Athmane Senadjki, 52 ans, s’est éteint. Rédacteur en chef d’El khabar, quotidien arabophone, a tiré a révérence jeudi 30 décembre à l’hôpital de Beni Messous. Ce Monsieur de la presse indépendante a été de tous les combats. Mais à sa manière, c’est a dire sans bruit, presque en silence.
On s’est vu il y a moins d’un mois. Il me parlera d’abord d’Akram, son fils. De la politique, bien entendu. De la presse indépendante, inévitablement. Enfin, de sa détermination à poursuivre son travail pour faire d’El khabar, un journal digne de l’Algérie. Son voeux le plus cher était qu’Al khabar soit une référence, un modèle, une école dans le monde de la presse algérienne.
Prés de 20 ans à la tête d’un titre respecté et respectable, il est resté lui même, c’est à dire humble et modeste. La réussite ne lui a pas monté à la tête. L’humanisme d’Athmane, c’est ce qui a fait sa grandeur, j’allais dire sa noblesse. Que dire de plus. Je finirais peut être sur une note joyeuse. Ayoub, le célèbre caricaturiste d’El khabar qui voulait une augmentation de salaire rentre un jour pour voir Athmane dans son bureau. Oui pour voir Athmane, on ne prend jamais rendez vous, On se pointe à son bureau et s’il est là, il vous reçoit sans protocole.
Donc, Ayoub se lance dans une longue explication, les enfants, le niveau de vie, le transport… Athmane le regarde tendrement et lui répond : tes dessins reflètent la misère sociale, tes dessins sont un thermomètre social. Imagine un instant si tu devenais riche, tu finirais par ne plus ressentir cette misère sociale et tes dessins n’auraient plus cette pertinence, ce génie qu’ils ont aujourd’hui. Ayoub n’as pas obtenu gain de cause, il l’obtiendra plus tard. Mais il a gardé un souvenir indélébile de ce moment avec Athmane. A chaque fois que je rencontre Ayoub, je lui demande de me raconter cet épisode.
Athmane représente beaucoup pour moi. Il représente beaucoup pour ceux qui l’ont connu. Il représente beaucoup pour la presse algérienne. Il représente beaucoup pour l’Algerie.
Que dieu puisse l’accueillir dans son vaste paradis. A Lui nous appartenons et à Lui nous retournerons.
Lamine Chikhi
Journaliste