optimisation de la surveillance des sites pétroliers par les services de sécurité est plus que jamais d’actualité.