Attaque du site gazier de Tiguentourine, Londres ouvre une enquête judiciaire

Attaque du site gazier de Tiguentourine, Londres ouvre une enquête judiciaire

La justice britannique a décidé d’ouvrir une enquête judiciaire sur la mort des six Britanniques et d’un Colombien résidant au Royaume-Uni travaillant pour British Petroleum (BP) partenaire de Sonatrach lors de l’attaque du site gazier de Tiguentourine à In-Amenas en janvier 2013. Selon le magistrat en charge des investigations, ce genre d’enquête, dénommée Inquest, vise à déterminer les circonstances exactes d’un décès en cas de mort violente ou inexpliquée.

Précision toutefois, cette enquête n’est pas destinée à établir les responsabilités civiles ou pénales comme celle menée par la police ou les services de sécurité. L’annonce a été faite mardi par Penelope Schofield, responsable des investigations aux familles des sept victimes, rapporte l’AFP. Elle devrait débuter en septembre ou octobre de cette année à la Cour royale de justice de Londres.

Selon l’avocat de la famille de Carlos Estrada, la victime colombienne, cette enquête vient répondre à un besoin des familles des victimes de savoir ce qui leur est arrivé et “comment s’est déroulé ce drame”. Me Clive Garner ajoutera qu’en plus de savoir ce qui s’est passé , de l’enquête doivent être tirées des leçons “si jamais des tragédies similaires devraient se reproduire à l’avenir”. Détail intéressant à relever dans la mesure où cet “avenir” renvoie simplement à la question de la sécurité des sites d’hydrocarbures où opèrent les compagnies anglaises et les grosses compagnies plus généralement. Et c’est sur cette question que semble achopper la décision du retour de BP à In-Amenas, quand bien même les autorités algériennes ont pris des mesures nécessaires avec la révision du dispositif et son renforcement, ainsi que des réaménagements pour les bases de vie et la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage. BP tergiverse encore. Une attitude qui accrédite la rumeur sur la volonté de la compagnie de faire appel à des sociétés de sécurité privées. Des sociétés qui se sont taillées une mauvaise réputation, notamment en Irak, et qui sont souvent assimilées dans leurs activités à du mercenariat. Des sociétés que l’Algérie ne peut accepter sur son territoire, malgré les pressions des compagnies étrangères. Le recours à ces sociétés va engendrer des investissements supplémentaires et des assurances que les compagnies ne voudraient pas assumer seules.

En contrepartie, elles voudraient revoir à la hausse leur participation dans le partenariat en raison, justement, des surcoûts induits par cet investissement “sécuritaire”. Si les compagnies d’assurances posent l’exigence d’une décision de justice, en pareil cas, pour les indemnisations, le timing choisi par le magistrat anglais pour ouvrir l’Inquest reste problématique. Surtout qu’elle intervient dans le sillage de l’extradition d’Abdelmoumen Khelifa après dix ans passés à Londres, entre détention et procédures. Y a-t-il un lien entre les deux ? Surtout aussi que l’enquête ne s’ouvrira qu’en septembre ou octobre prochains. Parallèlement, une enquête judiciaire passera par des témoignages à recueillir aux États-Unis, en France, en Indonésie, aux Émirats arabes unis, alors que d’autres, a précisé Jim Stokley, responsable de Scotland Yard, à l’AFP, lors d’une cérémonie qui sera organisée en hommage aux victimes le 19 février prochain, à Houston au Texas (USA). Cette enquête intervient après celle ouverte à Paris pour les mêmes motifs, à cette exception qu’il n’y a aucune compagnie française à Tiguentourine. Il y a eu une victime française, un ancien gendarme travaillant pour la sécurité.

Et se pose alors la question de l’appréciation faite par les autorités de ces deux pays de l’enquête menée par les services de sécurité algériens sachant que l’Algérie a élaboré un rapport d’enquête qu’elle a partagé avec ses partenaires. Cela d’autant plus que passé le choc, les autorités des pays des victimes étrangères ont salué l’action des soldats algériens dont l’assaut a évité le pire. L’assaut donné par les forces spéciales de l’armée s’est soldé par l’élimination de 29 terroristes et la mort de 38 otages.

D. B.