Hier, jour de l’ouverture des négociations dans le cadre de la troisième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc pour une durée de deux jours, dans la banlieue de New York, les forces de l’ordre marocaines ont attaqué un campement de tentes dressé près d’Al Ayoune
, au Sahara occidental, faisant 2 morts, un gendarme et un pompier, et 70 blessés, selon l’AFP citant une source officielle. Deux morts de plus, deux morts de trop, quelle que soit la nationalité des personnes décédées, marocaines, sahraouies, ou autres, surtout que ce drame pouvait être évité.
A ce sujet, des observateurs ne comprennent pas pourquoi les autorités marocaines ont attendu la tenue de la troisième réunion informelle pour décider cet assaut, au risque de compromettre les chances d’aboutissement à un accord entre les deux parties et, par là, arriver à une paix définitive dans cette région.
Les forces marocaines, qui étaient accompagnées lors de cette opération des forces de la gendarmerie, de la police et auxiliaires contre le camp de Gdem Izik, à l’est de la ville occupée d’Al Ayoune, pour détruire les tentes où vivent plus de 26 000 citoyens sahraouis, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées,
«se sont livrées à une violence inouïe en utilisant des hélicoptères pour larguer des bombes lacrymogènes et des canons à eau contre des citoyens sahraouis sans défense», a affirmé à l’AFP le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek. Il a souligné que les habitants du camp qui ont affiché une résistance et fait face aux forces marocaines sont déterminés à refuser l’intervention par la force.
Le Maroc, a-t-il ajouté, vient de commettre une «aberration» après le discours du roi Mohammed VI dans lequel il a fait montre d’«une agressivité et d’une obstination sans égale», poursuit cette agence de presse citant le ministre sahraoui. Après cette intervention qu’il a qualifiée de «barbare», le ministre sahraoui a appelé la communauté internationale et les Nations unies, notamment le Conseil de sécurité, à «intervenir pour empêcher le Maroc de commettre un massacre».
Il a, en outre, exprimé la condamnation par son pays de «la sauvagerie et la barbarie commises par les forces marocaines contre les citoyens sahraouis sans défense», faisant endosser au Maroc «la responsabilité et les conséquences de ce qui arrivera à la population d’al-Ayoune et du camp».
Il a, à cet égard, réitéré son appel à l’ONU pour «intervenir rapidement».
Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a, par ailleurs, rappelé que «la mise en œuvre de cet horrible plan a commencé par l’encerclement du camp, l’interruption de l’alimentation du camp en eau, la privation de ses habitants de nourriture et l’assassinat du jeune Najem Garhi».
Le Maroc «a expulsé des parlementaires européens, ainsi que des parlementaires espagnols et français et plusieurs journalistes de la ville de Casablanca et de l’aéroport d’Al Ayoune», a indiqué le ministre, selon lequel,
à travers cet acte, le Maroc «veut commettre un crime sans avoir de témoins étrangers, comme il l’a déjà fait lors de l’invasion militaire des territoires sahraouis en 1975, en dépit des appels incessants des organisations internationales des droits de l’homme».
«Le régime de Mohammed VI est différent de celui de Hassan II enclin à la paix.»; «Nous sommes confrontés au régime de Mohamed VI qui est différent de celui de Hassan II qui était enclin à la paix, lors de la signature du plan de règlement onusien en 1991, portant organisation d’un référendum au Sahara occidental, après 17 ans de guerre sanglante qui a coûté aux deux parties (le Maroc et le Sahara occidental) d’importantes pertes et des milliers d’orphelins et de veuves», a-t-il ajouté.
A Al Ayoune, des affrontements entre les jeunes sahraouis et les forces de l’ordre ont eu lieu juste après l’assaut, selon le responsable d’une ONG marocaine et ce qui a été rapporté par une partie de la presse.
«Les affrontements entre les jeunes et la police marocaine ont commencé hier, mais ils ont repris de plus belle ce matin lorsque les premières informations sur l’assaut ont commencé à circuler à Al Ayoune», a-t-il ajouté.
Un autre militant sahraoui des droits de l’homme arrêté
Ce campement avait été dressé le 19 octobre dernier par près de 12 000 habitants pour protester contre «la détérioration» de leurs conditions de vie et réclamer «des emplois et des logements». Un comité chargé de la coordination avec les autorités marocaines l’avait présenté comme un «acte de protestation sociale» sans dimension politique, rappelle-t-on.
Les forces d’occupation marocaines ont procédé dimanche soir à l’arrestation du militant sahraoui des droits de l’homme Ennema Asfari, a-t-on appris hier auprès du ministère des Territoires occupés et des Communautés à l’étranger, a rapporté l’APS.
M. Asfari, co-président du Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme au Sahara occidental (Corelso), «a été arrêté et brutalement torturé par un groupe de la police secrète et du groupe urbain de sécurité (GUS) à Al Ayoune, capitale occupée du Sahara occidental», a rapporté l’agence de presse sahraouie (SPS).
M. A.