25 juin 1998, 18 juillet 2011. Plus de 13 ans après l’assassinat du chanteur Matoub Lounès, le procès de ses deux assassins présumés s’est ouvert lundi devant le tribunal criminel de Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger. Peu de temps après son ouverture, les avocats de la famille de Matoub ainsi que celui de la femme du chanteur se sont retirés. Le procès se poursuit.
Le juge du tribunal de Tizi Ouzou a refusé d’ajourner le procès en arguant que celui-ci concerne les assassins présumés du chanteur, Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui, et non le procès du chanteur.
La veuve du chanteur, Nadia, ses deux sœurs, Malika, la sœur ainsi que la mère de Matoub étaient présents ce matin au tribunal. Une foule nombreuse s’est également massée dans la salle d’audience pour assister à ce procès reporté à trois reprises en 2000, 2001 et 2008.
Interpellés une année après les faits, Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui, en prison depuis 12 ans, sont accusés d’avoir participé à l’attentat perpétré par un groupe de dix personnes, dont huit sont en fuite ou ont été tuées par les forces de sécurité.
Matoub Lounès, 42 ans, célèbre chanteur kabyle, a été abattu jeudi 25 juin 1998 au lieu-dit Tala Bouinane, à 5 km de Tizi-Ouzou. Le véhicule de l’artiste a été pris sous le feu d’un groupe armé posté en embuscades des deux côtés du chemin.
Blessé, Matoub avait été achevé d’une balle dans la tête tandis que les trois occupants, sa femme Nadia et ses deux belles-sœurs, furent grièvement blessés.
Son assassinat qui a provoqué des émeutes en Kabylie avait été revendiqué par les groupes islamistes armés mais ses fans accusent le pouvoir algérien d’être derrière son élimination.
La famille de Matoub reproche aux autorités d’avoir bâclé l’instruction et demande la convocation de 75 témoins dont la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et Said Saadi, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d’opposition) notamment pour avoir déclaré que l’attentat avait été perpétré par des islamistes.
Elle a également demandé que soit entendu Hassan Hattab, ex-chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a revendiqué l’assassinat en mai 1999. Hassan Hattab s’est rendu en octobre 2007 aux autorités et a été placé depuis en « lieu sûr ».
Si les avocats de partie se sont donc retirés, ceux des deux présumés assassins refusent que le procès soit ajourné.
« Nous allons demander l’acquittement car il n’existe aucune preuve matérielle de leur culpabilité », a déclaré la veille à l’AFP un de leurs avocats, Me Amine Sidhoum.
« Mieux encore, lors du complément d’enquête, il s’est avéré que sept témoins ont déclaré que les accusés ne se trouvaient pas sur les lieux du crime au moment des faits », a-t-il indiqué. « Le premier était chez lui et le second dans une poissonnerie », a poursuivi Me Sidhoum.
Avec AFP