La fraude dans le secteur des assurances est un phénomène dont on ne parle pas beaucoup, mais qui prend des proportions alarmantes et qui cause un grave préjudice économique aux compagnies.
Le président de l’Union des assureurs et des réassureurs (UAR), Amara Latrous, a déclaré que les assureurs qui se sont associés pour créer une structure de lutte contre la fraude effectuée sur une période d’une année ont déduit qu’une compagnie d’assurance aurait pu économiser quelque 100 millions de DA. Ce responsable, qui n’a pas cité le nom de la compagnie en question, considère cette somme comme perte pour l’assureur.
«Il y a beaucoup de fraudeurs. Les compagnies sont en train de lutter pour que la fraude soit réduite au plus vite», a déclaré, le président de l’UAR, lors de son passage hier sur les ondes de la Radio nationale, Chaîne III. Ces pertes colossales sont souvent liées à des déclarations fictives de sinistres. La plupart des cas de fraude sont enregistrés dans l’assurance automobile qui est obligatoire. Le manque de données exactes a compliqué davantage la tâche des assureurs à détecter ce phénomène. Aujourd’hui, la lutte contre la fraude figure dans la stratégie des compagnies d’assurance.
Ces dernières envisagent de créer un fichier central des fraudeurs et de mener des enquêtes sur les cas douteux. Les assureurs comptent également mettre en place un référentiel des valeurs des véhicules et des pièces détachées des véhicules circulant en Algérie ainsi que le temps de réparation en fonction des pratiques du marché algérien avec l’objectif général de parvenir à une bonne connaissance et une bonne maîtrise du coût de la réparation automobile.

S’agissant de l’assurance automobile, celle-ci représente, selon l’invité de la Chaîne III, «presque 50 % du chiffre d’affaires global du secteur». «Il faut noter qu’un tiers de l’assurance auto est obligatoire. Le reste est facultatif», a-t-il noté. Interrogé sur une éventuelle augmentation des tarifs de l’assurance automobile, le président de l’UAR, a affirmé qu’aucune «hausse n’est prévue dans
l’immédiat». «Il n’est pas question d’augmenter les tarifs d’assurance automobile», dira-t-il. Néanmoins, ce responsable laisse comprendre qu’une probable augmentation des tarifs d’assurance automobile est inévitable pour que les compagnies d’assurance puissent équilibrer leurs recettes et dépenses.
«Nous avons introduit une demande auprès des autorités pour réajuster les prix de l’assurance auto obligatoire», a-t-il soutenu et promet une réduction des délais de remboursement des sinistrés. Le marché des assurances contre les catastrophes naturelles et plus précisément les séismes et les inondations, n’enregistre quant à lui pas un engouement de la part des citoyens
L’assurance dite «CAT NAT» (catastrophes naturelles», pourtant obligatoire, ne ressort pas en tête des produits placés par les assureurs. «La CAT NAT ne représente actuellement que 0,8 % du chiffre d’affaires du secteur. Des personnes continuent à croire en la fatalité et de s’interroger sur l’utilité d’une telle assurance. Il ne faut pas forcer les gens à s’assurer, il faut expliquer et informer à tous les niveaux.
On a beaucoup à faire et les choses devraient progresser», rassure l’orateur qui reconnaît que les assurances de la personne ne sont pas encore développées en Algérie, malgré les multiples catastrophes qui ont ébranlé le pays. Le chiffre d’affaires du secteur des assurances a augmenté durant le premier semestre 2010, de
14 %, comparé à la même période de l’année écoulée. «Le marché des assurances est passé à 44 milliards de dinars. Il y a donc six milliards de dinars de plus par rapport au premier semestre 2009. C’est une progression mais on aurait pu faire mieux», a souligné M.Latrous.
«Axa doit attendre son agrément»
S’agissant de l’assureur français Axa qui vient d’avoir le feu vert du Conseil national d’investissement (CNI) pour investir en Algérie, le président de l’UAR a indiqué que «Axa attend d’être définitivement agréé par le ministère des Finances». Il y aura une période pour présenter le dossier et une autre pour l’examiner. «Il n’y a pas de problème mais je ne peux pas annoncer que Axa commence début janvier 2011 ou plus tard», a déclaré Amara Latrous.
La société Axa a eu l’accord du CNI après avoir accepté l’application des lois régissant l’investissement en Algérie, notamment celles de l’actionnariat 51/49. «Il n’y a pas que cet opérateur. D’autres opérateurs vont prospecter le marché algérien. Il s’agit de grands groupes français et arabes», a affirmé le responsable.
Par Hocine L.