Asma el-Assad reste sourde à l’appel à «arrêter son mari»

Asma el-Assad reste sourde à l’appel à «arrêter son mari»

Des épouses de diplomates ont adressé sous forme de vidéo une lettre ouverte à la femme du président syrien, l’appelant à se «battre pour la paix». Mais la première dame n’est pas près de défier son mari.

L’initiative est aussi noble que naïve. Désespérées par un an de répression sanglante en Syrie, les épouses des ambassadeurs britannique et allemand aux Nations unies ont réalisé un clip vidéo dans lequel elles appellentl’épouse du président Bachar el-Assad à «arrêter son mari».

Mise en ligne mardi, la vidéo qui avait été vue plus de 180.000 fois sur YouTube jeudi matin fait ressortir le contraste entre la vie luxueuse d’Asma el-Assad et des images d’enfants syriens morts ou blessés. Elle commence par une photo de la première dame montrant une femme élégante, très maquillée, portant des bijoux et des lunettes de soleil. «Certaines femmes se préoccupent de leur image, quand d’autres s’occupent des gens qui les entourent», dit une voix off tandis que la vidéo bascule sur des images d’une femme en détresse tenant un bébé dans ses bras. «Nous ne nous intéressons pas à votre image, mais à ce que vous faites», poursuit la voix, sur fond d’images de victimes de la répression.

Sheila Lyall Grant et Huberta von Voss-Wittig ont également lancé une pétition sur le site change.org demandant à Asma el-Assad, 36 ans, de cesser d’agir en «spectatrice» et de «faire entendre sa voix pour la paix et pour faire cesser le bain de sang». «C’est votre devoir d’empêcher une guerre civile, en tant que femme et en tant que mère», dit la pétition, qui avait recueilli jeudi quelque 18.000 signatures. «Vous n’avez que trop attendu. Agissez, maintenant!»

Un appel qui ne semble pas avoir particulièrement ébranlé la première dame, qui est apparue le lendemain à la télévision tout sourire aux côtés de son mari. Les images diffusées par la télévision d’État montrent l’arrivée triomphale du couple, acclamé par des partisans enthousiastes dans l’enceinte du stade al-Fahya de Damas, où ils ont aidé des centaines de volontaires à empaqueter de la farine, du sucre, de l’huile de cuisson et des pâtes pour les victimes des attaques «terroristes» à Homs.

Une «Marie-Antoinette» impuissante face au régime

Ce n’est pas la première fois que cette fille d’un éminent cardiologue de Londres, qui avait incarné pour beaucoup une promesse de modernisme, est critiquée pour son silence, voire sa complaisance. L’indignation avait d’ailleurs redoublé lorsque The Guardian avait publié en mars des courriels d’Asma qui dévoilaient notamment sa passion pour les achats en ligne. Alors que le bilan de la répression ne cessait de s’alourdir, on découvrait à travers sa correspondance une femme avant tout préoccupée par la livraison de ses quatre colliers «en turquoise et diamant jaune, en cornaline, en onyx noir et en améthyste avec des diamants», et qui plaisantait même en se décrivant comme «le vrai dictateur du couple».

Mais quand bien même celle qui est de plus en plus surnommée «Marie-Antoinette» désapprouverait dans son for intérieur la politique de son mari, peut-on vraiment croire qu’elle aurait de l’influence sur lui? «Elle n’a pas de marge de manœuvre au sein du système. Elle ne peut ni communiquer, encore moins sortir du pays», confiait récemment au Figaro l’ancien diplomate Ignace Leverrier.

«Asma n’a jamais eu de vrai rôle ou d’influence, assure Rime Allaf, spécialiste de la Syrie dans le think-tank Chatham House. On ne peut pas savoir ce qui se passe dans sa tête mais une chose est sûre: elle soutiendra le régime. Le régime n’a pas mal tourné après qu’elle a épousé Bachar el-Assad. Elle savait qui elle épousait et quelle était la nature du régime depuis le début.»