C’est devenu, malheureusement, une tradition ancrée dans les us et coutumes de chaque citoyen, surtout pour les plus démunis, de se creuser les méninges pour faire face aux exigences de chaque événement social ou religieux censé pourtant être marqué du sceau de la solidarité, et de la piété.
Cette année encore, le scénario classique revient au galop à l’approche du mois sacré du Ramadhan qui s’achèvera par une deux autres journées de fête de l’Aïd El Fitr encore plus éprouvantes pour les familles et leurs portefeuilles, notamment pour celles ayant de nombreux enfants.
De coutume, pour accueillir et honorer ce mois de carême et lui donner la dimension de respect et de considération qu’il mérite, on procède à des rafraichissements et des remises en l’état des domiciles pour, selon la tradition ancestrale, «jeuner dans de meilleures conditions».
Dans ce contexte, la préparation des familles pour recevoir ce mois de jeûne a commencé très tôt en multipliant toutes les acrobaties possibles pour économiser et joindre les deux bouts. Ainsi, les premiers coups de sommation sont annoncés avec fracas. Sans crier gare, les prix des fruits et légumes et de certains produits de large consommation commencent à flamber progressivement annonçant un chaud Ramadhan aussi bien sur le plan climatique que celui du nerf de la guerre.
Aussi, les produits de première nécessité, surtout ceux, quotidiennement, consommés en ce mois sacré, connaissent une envolée sans précédent, au grand dam des couches sociales démunies de la population qui doivent faire face aux exigences victuailles de ce mois de piété sans parler, à la fin de ce mois béni du parcours du combattant pour l’inévitable préparation des gâteaux traditionnels, des habits neufs de l’Aïd El Fitr et de la rentrée scolaire avec tous ses achats d’articles made in China qui inonderont le marché.
Des hausses qui ne répondent à aucune logique
Certains grossistes avancent que cet état de tension a commencé à prendre forme très tôt pour obliger le consommateur, malgré lui et qui reste sujet à une hantise inexpliquée, à stocker les denrées et créer ainsi un climat de psychose. D’autres grossistes ont attribué cette hausse des prix surprenante à l’échec flagrant des secteurs concernés à entreprendre des mesures coercitives à l’encontre des fraudeurs et autres gros bonnets des mercuriales dans le but de maitriser et d’organiser les lieux publics de vente et du commerce.
D’autres, par contre, avancent solennellement que d’ici peu, certains produits de large consommation vont commencer à se raréfier suite aux multiples coups bas bien étudiés opérés par les barons du commerce informel pour les remettre sur le marché aux moments névralgiques de crises qu’ils génèrent à leur guise à tout moment. Contraignant de fait le consommateur à abdiquer pour accepter les prix soumis qui dépassent tout entendement.
Les prix des viandes surgelées, censées donner une bouffée d’oxygène durant ce mois du carême et le poulet qui garnit habituellement la table du citoyen moyen et démuni ont déjà grimpé aux cimes sans parler des nouveaux tarifs qui vont monter à fur et à mesure.
Pourtant, à l’approche de chaque Ramadhan, on annonce haut et fort et à grande fanfare l’importation de grandes quantités de viandes surgelées afin de satisfaire le marché local et barrer la route aux suceurs de sang qui pullulent dans les rouages du commerce informel, mais réellement, qui en profitent?
Le pauvre père de famille, nullement protégé et livré à lui-même, qui n’est pas en mesure de relever le défi des événements majeurs du Ramadhan et de l’Aïd El Fitr qui sont à nos portes, doit se préparer à relever celui de la rentrée scolaire qui courbera, une fois de plus, son échine.
Le jour de la fêté, devant l’image des enfants vêtus de neuf, souriants et joyeux, les embrassades et les étreintes des membres de la famille et des voisins et de l’ambiance de convivialité et de joie qui règne, tous les soucis, contrariétés et déceptions disparaitront laissant place aux joies de l’Aïd.
D.Cherif