Assad affirme qu’il ne «s’inclinera pas»

Assad affirme qu’il ne «s’inclinera pas»

Bachar Al- Assad s’est dit prêt à combattre et à mourir s’il devait affronter des forces étrangères au moment où son pays s’expose à des sanctions économiques.

Neuf mois après le déclenchement d’une contestation sans précédent contre son régime ayant fait plus de 3500 morts, selon l’ONU, M.Assad reste inflexible en dépit de son isolement international croissant. Dans un entretien publié hier par l’hebdomadaire britannique The Sunday Times, le président syrien, au pouvoir depuis 2000, affirme qu’il ressent du chagrin à chaque goutte de sang versée, mais que son régime doit faire respecter la loi face à des bandes armées. «Mon rôle de président est dans l’action, pas dans des discours ou du chagrin», a-t-il déclaré. «La seule solution est (…) de chasser les bandes armées, d’empêcher l’entrée d’armes et de munitions depuis des pays voisins, d’empêcher le sabotage et de faire respecter la loi et l’ordre». Son régime ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation populaire qui secoue le pays depuis la mi-mars, et impute les violences à des groupes armés.

Alors qu’un ultimatum de la Ligue arabe sommant le régime de cesser la répression de la révolte a expiré samedi à minuit, le président Assad a accusé l’organisation panarabe de créer un «prétexte» à une intervention militaire occidentale qui provoquerait un «séisme» dans la région. Il a souligné que «la Syrie ne s’inclinera pas» en dépit des pressions croissantes de l’Occident et des Arabes et la multiplication des appels à son départ. Il s’est dit aussi «tout à fait» prêt à combattre et à mourir s’il devait affronter des forces étrangères – «cela va sans dire et c’est indéniable». Damas n’a pas officiellement répondu à la Ligue arabe qui lui avait donné mercredi trois jours pour cesser la répression des civils sous peine de sanctions économiques, après avoir suspendu la Syrie de ses travaux. Selon une source au sein de la Ligue arabe, le délai accordé au régime expirait samedi à minuit (22H00 GMT). Hier matin, au moins trois civils ont été tués par des tirs des forces de sécurité dans différentes localités du pays, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni. Samedi, le bilan des violences s’était élevé à 17 morts. Le président turc Abdullah Gül, dans un entretien hier au Sunday Telegraph, a assuré qu’il n’y avait «plus place pour des régimes autoritaires» tels que le régime syrien sur les bords de la Méditerranée. Après avoir tenté de raisonner la Syrie avec laquelle elle avait spectaculairement amélioré ses relations au cours des dernières années, la Turquie a durci le ton à l’égard de son voisin et soutient désormais l’opposition. Celle-ci, par la voix du Conseil national syrien (CNS), a annoncé hier un projet de programme politique ayant pour objectifs la chute du régime et la tenue d’élections d’une assemblée constituante à l’issue d’une période transitoire d’un an. Selon ce projet diffusé sur son site Internet, le CNS proclame que «la chute du régime syrien et de tous ses symboles est l’objectif de ce conseil qui représente la majeure partie des forces politiques, des groupes de l’opposition et des mouvements dirigeant la contestation». Une fois cet objectif atteint, le conseil «dirigera le pays avec l’institution militaire pendant la période transitoire afin de préserver l’unité et la sécurité du pays». «Un gouvernement temporaire sera formé et il sera chargé d’organiser des élections libres au bout d’un an sous une supervision arabe et internationale pour désigner une assemblée constituante avec pour mission d’élaborer une nouvelle Constitution», ajoute le texte. La nouvelle Constitution sera soumise à un référendum et, une fois adoptée, des élections législatives seront convoquées dans un délai de six mois. Le CNS, lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul, n’a été reconnu jusqu’à présent que par les nouvelles autorités libyennes.