En dépit de son caractère obligatoire, la couverture contre les catastrophes naturelles Cat-Nat a encore du mal à se faire une place sur le marché national des assurances. Instauré depuis 2003 à la faveur de Ordonnance n°03-12 du 26 août 2003 relative à l’obligation d’assurance des catastrophes naturelles et à l’indemnisation des victimes, le produit reste peu prisé.
Selon la Compagnie centrale de réassurance (CCR), le nombre de contrats Cat-Nat souscrits annuellement reste bien en deçà des taux requis devant couvrir au moins 50% des biens et risques assurables. Loin de refléter cette logique, les chiffres communiqués par cette compagnie font ressortir que seulement 4% des habitations et 8% des installations commerciales et industrielles ont été assurées contre les catastrophes naturelles en 2010.
Ainsi, malgré l’existence de plusieurs canaux de distribution diversifiés, des limites de garanties acceptables et des conditions de viabilité financières garanties, le marché est loin de répondre aux attentes. Au vu de la situation géographique du pays, dont le nord se trouve sur une zone sismique très active et également exposé à d’autres risques naturels tels que les tempêtes, inondations, mouvements et glissement de terrain, pluies diluviennes, coulées de boues, secousses sismiques, d’importantes pertes sont enregistrées annuellement.
Certains exemples en la matière sont édifiants. Et en ce triste anniversaire du séisme de Boumerdès qui a touché plusieurs villes côtières du centre du pays un certain 21 mai 2003, cette question qui va de la sécurité des personnes et de leurs biens refait surface. Ce tremblement de terre qui a fait près de 2300 victimes reste, en effet, la plus importante catastrophe naturelle en termes de pertes matérielles avec 5 milliards de dollars de dégâts recensés. Le séisme de Chlef (ex-El Asnam) en 1980 a occasionné des pertes d’un montant de 2 milliards de dollars, alors que celui de Mascara en 1994 a causé pour 50 millions de dollars de dégâts matériels. Les inondations de Bab El-Oued en novembre 2001 ont fait quelque 544 millions de dinars, alors que celles de Ghardaïa en 2008 ont laissé derrière elles des dégâts matériels de 250 millions d’euros. Ajoutez à cela la crue de l’oued d’El-Bayadh qui a occasionné, au mois d’octobre de l’an 2010, suite à de fortes chutes de pluies des pertes de 6 milliards de dinars.
Tant de calamités naturelles à caractère récurrent qui n’ont pas réussi, pour autant, à inculquer le réflexe de l’assurance chez les Algériens. En l’absence de contrôle et devant le manque d’informations concernant l’assurance contre les catastrophes naturelles, qui expliqueraient le peu d’intérêt que manifeste le citoyen pour ce genre d’assurance pourtant accessible à toutes les bourses, la Compagnie algérienne de l’assurance et de la réassurance (CAAR) travaille de concert avec les établissements financiers sur la meilleure manière d’obliger les personnes ayant contracté des crédits immobiliers à renouveler annuellement leur contrats d’assurance contre les catastrophes naturelles. Et il s’avère que les banques demeurent le meilleur partenaire pouvant obliger leurs clients, ayant souscrit un crédit immobilier, à se couvrir contre les catastrophes naturelles.
Faut-il noter que chaque année, l’Algérie débourse 500 millions de DA au titre de la prime de réassurance CAT-NAT qu’elle achète auprès de réassureurs internationaux. Cette réassurance lui permet d’avoir une couverture de risques à hauteur de 246 millions de dollars en cas de catastrophes naturelles, mais les compagnies d’assurances n’ont encaissé en 2010 que 1.322 milliards de DA (12,7 millions d’euros) de primes d’assurance catastrophes naturelles.
La Compagnie centrale de réassurance (CCR), seul réassureur en Algérie pour les risques liés aux catastrophes naturelles, n’a perçu en rétrocession sur cette branche durant cette même période que 925 millions de dinars (9 millions d’euros) et a payé à un pool de 30 réassureurs internationaux une prime de 4,8 millions d’euros, soit 500 millions de dinars, pour une couverture maximale de 246 millions dollars.
Hamida B.