Une commission conduite par un haut responsable de la DGSN aurait été dépêchée à Constantine, jeudi, depuis Alger, pour faire toute la lumière sur l’affaire des «supposés photographies» des deux «présumés assassins» de Haroun et Brahim, parues dans la presse et reprises par les facebookeurs.
Il en est de même pour le déroulement de l’instruction, dont des détails précis ont filtré alors que l’enquête n’est que dans sa première phase. Jeudi, soit le lendemain de l’enterrement de Brahim et Haroun, et au moment où tout Constantine était encore sous le choc, «des photographies du fichier judiciaire», supposées être des deux assassins, ont été publiées par un organe de presse. Les deux photographies montrant les deux présumés coupables, debout devant un tiroir de rangement, probablement dans un commissariat, ont été reprises et diffusées à grande échelle par les internautes via le réseau social Facebook. Par conséquent, les services en charge de l’enquête auraient été dessaisis de l’affaire. Il n’en demeure pas moins que la photo en question a été diffusée sur les réseaux sociaux la veille de leur publication par l’organe de presse incriminé qui aurait lui-même repris l’illustration depuis un site internet. Quelques heures après, des appels au lynchage des coupables, devant être présentés jeudi devant le procureur de la République d’El Khroub, ont envahi la toile.
La rumeur a fait le reste en l’absence d’informations officielles infirmant ou confirmant celles relayées par les réseaux sociaux. En effet, dans l’après-midi du jeudi, une foule en furie s’est rassemblée devant le tribunal d’El-Khroub où les coupables auraient été auditionnés par le procureur. Aussi un important dispositif sécuritaire a été déployé sur les artères principales de la ville et aux abords du tribunal. En outre, le jour même, des appels à une marche populaire qui devait s’ébranler de la gare routière vers le tribunal d’El-Khroub pour réclamer vengeance, justice ou encore «la pendaison publique» des assassins, ont fait le tour de la ville.
La marche n’a finalement pas eu lieu. Notons que les familles des deux présumés coupables, présentés comme des «pédophiles homosexuels récidivistes», auraient fui la ville, selon des proches. Elles seraient recherchées, affirme-t-on, par des personnes en colère. Par ailleurs, à la Nouvelle Ville Ali-Mendjeli, où un calme précaire régnait, les gens sont dans l’expectative. Hier vendredi, des affiches appelant à «un arrêt de toutes les activités professionnelles et commerciales durant une journée, le dimanche 17 mars», ont été placardées un peu partout dans la ville. «Pour préserver l’intégrité de nos enfants et en solidarité avec les familles des victimes, nous appelons tout le peuple algérien libre et responsable à marquer une journée de deuil pour dénoncer cet acte», lit-on dans le document non signé. Les imams ont axé, hier, leurs prêches du vendredi sur la tragédie et appelé les fidèles à la retenue et la sagesse tout en dénonçant les actes de vandalisme et de saccage, qui, selon eux, ne feront pas revenir les deux «anges» assassinés. Ceci au moment où un dispositif aussi impressionnant que dissuasif a été déployé à travers toute la ville de Constantine, Ali-Mendjeli et à El Khroub, la journée d’hier.
Farid Benzaïd