L’opposition algérienne est à l’heure de vérité. Tout plaide pour un retour en force des partis politiques de l’opposition, à moins qu’ils ne sachent mettre à profit la conjoncture actuelle.
Avec la relative ouverture affichée par le pouvoir et les donnes régionales et internationales, rien ne peut justifier tout échec des partis de l’opposition. Ces derniers sont appelés à se réapproprier le terrain et forcer la main aux autorités publiques afin de se libérer de la chape de plomb qui pèse sur le champ politique depuis plusieurs années. Un constat que des formations politiques admettent, certains avec beaucoup de méfiance, d’autres avec un enthousiasme mesuré. Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA), a soutenu que «toute réaction de l’opposition doit se faire dans le seul intérêt du pays».
Autrement, le parti s’inscrit dans le cadre d’une «opposition positive» et toute revendication doit «se faire sans le recours à des actions pouvant déboucher sur des actes de violence». «Si le régime doit partir il doit le faire avec moins de dégâts, l’Algérie n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte» a-t-il indiqué. Ainsi, il affirmera que «le parti va maintenir la cadence actuelle de ses activités» et restera aux côtés des simples citoyens dont «le désespoir est le signe de l’échec des responsables». De son côté, Fatah Rebiai, président du Mouvement Enahda, dit que les partis politiques doivent «continuer à militer afin de parvenir à d’autres acquis susceptibles de permettre l’ouverture du champ politique et médiatique, et d’engager des réformes dans tous les domaines».
Notre interlocuteur a ajouté que le changement «doit se faire d’une manière calme». Dans l’immédiat, annonce-t-il, des concertations ont été entamées avec d’autres formations dans le but de mettre la pression sur les autorités publiques. Les circonstances actuelles n’échappent pas à d’autres formations, tel que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui accentue, ces derniers jours, sa présence sur le terrain, en tentant, il y a deux semaines, d’organiser une marche à Alger, et en prenant part à la marche annoncée pour le 12 février, malgré l’interdiction des actions de rue à la capitale. Le parti de Saïd Sadi s’est montré aussi très virulent envers le pouvoir. Une attitude suivie aussi par le Front des forces socialistes (FFS), à travers un communiqué signé par le premier secrétaire du parti, mais, sans que des actions d’envergure ne soient organisées, du moins jusque maintenant. Le parti des travailleurs (PT) a, quant à lui, décidé de mettre à profit la situation actuelle, en multipliant les sorties médiatique et l’organisation, avant-hier, d’un meeting populaire dans une salle de cinéma à Alger. Louisa Hanoune, dont la position est mi-figue, mi raisin, annonce, toutefois, qu’en cas de révolution en Algérie son parti va la chapeauter.
Les partis politiques non agréés devraient avoir, à leur tour, leur mot à dire. Sid Ahmed Ghozali, président du Front démocratique (FD) et Abdellah Djaballah ont demandé plus d’ouverture de la part des autorités. En attendant les jours à venir, l’on se demande quelle sera la réaction concrète de l’opposition, dont la présence s’est limitée jusque-là, aux seules échéances électorales.
Par Aomar Fekrache