Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a révélé les dessous d’un épisode tendu au Conseil de sécurité de l’ONU, où le Maroc a tenté d’imposer son plan d’autonomie comme unique solution au conflit du Sahara occidental.
Une tentative avortée grâce à une mobilisation diplomatique qui a rééquilibré la résolution adoptée samedi dernier à New York.
Dans un entretien accordé à la chaîne AL24 News, Ahmed Attaf a livré une mise au point détaillée sur la dernière session du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée au Sahara occidental.
L’offensive du Maroc stoppée net à l’ONU, selon Ahmed Attaf
Durant cette intervention, il a affirmé que Rabat avait cherché à « faire passer en force » un texte biaisé, en y insérant plusieurs éléments destinés à transformer le cadre du règlement onusien.
Le Maroc a tenté de :
- Réduire la durée du mandat de la MINURSO à trois mois, première étape vers sa suppression ou son affaiblissement,
- Faire reconnaître son plan d’autonomie comme seule base de négociation,
- Éliminer toute référence au principe d’autodétermination du peuple sahraoui.
🟢 À LIRE AUSSI : Algérie – France : Attaf dénonce les surenchères politiques autour des accords de 1968
Cette manœuvre a rencontré une vive opposition. Huit pays, dont l’Algérie, ont proposé des amendements pour rétablir l’équilibre du texte. « Le projet initial était injuste et totalement aligné sur la position marocaine », a expliqué le ministre, soulignant que les modifications successives ont permis de revenir à une formulation conforme au droit international.
ONU : une résolution plus équilibrée qui maintient la mission onusienne
Dans sa version finale, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité prolonge la mission de la MINURSO d’une année complète, conformément aux pratiques habituelles. Le plan d’autonomie marocain y figure toujours, mais seulement comme une option parmi d’autres.
🟢 À LIRE AUSSI : Algérie – Maroc : l’émissaire de Trump évoque un « accord de paix » imminent
« La résolution finale évoque l’autonomie, mais aussi d’autres alternatives. Le jeu diplomatique reste donc ouvert », a précisé Ahmed Attaf. Il a insisté sur un point central, le texte réaffirme distinctement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, dissocié de toute référence au plan marocain.
Autre fait notable, la résolution clarifie les parties au conflit, à savoir le Maroc et le Front Polisario, mettant fin à l’ambiguïté entretenue par Rabat qui tentait d’impliquer l’Algérie directement dans le différend. « L’Algérie n’est pas et n’a jamais été partie prenante au conflit, comme le confirme la résolution », a rappelé le ministre.
L’Algérie « à deux doigts » de voter pour la résolution
Ahmed Attaf a également révélé un épisode peu connu. Alger était prête à voter pour la résolution, à condition qu’une référence à la « souveraineté marocaine » soit supprimée du préambule. « Nous avons officiellement demandé son retrait pour pouvoir soutenir le texte. Cela n’a pas été fait, d’où notre décision de ne pas participer au vote », a-t-il précisé.
Ce détail illustre la sensibilité juridique de chaque mot employé dans les résolutions onusiennes, où la moindre mention peut modifier l’équilibre diplomatique.
Une position constante de l’Algérie sur le Sahara occidental
Tout au long de son intervention, Ahmed Attaf a réaffirmé la position ferme de l’Algérie, un règlement conforme aux principes de l’ONU, le respect du droit à l’autodétermination et des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario.
🟢 À LIRE AUSSI : Algérie – Russie : Tebboune reçoit une lettre de Poutine
Le ministre a également salué la clarté des récentes déclarations américaines. Le conseiller américain Massaad Boulos a en effet reconnu que la résolution mentionnait explicitement le principe d’autodétermination, précisant que l’autonomie n’est qu’une option parmi d’autres. Une position que le chef de la diplomatie algérienne considère comme « un signe d’équilibre retrouvé dans la médiation internationale ».
« Aujourd’hui, les États-Unis manifestent une réelle volonté de redonner de la vitalité au processus de paix, à condition que cela s’inscrive dans le cadre des Nations unies », a-t-il ajouté.
