«Notre objectif est d’atteindre à l’horizon 2015, 2,5 millions de touristes en Algérie», a déclaré hier le ministre du Tourisme, Mohamed Benmerradi. Ce dernier qui intervenait à l’ouverture des travaux des «2èmes assises nationales du tourisme», n’a pas manqué de rappeler ce qu’il qualifie «d’apport» de l’Etat pour contribuer au développement du tourisme dans notre pays.
Un investissement privé de 220 milliards de DA est injecté dans le secteur depuis l’année 2012 pour la concrétisation de 713 projets dans la perspective de mettre sur le marché quelque 82.000 lits, a fait savoir le ministre qui avoue cependant que parmi les projets susmentionnés 405 sont «bien avancés» avec un taux de 60%, 120 ont vu les travaux arrêtés à mi-chemin faute d’investissement alors que 150 autres projets n’ont jamais démarré pour cause d’absence de plan d’aménagement dans les régions d’extension touristique. «Nous sommes encore au début du chemin», ajoute le ministre qui souligne clairement qu’il faudrait désormais «revoir notre stratégie et certaines lois». Il dira même clairement au cours de son discours que la dynamique engagée par l’Etat depuis 1962 n’a pas apporté ses fruits en dépit de toutes les potentialités que recèle le pays.
Aveu d’échec ou simple «mea culpa», Benmerradi, qui a pris les rênes du département ministériel il y a moins d’une année, se fixe comme objectif de créer 500.000 emplois à l’horizon 2015 dans le secteur à travers notamment les 75.000 lits qu’il compte concrétiser à cette date. Pour y arriver, le ministre semble compter énormément sur ces 2èmes assises nationales du tourisme pour faire des «propositions concrètes et pratiques ». Ces assises de deux jours, faut-il le rappeler, seront un espace d’évaluation, de réflexion et de discussion sur la situation et le devenir du tourisme national. Elles regroupent l’ensemble des intervenants dans la chaîne touristique à savoir l’administration centrale et locale, les professionnels et acteurs du tourisme, experts, mouvement associatif et institutions.
Tout comme il faut rappeler que les premières assises du tourisme, tenues en février 2008, avaient été sanctionnées par une série de recommandations qui avaient mis l’accent notamment sur le rôle du Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT) comme instrument privilégié de développement durable du territoire. Le ministre du Tourisme dans son bilan présenté hier a fait par ailleurs état de l’emploi par le secteur à la fin de l’année 2012 de pas moins de 430.000 personnes, soit 5% du total des emplois dans notre pays.
Le secteur a engrangé également à la fin 2012, 265 milliards de DA contribuant ainsi à hauteur de 2% au produit intérieur brut (PIB) du pays, a ajouté Benmerradi qui souligne que le parc hôtelier national a atteint 1136 unités, avec 96.000 lits dont 18.000 seulement relèvent du secteur public. Il y a lieu de noter que la rencontre (assises nationales) se veut, explique un communiqué du ministère du Tourisme, un espace d’évaluation, de réflexion et de discussion sur la situation et le devenir du tourisme. Lors des travaux en plénière, et outre la présentation d’un bilan du secteur 2008/2012, ajoute la même source, des experts nationaux et étrangers présenteront des communications sur des thèmes relatifs à l’aménagement touristique, la qualité des prestations et le marketing de la destination Algérie.
«La nature très sensible de l’activité touristique et sa réaction quasi immédiate à tout événement ou phénomène, endogène ou exogène, direct ou indirect, incite à opérer une veille constante et une évaluation périodique des avancées réalisées ou des retards enregistrés en vue de réadapter, le cas échéant, les démarches poursuivies», note le document remis aux journalistes. Rappelons que le développement du tourisme en Algérie repose sur une vision projetée, à l’horizon 2025, par le Schéma directeur d’aménagement touristique (SDAT), adopté en 2008 par le gouvernement en tant que référence politique et stratégique capable de faire face valablement à deux enjeux majeurs à savoir «La réhabilitation de l’Algérie dans sa place de destination touristique qu’elle avait occupée durant les années 70/80» ainsi que «La prise en charge de la demande interne en loisirs et détente exprimée par la population particulièrement les jeunes et les familles». La stratégie adoptée pour la mise en oeuvre de cette politique se décline en deux étapes, selon le ministère.
Il s’agit d’une première étape, à l’horizon 2015, considérée comme une phase «d’amorçage» par la mise en place des instruments multiformes dans les domaines de l’investissement, de la formation de la ressource humaine, de la promotion des potentialités touristiques et de la régulation des activités et une seconde étape de «mise en tourisme» de l’Algérie, à l’horizon 2025, de manière graduelle et assise sur les fondements mis en place lors de la première étape.
Dans une lettre adressé aux participants à ces 2èmes assises nationales du tourisme organisées à la résidence d’Etat, Club des Pins à Alger, le chef de l’Etat a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir la destination Algérie en rappelant tous les efforts engagés par les autorités pour asseoir une base solide au développement du pays à travers notamment la construction de l’autoroute Est-Ouest, l’autoroute des Hauts Plateaux, le développement des chemins de fer ainsi que l’entrée en service du métro et du tramway dans plusieurs villes.
Z. Mehdaoui