Jusqu’au début des années 80, et à l’exception des projets en construction ou en montage, assurés en TRC/TRM, les autres contrats excluaient formellement les dommages induits par les catastrophes naturelles.
La première loi algérienne sur les assurances (loi 80-07) a, par conséquent, introduit la couverture des CAT-NAT dans le cadre du contrat «incendie», et crée un fonds d’indemnisations des victimes des calamités naturelles (FCN). L’ordonnance 95-07 a étendu la possibilité de couvrir les risques de catastrophes naturelles à l’ensemble des contrats d’assurance «dommages». En dépit de son caractère obligatoire, l’assurance Cat-Nat ne couvre que 8% de la totalité des installations industrielles et commerciales assurables en Algérie et un peu moins 4% des habitations, selon un bilan établi par la compagnie centrale de réassurance CCR au titre de l’exercice 2010.
Aussi, le nombre de contrats CAT-NAT vendus annuellement demeure «bien inférieur aux taux requis», considère la CCR qui estime que les contrats doivent couvrir, au moins 50% des biens et risques assurables.
«L’infrastructure du marché de l’assurance catastrophes naturelles existe en Algérie. Le produit est testé, les canaux de distributions sont nombreux et diversifiés, les limites de garanties acceptables et les conditions de viabilité financières garanties», a relevé M. Hadj Mohamed Seba, P-DG de la CCR, dans une déclaration à l’APS.
Toutefois, la vente annuelle de ces contrats «reste bien en deçà des attentes», note le même responsable de cette compagnie, seul réassureur en Algérie pour les risques CAT-NAT. Dans le même contexte, la même source a affirmé, que le système des assurances contre les CAT-NAT couvre un patrimoine immobilier et industriel évalué à près de 4 trillions de dinars (4.000 milliards de dinars).
Dix ans après les inondations de Bab El-Oued, la nécessité de l’assurance contre les catastrophes naturelles s’est imposée avec insistance de par l’ampleur des dégâts causés mais, paradoxalement la souscription à cette assurance demeure très faible.
Le séminaire organisé, jeudi dernier, sur le thème de l’assurance CAT-NAT en Algérie en termes de politique publique, d’organisation de marché, de marketing et de conditions contractuelles, devait justement focaliser sur le déficit en la matière et sensibiliser, par la même occasion sur la nécessité de vulgariser le dispositif auprès des institutions mais aussi des tiers. La rencontre devait, ainsi, situer avec le concours des experts étrangers, les enjeux assignés au système national d’assurance CAT-NAT et à «identifier les approches et règles à suivre pour dépasser ses limites actuelles», a précisé le P-DG de la CCR.
La participation des acteurs du marché national des assurances (régulateurs, scientifiques, experts techniques et commerciaux, associations des assurés…) devait également permettre l’opportunité d’engager le débat sur un sujet d’actualité. Est-il utile de souligner que l’Algérie débourse annuellement 500 millions de dinars au titre de la prime de réassurance CAT-NAT qu’elle achète auprès de réassureurs internationaux. Cette réassurance lui permet de garantir une couverture de risques de l’ordre de 246 millions de dollars en cas de catastrophes naturelles.
La CCR indique, à ce propos que le tremblement de terre qui a frappé la wilaya de Chlef en 1980 a occasionné des pertes économiques de 2 milliards de dollars, les dégâts matériels causés par le séisme de Mascara survenu en 1994 ont été chiffrés à 50 millions de dollars.
Les chiffres de la CCR précisent que les inondations de Bab El-Oued en 2001 ont coûté 544 millions de dinars, alors que celles de Ghardaïa en 2008 ont comptabilisé 250 millions d’euros et dernièrement celles d’El Bayadh à 6 milliards de dinars. Le tremblement de terre de Boumerdès en 2003 demeure la plus importante catastrophe naturelle en termes de pertes matérielles avec 5 milliards de dollars de dégâts recensés.
D. Akila
Une progression en deçà des attentes
Le marché de l’assurance catastrophes naturelles (CAT-NAT), en Algérie a connu une progression ces dernières années mais qui reste insuffisante en termes de nombre de souscripteurs, ont estimé jeudi dernier à Alger des professionnels de cette branche d’assurance. Le marché des assurances CAT-NAT « progresse mais il n’est pas encore arrivé à un niveau satisfaisant », a déclaré à la presse M. Hadj Mohamed Seba, PDG de la Compagnie centrale des assurances (CCR), en marge d’un séminaire international sur ce thème. Rendue obligatoire en 2004, après le séisme de Boumerdès, le produit d’assurance CAT-NAT a connu un développement en termes de canaux de distribution et de garanties financières qui ne s’est pas pour autant traduit par des ventes importantes de contrats d’assurance. Selon des chiffres déjà fournis par la CCR, 8% des installations industrielles et commerciales et 4% des habitations (287.000 habitations) sont assurées contre les catastrophes naturelles, « des taux de souscription en deçà des attentes », estime-t-elle.
Les contrats doivent raisonnablement couvrir au moins 50% des biens et risques assurables, selon la centrale de réassurance. Six ans après sa mise en place, le dispositif de l’assurance CAT-NAT doit être évalué en vue d’en apporter des correctifs réglementaires en mesure de doper ce segment d’assurance, a soutenu M. Kamel Marami, directeur de l’assurance au ministère des Finances.
Si les primes collectées dans cette branche d’assurance ont évolué positivement à 1,2 milliard de dinars en 2010, contre 1 milliard de dinars en 2009, le marché de cette assurance « est encore en phase d’évolution », note-t-il. Encore, relève M. Marami, le système d’assurance CAT-NAT, qui existe depuis 2004, ne peut être testé qu’en cas de grands sinistres.
Les inondations survenues après cette date à Ghardaïa en 2008 et à El Bayadh en 2011 étaient des sinistres d’envergure moyenne qui ne peuvent indiquer sur l’efficacité de ce système, selon lui. M. Seba a, par ailleurs, appelé à revoir la garantie de l’Etat dans l’assurance CAT-NAT.
« Sa poursuite ou sa suppression mérite d’être débattue », a-t-il suggéré. Les compagnies d’assurance sont les premières garantes en cas de sinistres, mais l’Etat intervient en dernier ressort, en cas d’un déséquilibre financier de tout le système d’assurance et de réassurance, explique-t-on lors de ce séminaire. « Le temps est venu pour repenser cette garantie de l’Etat de manière à assurer la pérennité du système d’assurance et éviter des répercussions négatives sur les finances publiques », a-t-il dit.
Lors de cette rencontre tenue, dix ans après la survenance des inondations de Bab El-Oued, il a été souligné la nécessité de développer l’assurance contre les catastrophes naturelles en Algérie, connue pour sa vulnérabilité sismique et son exposition permanente aux inondations et à des degrés moindres aux glissements de terrains.
Du séisme d’El Asnam en passant par les inondations de Bab El Oued et Ghardaïa…
Pertes en chiffres
En Algérie, le dispositif CAT-NAT couvre un patrimoine immobilier et industriel d’environ 4 trillions de dinars (4.000 milliards de dinars), selon des chiffres fournis par la CCR. Le tremblement de terre qui a frappé la wilaya de Chlef (ex-El-Asnam) en 1980 a occasionné des pertes économiques de 2 milliards de dollars, celui de Mascara survenu en 1994 a causé 50 millions de dollars de dégâts matériels sans compter les pertes humaines. Toujours selon les chiffres de la CCR, les inondations de Bab El-Oued à Alger de 2001 ont coûté 544 millions de dinars, alors que celles de Ghardaïa en 2008, se sont chiffrées à 250 millions d’euros et récemment celles d’El Bayadh à 6 milliards de dinars. Le tremblement de terre de Boumerdès en 2003 reste à ce propos la plus importante catastrophe naturelle en termes de pertes matérielles avec 5 milliards de dollars de dégâts recensés.