Associations caritatives, mouvements en gestation, partis en attente d’agrément: Les islamistes reviennent sur la pointe des pieds

Associations caritatives, mouvements en gestation, partis en attente d’agrément: Les islamistes reviennent sur la pointe des pieds

La mouvance islamiste s’agite. Le vent de changements qui secoue le vaste monde arabo-musulman semble apporter du nouveau. Les promesses de Bouteflika d’aller vers un régime plus démocratique, donc plus ouvert aux partis, mettent les islamistes en première ligne du front politique.

Le trio Hachemi Sahnouni- Abdelfettah Zeraoui-Mohamed Chabrak ont leur association fin prête. Elle s’appelle « Djamîate ad-daâwa wal-islah ».



Les statuts ont été confectionnés, les membres désignés, et ne manque qu’une assemblée constitutive pour, ensuite, aller déposer le dossier d’agrément. Les choses sont restées en l’état, faute de trouver un endroit où se réunir, après le refus opposé par le wali d’Alger à leur demande d’organiser leur assemblée dans une grande salle à Alger-centre.

Mais avant cette association, un autre parti est sur le point de réussir, « harakat ad-daâwa wat-taghyir » menée par le duo Abdelmadjid Menasra-Mansour Abdelaziz l’équipe est fin prête pour donner du fil à retordre au MSP, dont elle s’est séparée, il y a deux années, provoquant de graves différends dans le parti de Bouguerra Soltani.

Abdellah Djaballah déposera sa demande d’agrément au niveau du ministère de l’Intérieur avant la fin de la semaine. Il fait déjà trembler ses « frères-ennemis » d’Al Isalah et Ennahda, deux anciens partis qu’il avait créés et dont la direction s’est retournée contre lui.

Cette fois-ci, les saignant à blanc, il promet en coulisses, d’en faire de simples coquilles vides, estimant d’ores et déjà, avoir « fait le plein » de militants de base de ces deux partis, largement déçus par les « piètres prestations politiques » de leurs leaders. Madani Mezrag, de son côté, semblait le plus avancé de tous, en organisant son mouvement, à caractère éminemment politique, dont les membres sont tous issus de l’ex-Armée islamique du Salut, mais aussi d’anciens éléments des groupes armés, recyclés dans la vie politique.

Des membres ont même été désignés dans toutes les wilayas du pays pour représenter, localement, le mouvement. Mais, depuis quelques mois, les choses sont restées à ce niveau. Madani a été surtout gêné dans son avancée par le refus des repentis – dont il se présentait comme le porte-parole privilégié- de laisser « faire de la politique sur leur dos».

Regroupés autour de «Abdessamiâ Abdelkhalek», les repentis ont coupé la parole à Madani Mezrag, et ont courtcircuité toute velléité à quiconque veut parler en leur nom. Même le chef historique du Gia, Abdelhak Layada, fut éconduit. Les repentis, menés par «Abdelkhalek», ont surtout fait valoir leurs droits civils et sociaux, et prit langue avec les autorités.

Pour eux, il s’agit de se prendre en charge, et d’interdire aux chefs de les mener une seconde fois dans des sentiers dont ils ne connaissent pas l’issue d’avance. Dernier mouvement en gestation, beaucoup plus notable, est celui des anciens du Fis, qui souhaitent soit ressusciter le parti dissous, sous son label historique, soit reformer un autre parti, et commencer à activer sous une autre appellation.

Les contacts ont été pris avec Abassi Madani et Ali Benhadj pour mener les choses à terme. Mais on n’en sait pas plus sur les dessous de ce projet. Toutefois, beaucoup de chefs islamistes vont se confronter à l’essentiel.

La Charte pour la paix et la réconciliation nationale interdit le retour à la vie politique à tous ceux qui ont trempé, peu ou prou, dans la tragédie nationale. Toutefois, le dernier article de la Charte laissait au président de larges marges de manoeuvres dont la décision de procéder aux changements qu’il jugerait les plus appropriés pour apporter plus de sérénité et plus de démocratie au pays.

En somme, entre domestiquer et soumettre, le président aura fort à faire dans un contexte ou tous les scénarios restent du domaine du vraisemblable, et les islamistes, au moment où le terrorisme au nom de l’islam faisait florès, estiment qu’ils sont dans leurs droits et qu’ils ont choisi la voie la plus sage…

O.M