Annoncées pour le mois de juillet, les assises nationales sur les réformes éducatives n’ont pas eu lieu.
Le ministère de l’Education nationale, qui prépare la prochaine rentrée scolaire, ne souffle mot sur la question. Une attitude qui fait dire aux syndicats autonomes que ces assises risquent de ne pas se dérouler. Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), a souligné qu’il n’existe pas une volonté politique pour aller vers de véritables réformes. Pour lui, la tutelle n’a ni la volonté ni le pouvoir de réformer le système éducatif en place.
La décision dépasse, selon ses dires, les prérogatives du premier responsable du secteur, Abdelatif Baba Ahmed. « La non tenue de ces assises était attendue par notre syndicat et ne constitue point une surprise », affirme-t-il. Selon lui, la démarche initiée par le ministre n’était pas « riche » et, surtout, ne « répondait pas aux attentes de la famille éducative » de par l’absence de véritables consultations « sérieuses » et « sereines » avec les partenaires sociaux et les experts en la matière. Mêmes propos pour le chargé de communication du Conseil national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba, qui a fait savoir que le manque de temps et la précipitation dans la confection de la programmation ont joué un mauvais tour au ministère.
Selon lui, la manière adoptée par le département de Baba Ahmed pour procéder à l’évaluation n’est pas forcément la meilleure. Il a noté l’absence de véritables concertations avec les partenaires sociaux, la précipitation et la légèreté dans la rédaction des rapports, aussi bien au niveau des établissements scolaires que des daïras et wilayas. C’est pourquoi le Cnapest fait de la participation des enseignants, des pédagogues, des partenaires sociaux et autres experts, une condition sine qua non pour l’organisation de véritables assises capables de remettre sur les rails l’école algérienne De son côté, le chargé de communication du l’Union nationale des personnels de l’éducation et de formation (Unpef), Messaoud Amraoui, a indiqué que le ministère ne dit rien sur la tenue ou non de ces rencontres dans les jours à venir. Pour l’Unpef, il n’y a aucune raison valable justifiant ce rendez-vous manqué. « Les rapports ont été établis, les insuffisances cernées et les éléments à renforcer déterminés. On n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ces assises n’ont pas eu lieu », lâche-t-il. Toutefois, il n’a pas écarté la possibilité que ce dossier ait été exploité à des fins purement politiciennes. Mais pour la vice-présidente de la Fédération des parents d’élèves de la wilaya d’Alger, Djamila Khiar, la non- tenue des assises est loin d’être une fatalité. Pour elle, les concertations menées dans le cadre du processus des réformes lancé par le ministre de l’Education se sont déroulées dans les meilleures conditions et des correctifs ont été faits. Elle a fait savoir que les lacunes ont été relevées et les éléments à consolider ont été cernés. Sentence : « Il était difficile d’organiser ces assises en juillet à cause des examens de fin d’année et les préparatifs pour la nouvelle rentrée scolaire qu’il faut réussir », objecte-t-elle. Djamila Khiar a indiqué qu’elle tentera de faire le point sur la question avec le ministre, et ce, à la faveur de la conférence nationale sur la rentrée scolaire qui aura lieu samedi prochain. Il convient de souligner que le ministre de l’Education nationale avait annoncé, lors d’une conférence nationale tenue en février dernier à Alger, la tenue des assises nationales les 9,10 et 11 avril dernier. Une large consultation a été entreprise au niveau des établissements scolaires, des daïras et des directions de l’éducation ainsi qu’au niveau des wilayas. L’évaluation portait sur quatre axes fondamentaux : le programme de l’enseignement obligatoire de 6 à 16 ans, les conditions de scolarisation, la formation des formateurs et la modernisation de la gestion pédagogique et administrative des établissements éducatifs. Le rendez-vous d’avril n’a pas eu lieu. Le mois de mai dernier, le ministre a annoncé, une nouvelle fois, la tenue des assises en juillet. Mais là encore, la rencontre n’a pas été tenue.
H. Amokrane