Assises nationales de l’agriculture : Comment nourrir les 40 millions d’Algériens

Assises nationales de l’agriculture : Comment nourrir les 40 millions d’Algériens

Agriculteurs, techniciens dans le domaine, agronomes et chercheurs sont appelés à s’impliquer davantage dans la conception d’une autre stratégie sur laquelle s’appuiera l’agriculture algérienne de demain.

Les orientations formulées par le président de la République lors de la Conférence nationale sur l’agriculture, tenue en février 2008 à Biskra, visant un recentrage de la politique agricole et rurale du pays, ont depuis, fait leur bonhomme de chemin, non sans admettre qu’elles se sont traduites sur le terrain par des résultats probants. Aujourd’hui, soit 10 ans après cette réorientation, des spécialistes avertis estiment qu’après que les pouvoirs publics aient tenu leur engagement en consacrant ce recentrage des moyens techniques et financiers colossaux, c’est au tour des agriculteurs, des techniciens dans le domaine, des agronomes et des chercheurs de s’impliquer davantage dans la conception d’une autre stratégie sur laquelle s’appuiera l’agriculture algérienne de demain. Les assises de l’agriculture qui se tiennent aujourd’hui à Alger sont une occasion de faire le point, mais aussi d’établir les ingrédients de celle-ci (l’autre stratégie). De prime abord il est utile de souligner que l’idée de recentrage en valait la peine, dans la mesure où cette politique de renouveau agricole et rural «a permis de mettre le secteur de l’agriculture en position de relever efficacement deux défis majeurs: jouer le rôle de véritable moteur de la croissance et contribuer à l’amélioration significative de la sécurité alimentaire du pays, devenue un enjeu de sécurité nationale. Le deuxième est de mettre le développement rural, en tant que politique intégrée et multisectorielle, en situation de promouvoir un développement soutenu, durable et équilibré des territoires ruraux et d’améliorer sensiblement les conditions de vie des populations rurales», ont attesté à diverses occasions de nombreux experts.

Faut-il admettre que cette vision stratégique qui s’inscrivait à l’époque (2008) dans la durée, a permis d’obtenir des résultats et des indicateurs de mesures à prendre.

Nette évolution de la production

En effet, selon les statistiques du ministère de tutelle, et concernant la production agricole nationale, celle-ci a connu ces dernières années une évolution significative dans l’ensemble des filières agricoles et a permis d’approvisionner le marché local et de couvrir à hauteur de 72% les besoins alimentaires du pays. Dans le détail la valeur de la production agricole a connu une hausse significative ces cinq dernières années, passant de 1627, 8 milliards de DA à presque 3000 milliards de DA. Cette évolution s’est traduite par un taux de croissance agricole de plus de 12% alors que l’objectif tracé était de 8,33%, et par une valeur de la production agricole de plus de 2761 milliards de DA soit l’équivalent de 35 milliards de dollars, et une progression de 7,8% du nombre d’emplois existants. Quant au renouveau, les programmes ont permis la réalisation de près de 13.000 projets de proximité de développement rural intégrés (Ppdri) et qui ont touché 903 communes, 4 221 localités, 1 114.420 ménages ruraux et 6.687.500 personnes. Toujours à propos de la politique du renouveau, les experts s’accordent à dire qu’elle s’est traduite sur le terrain, notamment, par le règlement de certaines questions qui constituent, depuis de nombreuses années, une contrainte majeure pour les professionnels agriculteurs, éleveurs, agro-industriels, etc.) parmi lesquelles la question foncière pesait lourdement. Elle a alors été prise en charge dans le cadre de la loi n°10-03 du 15 août 2010, fixant les conditions et les modalités d’exploitation des terres agricoles du domaine privé de l’Etat.

Ce dispositif législatif a, en effet, mis un terme au manque de visibilité et aux incertitudes préjudiciables en stabilisant l’exploitation du foncier agricole relevant du domaine privé de l’Etat, et en sécurisant l’exploitant agricole dans le cadre d’une concession clairement définie et encadrée.

Parallèlement, un intérêt particulier a été accordé à la ressource humaine activant dans le secteur, de telle sorte qu’un Programme de renforcement des capacités humaines et d’assistance technique (Prchat) a été mis en place en vue d’améliorer le savoir et le savoir-faire des professionnels de l’agriculture et d’augmenter leur degré de connaissances pour une bonne gouvernance de l’acte de gestion et d’application, sur le terrain, des bonnes pratiques agricoles, dans leur diversité.

Investir davantage

Tous ces résultats ont valu à l’Algérie d’être distinguée, en juin 2013, par la FAO, pour avoir atteint, avant terme, le premier des objectifs du millénaire pour le développement relatif à l’élimination de l’extrême pauvreté à l’horizon 2015. Cela dit, il serait regrettable de tomber dans le satisfecit, dans le sens où les besoins alimentaires futurs du pays nécessitent un accroissement régulier de la productivité agricole. «Cela ne peut se faire que par l’investissement dans les sources de croissance de la production qui sont le progrès technique, l’infrastructure, la formation des agriculteurs et l’amélioration de leur organisation et de leur intégration dans les filières», estiment des experts. Autrement dit, la profession agricole devra s’impliquer davantage en développant un trésor d’innovations et d’imagination pour assurer longuement la sécurité alimentaire du pays. La balle est donc dans le camp des agriculteurs, des agronomes et des chercheurs dans le domaine. Certains de ces derniers auront sans aucun doute leur mot à dire lors des assises de l’agriculture.

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