Les dernières déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, ont montré un royaume dans la tourmente.
Le Maroc est à nouveau pris de convulsions. Sa diplomatie vacille. Des documents confidentiels rendus publics par un «Snowden marocain» attestent d’une promiscuité avérée entre le royaume et Israel, comme ils font état de basses manoeuvres pour faire capoter la mission de Christopher Ross l’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental. Le chef de la diplomatie marocaine hallucine au point d’y voir la main d’Alger. Interrogé le 11 décembre par des membres de la Chambre des conseillers à propos de ces fuites qui mettent la diplomatie du royaume dans de sales draps, le ministre marocain des Affaires étrangères «s’est dit convaincu de l’implication des services de renseignement algériens dans la fuite de documents confidentiels de son département sur Twitter», écrit la presse marocaine.
«Le ministre a réitéré sa détermination de poursuivre une diplomatie offensive contre l’Algérie, promettant de présenter, tout au long de l’année 2015, suffisamment de preuves attestant de l’implication de l’Algérie dans le conflit» ajoute-t-elle. Ce n’est pas la première fois que Salaheddine Mezouar sort les crocs contre l’Algérie pour justifier les déboires de son département. «Quand on voit les tentatives du régime algérien pour contrer nos efforts, nous constatons que les méthodes utilisées sont vraiment minables», avait déclaré le 10 juillet l’ex-ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement de Abbas El Fassi (octobre 2007-janvier 2012).
Il est revenu à la charge le 4 août, plus virulent et va-t-en guerre. «L’Algérie devrait assumer pleinement ses responsabilités dans la recherche de la solution à la hauteur de son implication militaire, politique et diplomatique dans la genèse et le maintien du différend régional sur le Sahara» avait-il déclaré dans un entretien accordé au journal Aujourd’hui le Maroc. Dès qu’il s’agit du Sahara occidental, notre voisin de l’Ouest joue avec le feu. Gare cependant au retour de flammes! En effet, des images de manoeuvres militaires sahraouies diffusées par la télévision algérienne (l’Entv) montrent que le conflit du Sahara occidental peut virer à un affrontement armé. L’armée de libération populaire sahraouie (Alps) s’y prépare.
«L’Armée nationale sahraouie ne craint pas le retour à la lutte armée contre le régime marocain», a affirmé le ministre de la Défense, Mohamed Lamine Ould El-Bouhal qui n’a cependant pas fermé la porte du dialogue. Le refus du Maroc à respecter la légalité internationale et les obstacles qu’il a mis en oeuvre pour empêcher l’organisation d’un référendum d’autodétermination peut mettre le feu aux poudres.2015 risque de voir l’approche actuelle du traitement du conflit du Sahara occidental abandonnée. «Le peuple sahraoui va entrer dans une année 2015 très importante, à la lumière du signal fort donné par l’ONU qui estime nécessaire, en cas d’une absence d’avancée dans la question sahraouie d’ici au mois d’avril 2015, d’opter pour une nouvelle approche dans le traitement de ce dossier» a déclaré le président sahraoui Mohamed Abdelaziz. Une option que redoute le pouvoir marocain au point de tenter d’avoir la tête du représentant personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental jugé proche du Front Polisario. «Il s’agirait donc, au stade actuel, d’évaluer la situation dans son ensemble et de mesurer le prix politique des événements à venir en considérant éventuellement, la possibilité pour notre pays de désavouer l’actuel envoyé personnel du secrétaire général…» indique une note interne du ministère marocain des Affaires étrangères portant la référence DG/7/6/N°/2014. Dévoilée par le fameux WikiLeaks marocain «Washington ayant une sensibilité particulière à tout ce qui touche à ce diplomate américain dont la longue carrière au sein du département d’État a porté essentiellement sur les questions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord» souligne un autre document confidentiel du ministère marocain des Affaires étrangères. Des documents qui mettent en exergue tout le désarroi de la diplomatie marocaine et son agressivité envers l’Algérie.
