La famille de l’avocat algérien assassiné en 1987 à Paris (France), Ali Mecili a décidé de faire appel de la décision d’un juge d’instruction parisien, qui a, le 17 novembre dernier, ordonné un non-lieu dans l’enquête sur cet assassinat.
Selon l’avocat de la famille, Me Antoine Comte, cité par l’Afp, « nous faisons appel de ce non-lieu. Il est hors de question qu’un crime politique commis en France reste impuni ».
Il a, dans le même sillage, déclaré que « ce non-lieu, prononcé le 17 novembre et conforme aux réquisitions du parquet de Paris, « rend peut-être service aux rapports franco-algériens mais c’est une honte pour la justice ».
Froid dans les relations algéro-françaises
Pour rappel, l’enquête avait rebondi en 2007 avec la délivrance par un précédent juge d’instruction de deux mandats d’arrêt internationaux dont l’un contre le diplomate algérien, Mohamed Ziane Hasseni, mis en examen ensuite comme témoin assisté.
Ce dernier avait été injustement arrêté à Marseille (France) en août 2008 en dépit de son statut diplomatique, mais avait finalement été mis hors de cause en août 2010 en obtenant un non lieu. Il était accusé à tord par un ancien officier félon des services secrets algériens, proche de la mouvance islamiste, réfugié en Allemagne. Mohamed Ziane Hasseni était en fait victime d’une homonymie et totalement blanchi par la justice française alors que son cas avait jeté un grand froid dans les relations algéro-françaises.
Procédure d’urgence
Le second mandat d’arrêt visait Abdelmalek Amellou, soupçonné d’être l’exécutant du crime. Arrêté et placé en garde à vue deux mois après l’assassinat, il avait été remis en liberté puis expulsé vers l’Algérie selon une procédure d’urgence décidée par le ministre de l’Intérieur de l’époque Charles Pasqua, une initiative très critiquée.
Dans cette affaire, un premier non-lieu avait été prononcé en 1992 mais la justice, saisie par la famille, avait ordonné la poursuite de l’enquête l’année suivante.
Ali Mecili faisait office de porte-parole d’Hocine Aït Ahmed, l’un des chefs historiques de l’indépendance algérienne et l’un des principaux opposants algériens à l’époque. Il était reconnu pour son rôle dans le rapprochement entre Aït Ahmed, chef de file du Front des forces socialistes (FFS) et Ahmed Ben Bella, premier président de l’Algérie.
Ali Mecili, un avocat de 47 ans exilé en France en 1965, avait été assassiné par balle le 7 avril 1987 dans le hall de son immeuble, dans le centre de Paris. Sa famille, notamment sa veuve, accuse le pouvoir algérien de l’époque d’être impliqué dans sa mort.