La victoire du vieux parti historique, le FLN, aux élections législatives avec une majorité relative et surtout, faut-il le rappeler, avec moins de 6% des suffrages exprimés, permet-elle une posture arrogante à l’encontre de ses partenaires et partis politiques au sein de feu, l’Alliance présidentielle, du secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem ? Surtout quand on sait que pas moins de 208 membres du comité central lui ont retiré leur confiance.
Ainsi, celui qui doit tout au chef de l’Etat depuis sa renaissance politique en 2001 jusqu’à une victoire aux législatives, inespérée, puisque lui-même, en de nombreuses circonstances, ne créditait le FLN que de 145 sièges, s’attaque a Ahmed Ouyahia, dont le parti, le RND, le mérite d’avoir fait un bon score sans le secours d’une voix électorale qui favorise le FLN , ni le vote bloqué ça et là des corps constitués.
Belkhadem se pose en donneur de leçon du fait que son parti va siéger à l’APN avec 221 députés rejoints par 13 indépendants. Il pourra se permettre de gouverner sans l’appui du RND, même s’il affirme que le choix revient au président de la République de désigner le Premier ministre.
Il semble que cette observation de Belkhadem n’est pas gratuite et traduit un désir secret de voir partir Ouyahia, l’éternel rival mis sur la touche, pour construire une ambition présidentielle clairement affirmée et jamais démentie de celui qui est prêt à s’allier, selon les redresseurs de son parti, avec les islamistes purs et durs pour y parvenir.
Ils en veulent pour preuve les déclarations chaleureuses du Qatar après la victoire du FLN. Mais en homme politique qui peut dire tout et son contraire, Abdelaziz Belkhadem déclare que «Le maintien d’Ahmed Ouyahia comme Premier ministre ne nous dérange aucunement», ajoutant cette précision qui fait la différence : «Mais si le peuple voulait qu’Ouyahia applique son programme, il aurait donné ses voix au RND.
C’est là un des messages de cette élection qu’il faudra décoder.» Outre cette précision, Belkhadem a voulu se montrer mesuré et ne se risque pas à jouer sur les prérogatives du président de la République en soulignant : «Je ne serai pas nécessairement Premier ministre.» Façon de dire que Bouteflika a d’autres premiers ministrables dans sa manche.
Belkhadem s’abstient de commenter cette prétention à la mandature suprême, sachant pertinemment que son retour à la gestion des affaires de la République peut lui en coûter, car il sera comptable d’un bilan en 2014. Par ailleurs, Belkhadem menace ses opposants au sein du FLN, dont des historiques de la lutte de libération nationale, conforté par le discours de Sétif, dans lequel le Président a pointé l’usure du pouvoir et mis à l’index ceux qui se réclament de la légitimé révolutionnaire pour se maintenir.
Belkhadem s’en est toujours prévalu, oubliant qu’il dirige le FLN par la grâce d’un coup d’Etat juridique, opéré en pleine nuit et qu’il est aux affaires depuis plus de trente ans, excepté la parenthèse de sa traversée du désert pour soutien à peine voilé a l’intégrisme violent. Ainsi a ceux qui revendiquent sa destitution de son poste de SG, ils déclare avec un humour que l’on ne lui connaissait pas : «S’ils veulent que je rase ma barbe, je ne le ferai pas», en réponse à l’accusation qui lui est faite de vouloir «islamiser» le FLN.
Et d’ajouter : «L’élection du 10 mai a prouvé que le parti peut se passer d’eux.» (les redresseurs). Il va même jusqu’à menacer «tous ceux qui ont fauté avec le parti» d’en «payer le prix». Sûr de lui, il déclare encore qu’il fera taire tous ses détracteurs lors de la prochaine réunion du comité central prévue les 15 et 16 juin prochain. Abdelaziz Belkhadem devrait revenir à plus de modestie.
Car la victoire de son parti revient aux interventions répétées et dramatisées de Bouteflika qui ont assuré une participation convenable et permis, grâce à une loi électorale favorable aux grands partis, quand il y a une grande participation de petits partis créés pour, en effet, remporter la mise. Ceci dit, le FLN obtient moins de 6% des suffrages. Est-ce suffisant pour prétendre demain au plébiscite des Algériens, sachant que l’élection présidentielle n’est en rien comparable aux législatives.
M. Bendib