Association Maurice-Audin : Après la mort de Josette Audin, «poursuivre les exigences de vérité»

Association Maurice-Audin : Après la mort de Josette Audin, «poursuivre les exigences de vérité»

L’association Maurice-Audin a affirmé vouloir «poursuivre les exigences de vérité sur les conditions de l’assassinat de Maurice Audin, mais aussi l’action sur tous les disparus de la guerre d’Algérie». Cette déclaration a été signée par le président de l’association, Pierre Mansat, qui réagissait à la disparition de la veuve du jeune mathématicien enlevé et assassiné en 1957 par l’armée coloniale française durant la guerre de Libération.

«Nous allons continuer le combat (…) et c’est sans doute le plus bel hommage qu’on peut rendre à Josette Audin», a promis avant-hier dimanche  Pierre Mansat sur les ondes de la Chaîne de Radio française France Info. Josette Audin est morte samedi dernier à Bagnolet, près de Paris, à l’âge de 87 ans. Elle se battait depuis 60 ans pour que l’armée française reconnaisse avoir torturé et assassiné son mari. Elle sera «enterrée dans l’intimité familiale. Nous avons convenu avec Pierre et Michèle Audin (ses enfants, ndlr)  que ce sera sans doute lors de l’inauguration du cénotaphe Maurice Audin, qui va être réalisé au Père Lachaise.

Un hommage public sera rendu à Josette Audin à cette occasion, sans doute en juin 2019», a indiqué Pierre Mansat. «Elle a vécu toute sa vie avec cette injustice enfouie au fond d’elle-même», a réagi de son côté sur France Info, Pierre Laurent, ancien secrétaire national du Parti communiste et sénateur de Paris. «C’était une militante très humble, modeste mais très courageuse, assurée dans ses convictions et elle l’est restée toute sa vie.» En Algérie, le président de la République Abdelaziz Bouteflika  a adressé un message de condoléances à la famille de la défunte, rendant hommage à une «militante anticolonialiste de la première heure».

«C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Josette Audin, militante anticolonialiste de la première heure», écrit le président Bouteflika dans son message. Le chef de l’Etat a tenu à saluer «avec émotion» la mémoire de «cette grande dame qui a mené un combat inlassable, sa vie durant, afin que la vérité soit faite sur l’assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la guerre de Libération nationale». «Son courage, sa persévérance, la force de ses convictions et de ses engagements ont marqué les esprits à jamais», a-t-il ajouté.

«Détermination inébranlable»

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a affirmé, hier lundi, que le militant Maurice Audin «avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort» par l’armée française. Dans un hommage à Josette Audin, il  a rappelé, qu’arrêté à son domicile par des militaires français le 11 juin 1957, Maurice Audin «ne revint jamais».»

Il avait été torturé puis exécuté ou torturé à mort par ceux qui l’avaient arrêté», a-t-il dit, soulignant que la plainte pour enlèvement et séquestration que Josette Audin déposa alors «achoppa, comme d’autres, sur le silence ou le mensonge des témoins-clés».

Il a encore rappelé que «l’enquête fut définitivement close en 1962 par un non-lieu, en raison des décrets d’amnistie pris à la fin de la guerre d’Algérie, qui mirent fin à toute possibilité de poursuite».

«Déplaçant alors son combat pour la justice sur le terrain de l’établissement et de la reconnaissance de la vérité, des faits historiques et des responsabilités politiques, Josette Audin continua à se battre avec une détermination inébranlable pour savoir ce qui était arrivé à son époux, puis pour que cette histoire soit connue, et, plus généralement, pour que l’histoire complexe et douloureuse de la guerre d’Algérie soit regardée avec courage et lucidité», a ajouté le chef de l’Etat français. «La vie de Madame Audin fut une vie d’amour et de combat pour son mari et pour la vérité.

C’est son viatique et la source de notre profond respect», a-t-il conclu.

Le 13 septembre 2018, le président Macron, en rendant visite à Josette Audin, avait reconnu le rôle de la France dans l’assassinat de son mari et la pratique de la torture durant la guerre de Libération nationale.