Assia Djebar est morte hier à l’âge de 78 ans, Une grande figure de la littérature s’en va

Assia Djebar est morte hier à l’âge de 78 ans, Une grande figure de la littérature s’en va

Auteur d’une quinzaine de romans traduits en 21 langues, mais également de la poésie, du théâtre et des nouvelles, Assia Djebar est décédée vendredi soir à Paris des suites d’une maladie. Elle sera enterrée à Cherchell, très probablement jeudi prochain. Cette auteure majeure de la littérature algérienne et maghrébine laisse derrière elle une œuvre remarquable et peu connue également, entamée en 1957 avec le roman la Soif, et axée sur l’histoire, l’Algérie et l’émancipation des femmes.

La femme de lettres algérienne, membre de l’Académie française depuis 2005, Assia Djebar, est décédée vendredi soir à Paris, à l’âge de 78 ans, des suites d’une maladie. Elle sera inhumée dans son village natal de Cherchell.

Cette figure majeure de la littérature algérienne et maghrébine d’expression française laisse derrière elle une œuvre colossale (romans, nouvelles, poésie, théâtre, cinéma), remarquable, entamée en 1957 avec le roman la Soif (Paris, Julliard).

De son vrai nom Fatma-Zohra Imalayène, l’écrivaine et historienne est née en 1936 à Cherchell dans une famille de la petite bourgeoisie traditionnelle.

Enfant, elle a fréquenté l’école coranique et l’école primaire française à Mouzaïa dans la Mitidja. Brillante élève, elle obtient son baccalauréat en 1953, et intègre d’abord le lycée Bugeaud (actuel Émir-Abdelkader) à Alger, puis le lycée Fénelon à Paris. En 1955, elle est admise à l’École normale supérieure de Sèvres, ce qui fait d’elle la première Algérienne à intégrer cette école. Lors de la grève des étudiants de 1956, elle ne passe pas ses examens de licence, par solidarité nationaliste. Après son premier roman publié en 1957, elle enchaîne l’année suivante avec les Impatients (Paris, Julliard).

En 1959, elle est assistante d’histoire de l’Afrique du Nord à l’université de Rabat, et en 1960, elle écrit la pièce de théâtre Rouge l’aube — qui sera adaptée scéniquement par Walid Carn, traduite vers l’arabe et représentée lors du premier Festival culturel panafricain en 1969 —, ainsi que des poèmes. En 1962, Assia Djebar enseigne l’histoire moderne et contemporaine de l’Afrique du Nord à l’université d’Alger, jusqu’en 1965, puis retourne dans cette même université en 1974, en tant que maîtreassistante, donnant des cours de scénographie théâtrale et sur des problèmes cinématographiques.

Mettant quelque peu de côté sa carrière d’écrivain, Assia Djebar se lance dans la mise en scène et réalise pour la télévision son documentaire la Nouba des femmes du mont Chenoua. Le film sort en 1978 et obtient en 1979 le prix de la Critique internationale (Fipreci) à la biennale de Venise.

Puis en 1982 sort son film la Zerda ou les chants de l’oubli. Poursuivant plus tard son œuvre romanesque, elle publie plusieurs ouvrages, notamment Femmes d’Alger dans leur appartement (1980), l’Amour, la fantasia (1985), Ombre sultane (1987) et Loin de Médine (1991). Son roman le Blanc de l’Algérie (Albin-Michel, Paris, 1996) “témoigne sur les assassinats des intellectuels. Il s’agit d’un récit poignant, d’un immense cri de douleur”. Assia Djebar a enseigné, à partir de 1995, à l’université de Bâton-Rouge en Louisiane (USA) où elle a dirigé un Centre d’études françaises et francophones, puis a quitté la Louisiane pour la New York University en 2001.

En 1999, Assia Djebar a été élue à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, puis en 2005, elle est entrée à l’Académie française, succédant à Georges Vedel. Assia Djebar n’est plus, mais elle laisse derrière elle une œuvre importante qu’il serait nécessaire de faire connaître et de donner à lire au grand nombre ; une œuvre qui

s’intéresse à l’émancipation des femmes et à l’histoire.

S. K.

Sources : “Petite encyclopédie de l’Algérie” d’Achour Cheurfi